l’enfant du fort, l’enfant de troupe, l’enfant durégiment ! Il était né sous ce rude climat, au milieu deces braves gens ! Ils l’avaient nommé Michel-Espérance, et ils le regardaient, parmi tant d’épreuves,comme un talisman que le ciel ne voudrait pas leurenlever ! Quant à Kalumah, on peut croire qu’elle seraitmorte de la mort de cet enfant ; mais le petit Michelrevint peu à peu à la santé, et il sembla qu’il ramenaitl’espoir avec lui.
On était arrivé ainsi, au milieu de tant d’inquiétudes,au 23 janvier. La situation de l’île Victoria ne s’étaitmodifiée en aucune façon. L’interminable nuit couvraitencore la mer polaire. Pendant quelques jours, uneneige abondante tomba et s’entassa sur le sol de l’île etsur le champ de glace à une hauteur de deux pieds.
Le 27, le fort reçut une visite assez inattendue. Lessoldats Belcher et Pen, qui veillaient sur le front del’enceinte, aperçurent, dans la matinée, un oursgigantesque qui se dirigeait tranquillement du côté dufort. Ils rentrèrent dans la salle commune, et signalèrentà Mrs. Paulina Barnett la présence du redoutablecarnassier.
« Ce ne peut être que notre ours ! » dit Mrs. PaulinaBarnett à Jasper Hobson, et tous les deux, suivis dusergent, de Sabine et de quelques soldats armés de fusil,ils gagnèrent la poterne.
565