de sapins isolés qui avaient résisté à la tourmente. Dansces faits, il y avait des symptômes de décompositionqu’on ne pouvait méconnaître, mais contre lesquelsl’intelligence humaine était impuissante. Le lieutenantHobson, Mrs. Paulina Barnett, le sergent, tous voyaientbien que leur île éphémère s’en allait peu à peu, tous lesentaient, – sauf peut-être Thomas Black, sombre,muet, qui semblait ne plus être de ce monde.
Pendant la tempête, le 23 mai, le chasseur Sabine,en quittant son logement, le matin, par une brume assezépaisse, faillit se noyer dans un large trou qui s’étaitcreusé dans la nuit. C’était sur l’emplacement occupéautrefois par la maison principale de la factorerie.
Jusqu’alors, cette maison, ensevelie sous la couchede terre et de sable, et aux trois quarts engloutie, on lesait, paraissait être fixée à la croûte glacée de l’île.Mais, sans doute, les ondulations de la mer, choquantcette large crevasse à sa partie inférieure, l’agrandirent,et la maison, chargée de ce poids énorme des matièresqui formaient autrefois le cap Bathurst s’abîmaentièrement. Terre et sable se perdirent dans ce trou, aufond duquel se précipitèrent les eaux clapoteuses de lamer.
Les compagnons de Sabine, accourus à ses cris,parvinrent à le retirer de cette crevasse, pendant qu’ilétait encore suspendu à ses parois glissantes, et il en fut
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