connaissance, tandis que son frêle kayak, abandonné,devenait le jouet du vent et des flots !

Que se passa-t-il alors ? Elle ne put le dire, ayantperdu connaissance. Combien de temps erra-t-elle ainsi,à l’aventure, comme une épave ? Elle ne le savait, et nerevint au sentiment que lorsque son kayak, brusquementchoqué, s’ouvrit sous elle.

Kalumah fut plongée dans l’eau froide dont lafraîcheur la ranima, et quelques instants plus tard, unelame la jetait mourante sur une grève de sable.

Cela s’était fait dans la nuit précédente, à peu prèsau moment où l’aube apparaissait, c’est-à-dire de deuxà trois heures du matin.

Depuis le moment où Kalumah s’était précipitéedans son embarcation jusqu’au moment où cetteembarcation fut submergée, il s’était donc écoulé plusde soixante-dix heures !

Cependant, la jeune indigène, sauvée des flots, nesavait sur quelle côte l’ouragan l’avait portée. L’avait-ilramenée au continent ? L’avait-il dirigée, au contraire,sur cette île qu’elle poursuivait avec tant d’audace ?Elle l’espérait. Oui ! elle l’espérait ! D’ailleurs, le ventet le courant avaient dû l’entraîner au large et non larepousser à la côte !

Cette pensée la ranima. Elle se releva et, toute

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