Ce jour-là, au repas du soir, Camille demanda à son papa s’il avait trouvé la solution au problème d’Aurore.
— Tout à fait, ma chérie, dit le papa. J’ai trouvé la meilleure solution, celle qui ne nous fatiguera pas trop, maman et moi, et qui, en même temps, ne blessera aucun des enfants de la classe d’Aurore.
Aurore, un grand sourire aux lèvres, leva son mignon petit visage pour écouter.
— Papa et moi en avons discuté, confirma la maman. La meilleure solution, à notre avis, est que tu ne fasses aucune fête d’anniversaire.
— Et que tous les enfants de ta classe le sachent, bien sûr, ajouta le papa.
Un lourd silence s’abattit sur la table.
— C’est monstrueux ! s’exclama Camille, qui en avait presque les larmes aux yeux.
— Non, dit Aurore avec une toute petite voix. Papa et maman ont raison.
Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour ne pas pleurer.
— Ça se fait pas, protesta Thomas. Vous voyez bien qu’Aurore veut tellement faire plaisir à tout le monde qu’elle n’ose même pas pleurer quand on lui promet un anniversaire complètement raté.
Le papa et la maman d’Aurore se regardèrent un instant, puis éclatèrent de rire.
— Vous nous avez crus ? demanda le papa, entre deux hoquets de rire.
— Vous avez vraiment cru qu’on allait faire ça ? s’esclaffa la maman.
Aurore, Camille et Thomas les regardaient d’un air ahuri.
— Angelo est né au mois d’avril, lui aussi, dit le papa d’Aurore. J’ai téléphoné à ses parents : j’ai pensé qu’ils allaient sûrement avoir le même problème que nous.
— Et c’était bien le cas, confirma la maman d’Aurore. Lui aussi, tout le monde l’a invité à son anniversaire, et il ne veut faire de peine à personne.
Aurore les regardait l’un après l’autre, la bouche grande ouverte.
— Nous avons décidé de fêter vos deux anniversaires ensemble, expliqua triomphalement la maman d’Aurore. Toute la classe au Parc Montsouris, jeux de plein air et peut-être même Guignol !
Cette fois, Aurore avait une bonne raison de sourire.