Behring. Kalumah, au moyen d’un petit morceau debois, avait figuré sur le sable la disposition du détroit,afin de se mieux faire comprendre, et, après en avoirtracé la direction, elle montrait que l’île, en le suivant,se rapprocherait de la côte américaine. Aucuneobjection ne put ébranler son idée à cet égard, et,vraiment, on se sentait presque rassuré en écoutantl’intelligente indigène s’expliquer d’une manière siaffirmative.

Cependant, les journées du 8, du 9 et du 10 avrilsemblèrent donner tort à Kalumah. La portionseptentrionale de la banquise s’éloigna de plus en plusvers le nord. La débâcle s’opérait à grand bruit et surune vaste échelle. La dislocation se manifestait sur tousles points du littoral avec un fracas assourdissant. Ilétait impossible de s’entendre en plein air. Desdétonations retentissaient incessamment, comparablesaux décharges continues d’une formidable artillerie. Àun demi-mille du rivage, dans tout le secteur dominépar le cap Bathurst, les glaçons commençaient déjà às’élever les uns sur les autres. La banquise s’était alorscassée en morceaux nombreux, qui faisaient autant demontagnes et dérivaient vers le nord. Du moins, c’étaitle mouvement apparent de ces icebergs. Le lieutenantHobson, sans le dire, était de plus en plus inquiet, et lesaffirmations de Kalumah ne parvenaient pas à lerassurer. Il faisait des objections, auxquelles la jeune

598