I
A la Royne
Au ciel ma Dame je crye,
Et Dieu prie,
Vous faire veoir au printemps
Frere, et mary si contents
Que tout rye.
II
A ma Dame la Daulphine
A ma Dame la Daulphine
Rien n'assigne :
Elle a ce, qu'il faut avoir,
Mais je la vouldroys bien veoir
En gesine.
III
A ma Dame Marguerite
A la noble Marguerite,
Fleur d'eslite,
Je luy donne aussi grand heur
Que sa grâce, et sa grandeur
Le merite.
IV
A ma Dame la Princesse de Navarre
La Mignonne des deux Roys,
Je vouldroys
Qu'eussiez ung beau petit Frere,
Et deux ans de vostre Mere,
Voyre troys.
V
A ma Dame de Nevers
La Duchesse de Nevers
Aux yeulx verts,
Pour l'esprit, qui est en elle,
Aura louange eternelle
Par mes vers.
VI
A ma Dame de Montpensier
Vostre beaulté mainte foys
Où je voys,
Haultement j'oy couronner :
Que vous puis je lors donner
Que ma voix ?
VII
A ma Dame d'Estampes
Sans prejudice à personne,
Je vous donne
La pomme d'or de beaulté,
Et de ferme loyaulté
La couronne.
VIII
A elle encores
Vous reprendrez, je l'affie
Sur la vie,
Le tainct, que vous a osté
La Déesse de beaulté
Par envie.
IX
A la Contesse de Vertuz
Veu ceste belle jeunesse,
Et noblesse,
Dont vos Espritz sont vestuz,
Deux foys serez de Vertuz
La Contesse.
X
A ma Dame l'Admiralle
La doulce beaulté bien née
Estrenée
Puissions veoir avant l'esté
Mieulx, qu'elle ne l'a esté
L'aultre année.
XI
A ma Dame la Grand'Seneschalle
Que voulez vous, Diane bonne,
Que vous donne ?
Vous n'eustes, comme j'entens,
Jamais tant d'heur au printemps
Qu'en automne.
XII
A ma Dame de Canaples
Noz yeulx de veoir ne sont las
Soubz Athlas
Plusieurs Déesses en grâce :
Dont Canaples tient la place
De Pallas.
XIII
A ma Dame de l'Estrange
A la beaulté de l'Estrange,
Face d'Ange,
Je donne longue vigueur :
Pourveu que son gentil cueur
Ne se change.
XIV
A Miolans l'aisnée
Miolans l'aisnée est bien,
Et de rien
Ne doibt estre mal contente,
Pourveu que la longue attente
Vienne à bien.
XV
A Miolans la jeune
A Miolans la puisnée,
Ceste année
Luy doint sur l'esté luysant
Ce, qui seroit bien duysant
A l'aisnée.
XVI
A Bonneval
Sa fleur durer ne pourra,
Et mourra :
Mais ceste grâce, laquelle
La faict tousjours trouver belle,
Demourra.
XVII
A Chastagneraye
Garde toy de descocher,
Jeune Archer,
Pour à son cueur faire bresche :
Car elle feroit la flesche
Reboucher.
XVIII
A Torcy
Damoyselle de Torcy,
Cest An cy
Telle estreine vous desire,
Qu'ung bon coup vous puissiez dire
Grand mercy.
XIX
A Douartis
Cent nobles, et bons partiz
Douartis,
Vostre amour pourchasseront,
Quand de vostre amour seront
Advertiz.
XX
A Cardelan
C'est bon pays, que Bretaigne
Sans montaigne :
Mais je croy, qu'elle vouldroit
Tenir le chemin tout droict
D'Allemaigne.
XXI
A ma Dame de Bressuyre
S'on veult changer vostre nom
De renom
A ung meilleur, ou pareil,
Ne vueillez de mon conseil
Dire non.
