– Sans doute, madame, répondit le lieutenant, maissi la neige tombe, c’est que la température auraremonté, et si elle remonte, le champ de glace sedisloquera encore. C’est là un dilemme dont les deuxconséquences sont contre nous !

– Voyons, monsieur Jasper, dit Mrs. PaulinaBarnett, il faut avouer que ce serait singulièrementjouer de malheur, si nous subissions, dans l’endroit oùnous sommes, en plein Océan polaire, un hiver tempéréau lieu d’un hiver arctique.

– Cela s’est vu, madame, cela s’est vu. Je vousrappellerai, d’ailleurs, combien la saison froide quenous avons passée sur le continent américain a été rude.Or, on l’a souvent observé, il est rare que deux hivers,identiques en rigueur et en durée, succèdent l’un àl’autre, et les baleiniers des mers boréales le saventbien. Certainement, madame, ce serait jouer demalheur ! Un hiver froid, quand nous nous serions sibien contentés d’un hiver modéré, et un hiver modéréquand il nous faudrait un hiver froid ! Il faut avouer quenous n’avons pas été heureux jusqu’ici ! Et quand jesonge que c’est une distance de six cents milles qu’ilfaudra franchir avec des femmes, un enfant ! »

Et Jasper Hobson, étendant la main vers le sud,montrait l’espace infini qui s’étendait devant ses yeux,vaste étendue blanche, capricieusement découpée

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