Le Grup de Cl. M.
Grup, grup, à la ville et aux champs,
Grup, grup, sur les prestres marchands,
Grup, grup, sur ces gens de villaige !
Tu chantes tousjours quand il naige :
Aimant l'hyver de ta nature.
Va t'en au loing chercher pasture,
Va paistre en quelque bled fourment !
Grup, grup, dessus ce parlement !
Grup sus ces robbes d'escarlatte !
Prens ton espée, moy une latte,
Pour combattre Charles d'Austriche.
Ma vigne est demourée en friche.
Las, preste l'on plus à usure ?
Cà, de l'argent ! prens ma ceincture.
Que diable veux tu que je face ?
As tu veu le grand Cicheface
Qui devore tout le royaulme ?
Mort bien, ilz fleurent comme baulme
Ces courtisans nouveaux venuz.
Dames, qui tenés de Venus,
Faictes retraindre la courtine.
A tous les diables la mastine :
Elle m'a chassé de la court.
Voy Montelon comment il court :
Il ne marche que sur espines.
Comment veux tu que je decline
Oultre les metes de raison ?
Sçais tu point la belle oraison,
A toy, Royne de hault parage ?
Je suis endebté que c'est rage,
Tout mon bien n'y fourniroit pas.
Tout beau, tout beau, allons le pas,
Il fault rabaisser l'ordinaire.
Sang bieu ! qu'on void de luminaire,
Quand on enterre un trespassé !
Un requiescant in pace
Met des âmes en paradis.
Dieu ! tant il avoit de beaux dicts
Le bon Beda qui fut chassé :
Aussi son corps fut enchassé :
Les souris n'ont garde d'y mordre.
Mort bieu ! qu'il y avoit bel ordre
Quand l'Empereur vint à Paris.
Il cousta des francs plus de dix,
Voire plus de dix et un double :
Aussi il l'a rendu au double.
Ne vois tu pas la recompense ?
Ventre Sainct Jean, mais quand j'y pense,
Montmorency le secondoit.
Qui monte plus hault qu'il ne doibt,
Il voit un clocher de deux lieues.
J'ay esté en maints divers lieux,
Mais Dieu doinct bonne vie au Pape.
Veux tu point achepter sa chappe ?
Tu y ferois bien trois habits.
Il a un troupeau de brebys
Qui est en grand danger du loup.
Je ne m'en soucye pas d'un clou.
Le pape veult estre marchant.
Ha, tu seras bruslé, meschant :
Ton corps sent par trop la bourrée.
Une terre bien labourée
Rend tousjours le double à son maistre.
Si un jour je puis estre prebstre,
Cousin seray à Jesus Christ.
Il nomme le Pape Antechrist,
Ce malheureux Martin Luther.
Si je me mets à disputer,
Je parleray des grosses dents.
Tout est à sac : dedans, dedans !
Faictes vous gentils compagnons.
Si tu menges des champignons,
Donne toy garde du boucon !
Mais voy tu ce diable de con
Qui a tant faict de cardinaux,
Force evesques, abbez nouveaux ?
Jamais un tel con ne conna :
Celui qui premier l'enconna
Le trouva con de connerie.
Tais toy follastre, qu'on ne rye
Que tu y fusses enconné !
C'est un grand con rataconné :
L'on joueroit dedans à la paulme.
Il menge le tiers du royaulme.
Pendu soit il qui le conna,
Et celle avec, qui le con a.
En enfer soit il confondu.
L'argent est en ce con fondu,
Puis le peuple le recompense.
Un con n'est pas tout ce qu'on pense :
Tel n'en a point qui en a trop.
C'est un chat qui va bien le trot
Pour bien gripper une soury.
Et puis on dit à son mary :
As tu point vu la peronnelle ?
Si tu chasses à la tonnelle,
Tu feras contre l'ordonnance.
Monsieur Poyet a faict en France
Prouffit de cent mille ducats.
Moy, estant adverty du cas,
J'y pourvoiray : qu'on s'en deporte.
Es tu dedans ? Buque à la porte :
Je suis hors : qui est en ton lieu ?
Mon amy, va t'en prier Dieu :
Je t'y remettray, si je puis.
Noz grands seigneurs jouent à j'en suis :
Chascun n'y faict que ces trois moys.
Encor n'est il que plume d'oy[s]
Pour escripre un proces verbal.
Vertubieu, on luy eust faict mal
S'on l'eust pendu comme une serpe.
David, qui jouoit de la herpe,
Dict à Dieu : Sum tibi soli.
Mais entre nous : noli, noli,
Beati qui faciunt Grup
Et qui custodiunt illud.
Tout ce que clerc gaigne avec penne,
Il le despend à C.O.N.,
Ce disent ces vieux macquereaux.
Deux gros ruffiens sur les carreaux
Et deux sergents, ô quel dommage !
Je m'en voy en pelerinage,
Le diable feray sur les champs.
C'est tresmal faict à ces marchands
De laisser besogner leurs femmes.
Prions Dieu pour ces pauvres âmes
Qui sont au feu de purgatoire.
Ne m'en parle plus, allons boire,
Il n'y gist qu'un bon requiem.
Qui diable feit le courtisan
De ces amoureux de Pazis ?
Il en deplaist à noz mazis.
