ce sol sur lequel il avait organisé son campementquelques frémissements de mauvais augure quiindiquaient un manque de cohésion dans toutes lesparties de l’icefield. Il lui parut évident que l’immensechamp de glace n’était pas cimenté dans toutes sesportions, d’où cette conséquence que d’énormesentailles devaient le couper en maint endroit, et c’étaitlà une circonstance extrêmement fâcheuse, puisque cetétat de choses rendait incertaine toute communicationavec la terre ferme. D’ailleurs, avant son départ, lelieutenant Hobson avait fort bien observé que ni lesanimaux à fourrures, ni les carnassiers de l’île Victorian’avaient abandonné les environs de la factorerie, et sices animaux n’avaient pas été chercher pour l’hiver demoins rudes climats dans les régions méridionales, c’estqu’ils eussent rencontré sur leur route certains obstaclesdont leur instinct leur indiquait l’existence. JasperHobson, en faisant cette tentative de rapatrier la petitecolonie, en se lançant à travers le champ de glace, avaitagi sagement. C’était une tentative à essayer, avant lafuture débâcle, quitte à échouer, quitte à revenir sur sespas, et, en abandonnant le fort, Jasper Hobson n’avaitfait que son devoir.

Le lendemain, 23 novembre, le détachement ne putpas même s’avancer de dix milles dans l’est, car lesdifficultés de la route devinrent extrêmes. L’icefieldétait horriblement convulsionné, et l’on pouvait même

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