Marot à l'Empereur
Si la faveur du Ciel, à ton passaige
En France faict de grands biens ung presaige,
Aussi promet croistre l'heur, qui te suyt,
Cesar Auguste, à l'effect qui s'ensuyt.
Ta [confiance] en la fidélité
Du Roy (ton frere) et son humanité
T'ont faict en France acquerir en ung moys,
Dedans troys jours sans souldards, et harnoys,
Plus que Cesar des Gaules acquereur,
Et le premier des Romains Empereur,
N'avoit conquis en huict ou neuf années,
Accompaigné de Legions armées :
Car des Françoys assubjectys par force
En leur pays ne conquist, que l'escorce.
Mais tu as heu par ung don liberal
De leurs francz cueurs ung acquest general.
Et pour garder ce que tu as acquis,
Aulcune force y tenir n'est requis,
Mais seullement une paix bien fermée
Par alliance, en amour confermée :
Dont adviendra ferme tranquillité,
Et soubz la foy catholique unité.
Paix, qui tiendra les Provinces ouvertes,
Et peuplera les regions desertes,
Des Roys unys la force assemblera,
Dont le surplus du monde tremblera.
Paix, qui fera la vifve Salamandre,
Apres son faict mortel estainct en cendre,
Nourrir au feu, d'une vie immortelle :
A l'Aigle aussi, quand le vol de son aesle
Plus ne pourra sur la terre s'estendre
Pour voller plus oultre, si fera fendre
Touts les neuf cieulx jusqu'au lieu Angelicque,
Promys à ceulx, qui ayment paix publicque.