Pseaulme Cent troiziesme
Benedic anima mea Domino, et omnia.
Argument : Il chante les grandes et diverses bontez de Dieu
envers les hommes, puis invite, et eulx, et toutes choses créées à
luy donner louenges, et gloire. Pseaulme qui enseigne à congnoistre
Dieu et soy mesmes.
Sus louez Dieu mon âme en toute chose,
Et tout cela, qui dedans moy repose,
Louez son Nom tressainct, et accomply :
Presente à Dieu louanges, et services,
O toy mon âme : et tant de benefices
Qu'en as receu ne les metz en oubly :
Ains le beneis, luy qui de pleine grâce
Toutes tes grands iniquités efface,
Et te guerit de toute infirmité.
Luy, qui rachepte, et retire ta vie
D'entre les dentz de mort pleine d'envie,
T'environnant de sa benignité :
Luy, qui de biens, à souhait, et largesse,
Emplit ta bouche en faisant ta jeunesse
Renouveller, comme à l'Aigle royal.
C'est le Seigneur, qui tousjours se recorde
Rendre le droict, par sa misericorde,
Aux oppressés, tant est Juge loyal.
A Moyses, de peur qu'on ne forvoye,
Manifester voulut sa droicte voye,
Et aux Enfantz d'Israel ses haultz faictz.
C'est le Seigneur enclin à pitié doulce,
Prompt à mercy, et qui tard se courrouce :
C'est en bonté le parfaict des parfaictz.
Il est bien vray, quand par nostre inconstance
Nous l'offensons, qu'il nous menace, et tance :
Mais point ne tient son cueur incessamment,
Selon noz maulx point ne nous faict : mais certes
Il est si doulx, que selon noz dessertes
Ne nous veult pas rendre le chastiment.
Car à chacun, qui craint luy faire faulte,
La bonté sienne il demonstre aussi haulte
Comme sont haultz sur la terre les cieulx :
Aussi loing qu'est la part Orientalle
De l'Occident, à la distance esgalle
Loing de nous met touts nos faictz vicieux.
Comme aux Enfants est piteux ung bon pere,
Ainsi (pour vray)à qui luy obtempere,
Le Seigneur est de doulce affection :
Car il congnoist dequoy sont faictz les hommes,
Il sçayt tresbien, helas, que nous ne sommes
Rien, sinon pouldre, et putrefaction.
A herbe, et foin semblent les jours de l'homme :
Par quelcque temps il fleurit, ainsi comme
La fleur des champs, qui nutriment reçoit.
Puis en sentant d'ung froid vent la venue,
Tourne à neant, tant que plus n'est congneue
Du lieu auquel n'agueres fleurissoit.
Mais la mercy de Dieu est eternelle
A qui le craint : et trouveront en elle
Les filz des filz justice, et grand'bonté :
J'entends ceulx là qui son contract observent,
Et qui sa Loy en memoyre reservent,
Pour accomplir sa saincte voulunté.
Dieu a basty (sans qui bransle, n'empire)
Son Throsne aux cieulx : et dessoubs son Empire
Touts aultres sont et submys, et ployés.
Or louez Dieu Anges de vertu grande,
Anges de luy, qui tout ce qu'il commande
Faictes si tost que parler vous l'oyez.
Beneissez Dieu tout son bel exercite,
Ministres siens, qui de son vueil licite
Executer ne fustes oncq oyseux.
Touts ses haultz faictz en chascun sien Royaulme
Beneissez Dieu : et pour clorre mon Pseaulme,
Louez le aussi mon âme avecques eulx.