brouillard intense enveloppa bientôt tous ces parages dela mer Arctique, mais ce n’était point un brouillardordinaire. Le sol se recouvrit, à sa surface, d’une croûteblanche, très distincte de la gelée, – celle-ci n’étantqu’une vapeur aqueuse qui se congèle après saprécipitation. Les particules très déliées quicomposaient ce brouillard s’attachaient aux arbres, auxarbustes, aux murailles du fort, à tout ce qui faisaitsaillie, et y formaient bientôt une couche épaisse, quehérissaient des fibres prismatiques ou pyramidales, dontla pointe se dirigeait du côté du vent.
Jasper Hobson reconnut alors ce météore dont lesbaleiniers et les hiverneurs ont souvent notél’apparition, au printemps, dans les régions polaires.
« Ce n’est point un brouillard, dit-il à sescompagnons, c’est un « frost-rime », une fumée-gelée,une vapeur dense, qui se maintient dans un état completde congélation. »
Mais, brouillard ou fumée-gelée, l’apparition de cemétéore n’en était pas moins regrettable, car il occupaitune hauteur de cent pieds, au moins, au-dessus duniveau de la mer, et telle était sa complète opacité que,placées à trois pas l’une de l’autre, deux personnes nepouvaient s’apercevoir.
Le désappointement des hiverneurs fut grand. Ilsemblait que la nature ne voulût leur épargner aucun
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