XXII
A ma Damoyselle de Macy
Soubz vos attours bien fournys,
D'or garnys,
A Venus vous ressemblez :
Soubz le bonnet me semblez
Adonis.
XXIII
A ma Damoyselle de Duras
Belle, quand la foy juras
A Duras,
Tu fuz tresbien estreinée :
Bien doulx avant ton aisnée
L'enduras.
XXIV
A Telligny
Montreul monstre clerement,
Seurement,
Qu'en beau corps grâce rassise
C'est la pierre en l'or assise
Proprement.
XXV
A Ryeulx
Damoyselle de Ryeulx,
En maintz lieux
L'embonpoinct se pert, et gaste :
Je suis d'advis, qu'on se haste
Pour le mieulx.
XXVI
A Davaugour
Nature, ouvriere sacrée
Qui tout crée,
En vostre brun a bousté
Je ne sçay quoy de beaulté
Qui aggrée.
XXVII
A Helly
Dixhuyct ans je vous donne,
Belle, et bonne :
Mais à vostre sens rassis
Trente cinq, ou trente six,
J'en ordonne.
XXVIII
A la Chapelle
J'estreine de nom de belle
La Chapelle :
Voyre quelcque brun qu'elle ayt,
S'on dit, qu'elle ayt rien de layd,
J'en appelle.
XXIX
A Brazay.
En sa doulceur feminine
Tant benigne
Rigueur pourroit estre enclose :
Car tousjours avec la rose
Croist l'espine.
XXX
A Memillon
Si quelcun pour son estreine
Vous emmeine,
Je vous donne, ou à peu pres,
Au bout de neuf moys apres
Pance pleine.
XXXI
A Lursinge
Je puisse devenir Singe,
Si Lursinge
N'a la sorte, et n'en mens poinct,
D'estre blanche, et en bon poinct,
Soubz le linge.
XXXII
A Lucresse
Cest An vous fasse maistresse
Sans destresse
D'amy aussi gracieux
Que fut Tarquin furieux
A Lucresse.
XXXIII
A Bye
Voz grâces en faict, et dict
Ont credit
De plaire Dieu sçayt combien :
Ceulx, qui s'y congnoissent bien
Le m'ont dit.
XXXIV
A la Baulme
Bien doibt la Baulme advouer
Et louer
L'an, lequel luy appareille
Sur le vert bille pareille.
Pour jouer
XXXV
A Saintan
De response bien certaine
Et soubdaine
Vous donne le doctrinal,
Pour respondre au Cardinal
De Lorraine.
XXXVI
A Brueil l'aisnée
Je donne à Brueil aux doulx yeulx
Gracieux,
Par sa grâce bien sçavoir
Celle des hommes avoir,
Et des Dieux.
XXXVII
A Brueil la Jeune
Si vous n'estes en poinct
Bien appoinct,
Quelcque jour engresserez :
Et alors vous le serez,
Serez point ?
XXXVIII
A d'Aubeterre
Aubeterre amour ressemble,
Ce me semble.
Petite veue ont touts deux :
Et toutesfoys chascun d'eulx
Les cueurs emble.
XXXIX
A la Tour
Pour estreines de la Tour,
Qui d'atour
Nuptial la coifferoit,
Je pense, qu'on luy feroit
Ung bon tour.
XL
A Orsonvillier
Si Dieu, qui vous composa,
N'y posa
Beaulté en tout compassée,
En Esprit recompensée
Bien vous a.
XLI
A ma Dame du Gauguier
Je vous donne en conscience
La science
De porter le faix, et somme
D'une vertu, qui se nomme
Patience.
XLII
A elle mesmes
Pour vostre estreine, qui vaille,
Je vous baille
Tant d'esbats, et passetemps,
Que de celluy, que j'entends,
Ne vous chaille.
XLIII
A ma Dame de Bernay, dicte Sainct Pol
Vostre mary a fortune
Opportune :
Si de jour ne veult marcher,
Il aura beau chevaulcher
Sur la brune.
Fin des Estreines