émigrèrent vers le sud, là où ils devaient rencontrer lespremières terres des Aléoutiennes qui leur offraient unabri sûr. Ce départ fut observé et remarqué par Mrs.Paulina Barnett, et Madge, qui erraient, à ce moment,sur le littoral. Elles en tirèrent un fâcheux pronostic.

« Ces oiseaux trouvent sur l’île une nourrituresuffisante, dit Mrs. Paulina Barnett et cependant ils s’envont ! Ce n’est pas sans motif, ma pauvre Madge !

– Oui, répondit Madge, c’est leur intérêt qui lesguide. Mais s’ils nous avertissent, nous devons profiterde l’avertissement. Je trouve aussi que les autresanimaux paraissent être plus inquiets que de coutume. »

Ce jour-là, Jasper Hobson résolut de fairetransporter sur le radeau la plus grande partie des vivreset des effets de campement. Il fut décidé aussi que toutle monde s’y embarquerait.

Mais, précisément, la mer était mauvaise, et surcette petite Méditerranée, formée maintenant par leseaux mêmes de Behring à l’intérieur du lagon, toutesles agitations de la houle se reproduisaient et mêmeavec une grande intensité. Les lames, enfermées danscet espace relativement restreint, heurtaient le rivageaccore, et s’y brisaient avec fureur. C’était comme unetempête sur ce lac, ou plutôt sur cet abîme profondcomme la mer environnante. Le radeau étaitviolemment agité, et de forts paquets d’eau y

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