fit un demi-tour sur elle-même. Les icebergs, restes del’énorme banquise qui la bornaient au nord, furent parce changement reportés au sud.

Au matin, les naufragés, – ne peut-on leur donner cenom ? – virent le soleil se lever du côté du capEsquimau et non plus sur l’horizon du port Barnett.

Là, se dressaient les icebergs, bien diminués par ledégel, mais considérables encore, qui poussaient l’île.De ce point, ils masquaient une grande partie del’horizon.

Quelles allaient être les conséquences de cechangement d’orientation ? Ces montagnes de glacen’allaient-elles pas se séparer de l’île errante, puisqueaucun ciment ne les liait à elle ?

Chacun avait le pressentiment d’un nouveaumalheur, et chacun comprit ce que voulait dire le soldatKellet, qui s’écria :

« Avant ce soir, nous aurons perdu notre hélice ! »

Kellet voulait dire par là que les icebergs, à présentqu’ils n’étaient plus à l’arrière, mais à l’avant de l’île,ne tarderaient pas à se détacher. C’étaient eux, en effet,qui lui imprimaient cette excessive vitesse, parce que,pour chaque pied dont ils s’élevaient au-dessus duniveau de la mer, ils en avaient six ou sept au-dessous.Ainsi plongés, dans le courant sous-marin, ce courant

653