Pseaulme Dixneufviesme à ung verset pour couplet à chanter
Coeli enarrant gloriam Dei.
Argument : Il monstre, par le merveilleux ouvraige des
cieulx, combien Dieu est puissant : loue et exalte la loy
divine : et en fin prie le seigneur qu'il le preserve de
peché, affin de luy estre agreable. Pseaulme pour faire contempler
la puissance et bonté de Dieu.
Les cieulx, en chascun lieu;
La puissance de Dieu
Racomptent aux humains :
Ce grand entour espars
Nonce de toutes pars
L'ouvrage de ses mains.
Jour apres jour coulant
Du Seigneur va parlant
Par longue experience :
La nuict, suyvant la nuict,
Nous presche, et nous instruict
De sa grand'sapience.
Et n'y a nation,
Langue, prolation,
Tant soit d'estranges lieux,
Qui n'oyt bien le son,
La maniere, et façon
Du langage des cieulx.
Leur tour par tout s'estend,
Et leur propos s'entend
Jusques au bout du monde :
Dieux en eulx a posé
Palays bien composé
Au Soleil clair, et munde.
Dont il sort ainsi beau
Comme ung espoux nouveau
De son paré pourpris :
Semble ung grand prince à veoir,
S'esgayant pout avoir
D'une course le pris.
D'ung bout des cieulx il part,
Et attaint l'aultre part
En ung jour, tant est viste :
Oultre plus, n'y a rien
En ce val terrien
Qui sa chaleur evite.
La tresentiere Loy
De Dieu souverain Roy,
Vient l'âme restaurant :
Son tesmoignage seur,
Sapience en doulceur
Monstre à l'humble ignorant.
D'icelluy Roy des Roys
Les mandements sont droicts,
Et joye au cueur assignent :
Les Commandements sainctz
De Dieu sont purs, et sains,
Et les yeulx illuminent.
L'obeissance à luy
Est ung tressainct appuy
A perpetuité :
Dieu ne faict jugement,
Qui veritablement
Ne soit plein d'equité.
Ces choses sont encor
Plus desirables qu'or,
Fust ce fin or de touche :
Et en ung cueur sans fiel,
Sont plus doulces que miel,
Ne pain de miel en bouche.
Qui servir te vouldra,
Par ces poinctz apprendra
A ne se forvoyer :
Et en les observant,
En aura le servant
Grand, et riche loyer.
Mais où se trouvera
Qui ses faultes sçaura
Nombrer, penser, ne dire ?
Las de tant de pechés,
Qui me sont touts cachés,
Purge moy, trescher Sire :
Aussi des grands forfaictz
Temerairement faictz,
Soit ton serf relasché,
Qu'ilz ne regnent en moy :
Si seray hors d'esmoy,
Et net de grand peché.
Ma bouche prononcer,
Ne mon cueur rien penser
Ne puisse, qui ne plaise
A toy, mon deffendeur,
Saulveur, et amendeur
De ma vie maulvaise.