Sonnet par Marot
Voyant ces mons de veue si loingtaine,
Je les compare à mon long desplaisir :
Hault est leur chef, et hault est mon desir,
Leur pied est ferme, et ma foy est certaine.
Là maint ruysseau coulle, et mainte fontaine :
De mes deux yeulx sortent pleurs à loysir.
De grandz souspirs ne me puys dessaysir :
Et des grandz ventz leur cime est toute plaine.
Mille troppeaulx prennent là leur pasture :
Amour en moy prend vie, et nourriture.
J'ay peu d'effect et assés d'esperance :
Là, sans grand fruict, feulhes ont apparence.
Et d'eulx à moy, n'a qu'une differance,
Qu'en eulx la neige, en moy la flamme dure.