Grâce à elle, il nous sera aisé d’atteindre lesétablissements du fort Michel dans le golfe de Norton,soit même, beaucoup plus au sud, la ville de New-Arkhangel, où nous achèverons de passer l’hiver.
– Pauvre fort Espérance ! dit Mrs. Paulina Barnett.Construit au prix de tant de fatigues, et si heureusementcréé par vous, monsieur Jasper ! Cela me brisera lecœur de l’abandonner sur cette île, au milieu de ceschamps de glace, de le laisser peut-être au-delà del’infranchissable banquise ! Oui ! quand nous partirons,mon cœur saignera, en lui donnant le dernier adieu !
– Je n’en souffrirai pas moins que vous, madame,répondit le lieutenant Hobson, et peut-être plus encore !C’était l’œuvre la plus importante de ma vie ! J’avaismis toute mon intelligence, toute mon énergie à établirce fort Espérance, si malheureusement nommé, et je neme consolerai jamais d’avoir été forcé del’abandonner ! Puis, que dira la Compagnie, qui m’avaitconfié cette tâche, et dont je ne suis que l’humble agent,après tout !
– Elle dira, monsieur Jasper, s’écria Mrs. PaulinaBarnett avec une généreuse animation, elle dira quevous avez fait votre devoir, que vous ne pouvez pas êtreresponsable des caprices de la nature, plus puissantepartout et toujours que la main et l’esprit de l’homme !Elle comprendra que vous ne pouviez prévoir ce qui est
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