comprise entre le cap Bathurst et l’ancien port. Il faisaitun beau temps. La température était chaude. Depuisbien des jours déjà, il n’existait plus trace de neige à lasurface de l’île. Seuls, les glaçons que la banquise yavait entassés dans sa partie septentrionale rappelaientl’aspect polaire de ces climats. Mais ces glaçons sedissolvaient peu à peu, et de nouvelles cascadess’improvisaient chaque jour au sommet et sur les flancsdes icebergs. Certainement, avant peu, le soleil auraitfondu ces dernières masses agglomérées par le froid.

C’était un curieux aspect que celui de l’île Victoria !Des yeux moins attristés l’eussent contemplé avecintérêt. Le printemps s’y déclarait avec une forceinaccoutumée. Sur ce sol, ramené à des parallèles plusdoux, la vie végétale débordait. Les mousses, les petitesfleurs, les plantations de Mrs. Joliffe se développaientavec une véritable prodigalité. Toute la puissancevégétative de cette terre, soustraite aux âpretés duclimat arctique, s’épanchait au-dehors, non seulementpar la profusion des plantes qui s’épanouissaient à sasurface, mais aussi par la vivacité de leurs couleurs. Cen’étaient plus ces nuances pâles et noyées d’eau, maisdes tons chauds, colorés, dignes du soleil qui leséclairait. Les diverses essences, arbousiers ou saules,pins ou bouleaux, se couvraient d’une verdure sombre.Leurs bourgeons éclataient sous la sève échauffée à decertaines heures par une température de 68° Fahrenheit

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