Pseaulme Cinquantiesme
Deus deorum dominus locutus est
Argument : Il prophetise comment Dieu debvoit appeller à soy
toutes nations par l'evangille et ne demander aux siens pour tous
sacrifices sinon confession et predication de sa bonté, detestant
ceulx qui se vantent d'observer sa religion sans que leur cueur
soit touché de zele ne d'amour en luy.
Le Dieu, le fort, l'Eternel parlera,
Et hault, et clair la terre appellera,
De l'Orient jusques à l'Occident.
Devers Syon Dieu clair, et evident
Apparoistra, orné de beaulté toute :
Nostre grand Dieu viendra, n'en faictes doubte,
Ayant ung feu devorant devant luy,
D'ung vehement tourbillon circuy.
Lors huchera et terre, et ciel luysant,
Pour juger là tout son peuple, en disant :
Assemblez moy mes sainctz, qui par fiance
Sacrifiants ont prins mon alliance,
(Et vous les cieulx, direz en tout endroit
Son jugement, car Dieu est Juge droit)
Entends mon peuple, et à toy parleray,
Ton Dieu je suis, rien ne te celeray :
Par moy reprins ne seras des offrandes
Qu'en sacrifice ay voulu que me rendes,
Je n'ay besoing prendre en nulle saison
Bouc de tes parcs, ne Boeuf de ta maison :
Touts animaulx des boys sont de mes biens,
Mille trouppeaulx en mille monts sont miens,
Miens je congnoys les Oyseaulx des montaignes,
Et Seigneur suis du bestail des campaignes :
Si j'avoys faim, je ne t'en diroys rien,
Car à moy est le monde, et tout son bien.
Suis je mangeur de chair de gros Taureaux ?
Ou boy je le sang de Boucz, ou de
Chevreaux ?
A l'Eternel louange sacrifie,
Au Souverain rends tes voeux, et t'y fie :
Invocque moy, quand oppressé seras,
Lors t'aideray, puis honneur m'en feras.
Aussi dira l'Eternel au meschant,
Pourquoy va tu mes editz tant preschant,
Et prens ma Loy en ta bouche maline,
Veu que tu as en hayne discipline,
Et que mes dictz jectes, et ne reçoys ?
Si ung larron d'adventure apperçoys,
Avecq luy cours : car aultant que luy vaux,
T'accompaignant de paillards, et ribaux :
Ta bouche metz à mal, et mesdisances,
Ta langue brasse et fraudes, et nuisances,
Causant assis pour ton prochain blasmer,
Et pour ton frere, ou cousin diffamer :
Tu fays ces maulx, et ce pendant que riens
Je ne t'en dy, tu m'estimes, et tiens
Semblable à toy : mais, quoy que tard le face,
T'en reprendray quelcque jour à ta face.
Or entendez cela, je vous supply,
Vous, qui mectez l'Eternel en oubly,
Que sans secours ne soyez tous deffaictz.
Sacrifiant louange, honneur me fays,
Dit le Seigneur, et qui tient ceste voye,
Doubter ne fault que mon salut ne voye.