La chanson de la Christine, par C.M.
Aupres du poignant buisson
Je veys la belle Christine
Disant piteuse chanson
En claire voix argentine.
Jesuchrist, mon cher espoux,
Disoit la pucelle digne,
Contre moy et contre vous
Ce faulx monde se mutine.
Ce faulx monde va disant
Qui est pour luy maulvais signe,
Qu'en vous seul n'est pas gisant
De l'âme la medecine.
L'un vous laisse pour aller
A Barbe et à Katherine,
L'autre le son vient mesler
Avec la blanche farine.
Neufves loix ont faict sortir
De leur menteuse poictryne,
Par là cuydantz amortir
Vostre celeste doctrine.
Et cil qui l'a en honneur
Et à l'exalter s'encline
Il en meurt en deshonneur
Et tout son bien on mutyne.
Pourtant le monde mourra,
Et fault que le ciel deffine,
Mais à jamais demourra
Ceste parolle divyne.
Monde mys en maulvais train
Par avarice, et rapine,
Tu prendz paille pour le grain
Et pour la rose l'espine.
Seigneur Dieu, dont la clarté
Les aveuglez enlumyne,
Monstre à ce monde esquarté
Par où il fault qu'il chemyne.
FIN.