aventurer sans nécessité, car il suffisait d’un fortmouvement de la mer pour détacher cette importantepartie du territoire de l’île.
Cependant, on fit pratiquer des sondages surplusieurs points, afin de connaître ceux qui présentaientle plus de résistance à la dissolution par suite de leurépaisseur. On reconnut que cette épaisseur était plusconsidérable précisément aux environs du cap Bathurst,sur l’emplacement de l’ancienne factorerie, non pasl’épaisseur de la couche de terre et de sable – ce quin’eût point été une garantie –, mais bien l’épaisseur dela croûte de glace. C’était, en somme, une heureusecirconstance. Ces trous de sondage furent tenus libres,et chaque jour on put constater ainsi la diminution quesubissait la base de l’île. Cette diminution était lente,mais, chaque jour, elle faisait quelques progrès. Onpouvait estimer que l’île ne résisterait pas troissemaines encore, en tenant compte de cette circonstancefâcheuse, qu’elle dérivait vers des eaux de plus en pluséchauffées par les rayons solaires.
Pendant cette semaine, du 19 au 25 mai, le temps futfort mauvais. Une tempête assez violente se déclara. Leciel s’illumina d’éclairs et les éclats de la foudreretentirent. La mer, soulevée par un grand vent du nord-ouest, se déchaîna en hautes lames qui fatiguèrentextrêmement l’île. Cette houle lui donna même
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