Nous sommes de bonne maison :
On le pendra, s'il est larron
Le curé de Haubervilliers.
Mais, à propos, Badovilliers
Est aux emprunts jusqu'aux aureilles.
C'est un bon manger que corneilles
A gens qui n'ont aultre viande :
Ma foy, elle en est bien friande,
Elle en a la pasle couleur.
J'ay veu que j'estois bon boulleur,
J'en crois les donneurs d'eau beniste :
Mais j'oubliois la chattemitte
Qui n'en veult point s'ils ne sont braves.
Par Dieu, tous ces crieurs de raves,
Je croy, moy, qu'ils sont maquereaux.
Et que sçais tu, tes malles eaux ?
Un chacun vit de son mestier.
Qu'on me brusle ce savetier,
Il a pissé au cymitiere.
Passe devant, vieille cropiere.
Tiens tu le ranc des damoiselles ?
Mais que ne faict on des escuelles
Des testes de Sainct Innocent ?
On les vendroit toutes au cent
A ces gueux qui sont par les rues.
Les pensions sont abbatues :
Que feront plus noz presidens ?
Par Dieu, nous prendrons des presens,
Puisque le Roy nous est ingrat.
Gaigne le hault : au grat, au grat !
Grippeminaux, vous renifflez.
Non fais, monsieur, villain enflez.
Fault il parler de la couronne ?
Or bien donc, je m'en vois à Romme
Veoir si le plomb est à marché.
Les veaux ne sont tous au marché,
Ni les coquuz au verd boccage.
On te pourroit bien mettre en cage
Pour te faire parler plus bas.
Mais n'embourre l'on plus le bas
A ces lingeres du Pallais ?
Il a une emplastre au palais,
Il ne sçauroit dire Regnault.
Pense tu qu'un homme est penault
Quand il a un chappeau de roses ?
Il n'estudie plus que des proses,
Ce bon pere vestu de rouge.
Tout beau, tout beau, homme, ne bouge.
Il a esté pinsé sans rire :
Il faut casser la tirelire,
L'argent du Roy ne viendra plus.
Mais vois tu ces pattepellus,
Ils tiennent Dieu dedans leur manche :
C'est raison, tu dis vray dimenche :
Ils meurent tous de la verolle.
Voire, et si perdent la parolle,
Qui nous mettra en paradis ?
As tu veu ces jambons rostys
Sur l'huys du petit St. Anthoine ?
Tout vis à vis, ce dict un moyne :
Bien loing, plus bas, du costé mesme,
Ung peu plus hault. Elle est bien blesme !
A cheval, qu'on n'en parle plus.
De six, de neuf, monsieur, j'ay flus.
Passe de flus, je le renvy.
Dis moy, le pauvre Sainct Ravy
Feit il son maistre Cardinal ?
Quiconques en dira du mal,
Ou murmurera au contraire
De l'authorité du sainct pere,
Abismera jusqu'aux enfers.
Je m'en vois estre portefaix
Pour prester de l'argent au Roy.
Dieu gard le sieur de Villeroy :
Vray dieu, que c'est un fin varlet !
Les prisonniers du Chastelet
Font leur purgatoire en ce monde
C'est un bon baston qu'une fonde
Pour tirer une grue en l'air.
Mais quoy ? Il n'en fault plus
parler :
Il est en un sac à vau l'eau,
Ce president gentil et veau.
Il a des amys à la court.
Il n'y va pas, mais il y court.
Il sera prevost des marchans.
Partout y en a de meschans.
Le mortier sent tousjours les aulx.
Vieux drappeaux, çà, ces vieux drappeaux !
Cà, ces vieux devants de chemise !
Elle s'en va de lâche mise,
Ceste grand Catin, la Normande :
Pour bien danser une allemande,
Je croy qu'elle est assez fendue :
Pourtant s'ell'n'est nonnain rendue,
Elle a deux ou trois abbayes.
Mais pour ce dont je m'esbahys,
(Veu le credit là où nous sommes)
Comment sont si osez les hommes
De renverser nostre proces ?
Nous avons de l'argent assez :
Il convient proposer erreur :
Si ce malheureux Empereur
Prend alliance avec l'Anglois,
Les anguilles deviendront oys
Et brochets deviendront moutons.
Et puis dictes que les Bretons
N'auront plus ne sel ne gabelle.
On ne vendra plus de cannelle,
Puisque les vins ferment à clé.
Il sera lyé et basclé,
Pour bien le garder de saulter.
Mon Dieu, que j'ay bien veu chanter
Avec Regina coelorum
In secula seculorum.
Nous nous trouverons tous ensemble.
Dictes, monsieur, que vous en semble ?
S'entrevoit on en l'autre monde ?
S'il est ainsi, que l'on me tonde.
L'on y rit. A trois pas un sault :
A l'assault, paillart, à l'assault !
Mettez ces nonnains à la poincte.
As tu desjà veu la complaincte
Que feit Flamette à son amy ?
Il ne l'aymoit pas à demy,
Veu le grief mal qu'il enduroit.
Si feray fin en cest endroict :
C'est assez chanté pour bien boyre.
Escript à Orleans sur Loyre,
Pres du feu, en chauffant ma fesse,
Apres avoir fringué l'hostesse.
FIN.