Pseaulme Nonante et uniesme
Qui habitat in adjutorio altissimi
Argument : Le prophete chante en quelle seureté vit et de
combien de maulx est exempté celluy qui d'une ferme fiance se
soubmet du tout à Dieu.
Qui en la garde du hault Dieu
Pour jamais se retire,
En umbre bonne, et en fort lieu
Retiré se peult dire.
Concluz doncq en l'entendement,
Dieu est ma garde seure,
Ma haulte tour, et fondement,
Sur lequel je m'asseure :
Car du subtil laqs des chasseurs,
Et de toute l'oultrance
Des pestiferes oppresseurs,
Te donra delivrance.
De ses plumes te couvrira,
Seur seras soubz son aesle,
Sa deffense te servira
De targe, et de rondelle,
Si que de nuict ne craindras point
Chose qui espouvante,
Ne dard ne sagette qui poingt,
De jour en l'air vollante.
N'aulcune peste cheminant
Lors qu'en tenebres sommes,
Ne mal soubdain exterminant
En plein midy les hommes.
Quant à ta dextre il en cherroit
Mille, et mille à senestre,
Leur mal de toy n'approcheroit,
Quelcque mal que puisse estre :
Ains, sans effroy, devant tes yeulx
Tu les verras deffaire,
Regardant les pernicieux
Recevoir leur salaire.
Et tout, pour avoir dict à Dieu,
Tu es la garde mienne,
Et d'avoir mis en si hault lieu
La confiance tienne.
Malheur ne te viendra chercher,
Tien le pour chose vraye,
Et de ta maison approcher
Ne pourra nulle playe.
Car il fera commandement
A ses Anges tresdignes,
De te garder songneusement,
Quelcque part que chemines.
Par leurs mains seras soubzlevé,
Affin que d'adventure
Ton pied ne choppe, et soit grevé
Contre la pierre dure.
Sur Lyonceaux, et sur Aspics,
Sur Lyons pleins de rage,
Et sur Dragons, qui vallent pis,
Marcheras sans dommage.
Car voicy, que Dieu dict de toy
D'ardante amour m'honnore :
Garder, et secourir le doy,
Car mon Nom il adore.
S'il m'invocque, l'exaulceray :
Aussi pour le deffendre
En mal temps avecq luy seray :
A son bien veulx entendre,
Et faire de ses ans le cours
Tout à son desir croistre :
En effect, quel est mon secours
Je luy feray congnoistre.