Pseaulme Septantedeuxiesme
Deus judicium tuum regi da
Argument : Il prie que le regne de Dieu advienne par
Jesuchrist prophetisant l'estendue, l'equité, felicité et longue
durée d'icelluy regne, le tout soubz la figure de celluy de
Salomon.
Tes jugements, Dieu veritable,
Baille au Roy pour regner,
Vueilles ta justice equitable
Au filz du Roy donner.
Il tiendra ton peuple en justice,
Chassant iniquité :
A tes paovres sera propice,
Leur gardant equité.
Les peuples verront aux montaignes
La paix croistre, et meurir,
Et par coustaux, et par campaignes,
La justice fleurir.
Ceulx du peuple, estants en destresse,
L'auront pour deffenseur :
Les paovres gardera d'oppresse,
Reboutant l'oppresseur.
Aussi ung chascun, et chascune,
O Roy, t'honnorera,
Sans fin, tant que Soleil, et Lune,
Au monde esclairera.
Il vient comme pluye agreable
Tombant sur prés fauchés,
Et comme rosée amiable
Sur les terroirs sechés :
Luy regnant, fleuriront par voye
Les bons, et gracieux
En longue paix, tant qu'on ne voye
De Lune plus aux cieulx.
De l'une mer large, et profonde
Jusques à l'aultre mer,
D'Euphrates, jusqu'au bout du monde,
Roy se fera nommer.
Ethiopes viendront grand erre
Se cliner devant luy,
Ses hayneux baiseront la terre,
A l'honneur d'icelluy.
Roys d'Isles, et de la mer creuse,
Viendront à luy presents,
Et Roys d'Arabie l'heureuse,
Pour luy faire presents.
Touts aultres Roys viendront, sans doubte,
A luy s'humilier,
Et le vouldra nation toute
Servir, et supplier.
Car delivrance il donra bonne
Au paovre à luy pleurant,
Et au chetif, qui n'a personne,
Qui luy soit secourant.
Aux calamiteux, et pleurables,
Sera doulx, et piteux,
Saulvant les vies miserables
Des paovres souffreteux.
Les gardera de violence,
Et dol pernicieux,
Ayant leur sang, par sa clemence,
Moult cher, et precieux.
Chascun vivra, l'Or Arabicque
A touts departira,
Dont, sans fin, Roy tant magnificque,
Par tout on beneira.
De peu de grains, force blé : somme,
Les espis chascun an
Sur les monts bruyront en l'air, comme
Les arbres de Liban.
Fleurira la tourbe civile
Des bourgeoys, et marchants,
Multipliants dedans la ville,
Comme herbe par les champs.
Sans fin bruyra le Nom, et gloyre
De ce Roy nompareil,
De son renom sera memoyre
Tant qu'y aura Soleil.
Toutes nations, asseurées
Soubz Roy tant valeureux,
S'en yront vantant bienheurées,
Et le diront heureux.
Dieu, le Dieu des Israelites,
Qui sans secours d'aulcun
Faict des merveilles non petites
Soit loué de chascun.
De sa gloyre tresaccomplie
Soit loué le renom,
Soit toute la terre remplie
Du hault loz de son Nom.
Amen.