Pseaulme Second, à deux coupletz differentz de chant, chascun
couplet d'ung verset
Quare fremuerunt gentes.
Argument : Icy veoit on comment David, et son royaulme,
sont vraye figure, et indubitable prophetie de Jesuchrist, et de
son regne. Pseaulme propre contre les Juifs.
Pourquoy font bruyt, et s'assemblent les
gens ?
Quelle follie à murmurer les meine ?
Pourquoy sont tant les peuples diligens
A mectre sus une entreprise vaine ?
Bandez se sont les grands Roys de la terre,
Et les Primats ont bien tant presumé
De conspirer, et vouloir faire guerre
Touts contre Dieu, et son Roy bien aymé :
Disants entre eulx desrompons, et brisons
Touts les lyens dont lyer nous pretendent :
Au loing de nous jectons, et mesprisons
Le joug, lequel mectre sur nous s'attendent.
Mais cestuy là, qui les haultz cieulx habite,
Ne s'en fera que rire de là hault.
Le Toutpuissant de leur façon despite
Se mocquera : car d'eulx il ne luy chault.
Lors s'il luy plaist, parler à eulx viendra
En son courroux (plus qu'aultre espouventable)
Et touts ensemble estonnés les rendra,
En sa faveur terrible, et redoubtable.
Roys, dira il, d'où vient ceste
entreprinse ?
De mon vray Roy j'ay faict election,
Je l'ay sacré, sa couronne il a prinse
Sur mon tres sainct, et hault [mont] de
Sion.
Et je (qui suis le Roy, qui luy ay pleu)
Racompteray sa sentence donnée :
C'est qu'il m'a dict : Tu es mon Filz esleu,
Engendré t'ay ceste heureuse journée.
Demande moy, et pour ton heritage
Subjects à toy touts peuples je rendray :
Et ton Empire aura cest advantage,
Que jusqu'aux bords du monde l'estendray.
Verge de fer en ta main porteras,
Pour les dompter, et les tenir en serre,
Et s'il te plaist, menu les briseras,
Aussi aisé, comme ung vaisseau de terre.
Maintenant donc, ô vous et Roys, et Princes,
Plus entenduz, et sages devenez :
Juges aussi de terres, et provinces,
Instruction à ceste heure prenez.
Du Seigneur Dieu serviteurs rendez vous,
Craignez son ire, et luy vueillez complaire :
Et d'estre à luy vous resjouyssez touts,
Ayants tousjours crainte de luy desplaire.
Faictes hommaige au Filz, qu'il vous envoye,
Que courroucé ne soit amerement :
Affin aussi que de vie, et de voye,
Ne periss[i]ez trop malheureusement.
Car tout acoup son courroux rigoreux
S'embrasera, qu'on ne s'en donra garde.
O combien lors ceulx là seront heureux,
Qui se seront mys en sa saulvegarde !