Autres rondeaux
I
Rondeau à nostre Dame
En temps obscur estoille refulgente,
Raid de soleil, aulbe du jour fulgente,
Port de salut, allectante pucelle,
Rose vernant, de Dieu mere et ancelle,
Royne des Anges, au pecheur indulgente,
Tournez voz yeulx, maternelle regente,
Vers voz enfans, aidez à qui regente
Le parc de Dieu et sa saincte nacelle
En temps obscur.
Contre le corps d'eglise diligente
Gens sans raison, de tout bien indigente,
Et contre vous a mise sa parcelle :
Monstrez vous Mere, et qu'ayons paix par celle
Qui a pouvoir : la cause en est urgente
En temps obscur.
II
Rondeau du Guay
Oyez le guay, petit mignon,
Monsieur, Madame Pimpelotte,
Avec le clerc à la pellotte,
Non faict, si faict, par Santrignon.
Villain, vous trenchez de l'oignon,
Et ne valez pas eschalotte :
Oyez le guay, petit mignon.
Gros coquin, oste le tignon,
Si veulx avoir la bachelotte :
Drinc, Drinc a mis en eschec l'hoste.
M'amye, levez le groignon,
Oyez le guay, petit mignon.
III
Rondeau des barbiers
Povres Barbiers, bien estes morfonduz
De veoir ainsi gentilz hommes tonduz
Et porter barbe. Or advisez comment
Vous gaignerez : car, tout premierement,
Tondre et peigner ce sont cas defenduz.
De testonner on n'en parlera plus :
Gardez cizeaux et rasouers esmouluz,
Car desormais vous fault vivre aultrement,
Povres Barbiers.
J'en ay pitié : car plus comtes ne ducz
Ne peignerez, mais comme gens perduz
Vous en ires besonger chauldement
En quelque estuve, et là gaillardement
Tondre maujoinct ou raser Priapus,
Povres Barbiers.
IV
Rondeau par Clement Marot
Tous les regretz qui les cueurs tormentez,
Venez au mien, et en luy vous boutez
Pour abbreger le surplus de ma vie,
Car j'ay perdu celle qui, assouvye,
Avoit povoir cueur et corps contenter.
Venez y donc, et plus rien ne doubtez,
Car mes cinq sens sont du tout apprestez
Vous recueillir : pourtant, je vous convye,
Tous les regretz.
Si vous supply que de moy vous ostez
Joye et plaisir, lesquelz m'avoit prestez
Pour aucun temps fortune sans envye.
J'ai triste soing, qui veult que je denye :
Pource venez, et vous diligentez,
Tous les regretz.