CHAPITRE 3

Deux capitaines, une seule famille

Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2005, l’Association des joueurs et les propriétaires ont complété un sprint de négociation qui s’est conclu à l’aube par une entente de principe. Un partage des revenus 52 % - 48 % en faveur des joueurs a été institué et les propriétaires ont fini par obtenir ce qu’ils recherchaient au départ: l’instauration d’un plafond salarial.

Compte tenu du résultat final de la négociation, de nombreux gérants d’estrades estimaient que l’Association des joueurs avait fait fausse route. Selon ces observateurs, l’équipe de négociation des joueurs aurait mieux fait d’accepter le principe du plafond salarial dès le départ, ce qui aurait empêché l’annulation d’une saison complète.

Je n’étais absolument pas d’accord avec cette analyse. Les deux parties devaient défendre leurs positions. Je pense que le hockey – propriétaires aussi bien que joueurs – aurait souffert si l’une ou l’autre des parties avait obtenu tout ce qu’elle désirait. Au bout du compte, propriétaires et joueurs sont ressortis de cet exercice en ayant accepté des compromis et avec une assez bonne entente.

D’ailleurs, dans l’ensemble, même si la situation n’est pas devenue parfaite après la conclusion du nouveau contrat de travail, la situation financière de plusieurs organisations, et de la LNH dans son ensemble, s’est considérablement améliorée. Je défendais à l’époque les couleurs d’une équipe basée dans un petit marché et j’accordais une certaine importance à cet enjeu.

Quand le camp d’entraînement des Sabres de Buffalo s’est mis en branle en septembre 2005, ce n’étaient toutefois pas les nouvelles clauses de la convention collective qui retenaient notre attention, mais plutôt les conclusions du «Sommet Shanahan», dont les travaux avaient convaincu les décideurs de la LNH d’éliminer l’accrochage et de modifier certaines règles afin de rendre le hockey plus rapide et plus offensif.

Durant la saison précédant le lock-out (2003-2004), il s’était marqué en moyenne 2,57 buts par match dans la LNH. Depuis la saison 1955-1956, jamais une aussi faible moyenne offensive n’avait été enregistrée au sein de la ligue. Graduellement, depuis le début des années 1990, des stratégies défensives comme la «trappe», la tolérance des officiels envers l’accrochage et le perfectionnement technique des gardiens avaient progressivement étouffé le jeu offensif et fait basculer le hockey dans ce que des experts avaient baptisé l’«ère de la rondelle morte».

Or, durant le lock-out, Brendan Shanahan avait pris l’initiative, avec la bénédiction de la LNH et de l’Association des joueurs, de réunir à Toronto des éminences grises et des penseurs de divers horizons (joueurs, entraîneurs, directeurs généraux et arbitres) afin d’obtenir une bonne vue d’ensemble et de repenser la manière de pratiquer le hockey.

Selon le Globe & Mail, Bob Gainey (directeur général du Canadien), John Tortorella (entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay), Mats Sundin (capitaine des Maple Leafs de Toronto), Steve Yzerman (vétéran des Red Wings de Detroit), John Davidson (alors analyste à la télévision) et l’arbitre Bill McCreary faisaient partie du panel de participants de ce qui fut baptisé le «Sommet Shanahan».

Quelques mois plus tard, les travaux de ce groupe ont servi de base de travail au comité de compétition de la LNH, qui a annoncé plusieurs modifications aux règlements au terme du lock-out. Parmi les plus importants changements, on notait l’élimination de la ligne rouge ainsi qu’une politique de tolérance zéro des officiels envers tous les gestes (accrocher, retenir ou faire de l’obstruction) ayant pour effet de ralentir le porteur de la rondelle ou l’équipe se portant à l’attaque.

Quand ces mesures avaient été annoncées, plusieurs organisations ne les avaient pas prises au sérieux. Leurs dirigeants se disaient que les arbitres allaient finir par devenir plus tolérants et qu’on allait rapidement revenir à la bonne vieille façon de jouer au hockey.

Pendant que des organisations comme les Flyers mettaient sous contrat des défenseurs imposants et peu mobiles comme Mike Rathje et Derian Hatcher, les Sabres de Buffalo décidaient de prendre le chemin inverse et de bâtir leur formation en fonction des nouvelles règles.

Dès nos premières réunions d’équipe au camp d’entraînement, Lindy Ruff s’était montré très clair:

— Nous allons nous adapter aux nouveaux règlements et on va le faire à partir de maintenant! Au lieu de nous plaindre, nous allons tirer avantage de cette nouvelle réalité, avait-il annoncé.

En fait, ces changements de règlements constituaient un scénario de rêve pour les Sabres. Nous misions déjà sur une bonne cohorte d’attaquants rapides. En plus, cet accent sur la vitesse allait à coup sûr favoriser des défenseurs moins physiques et plus mobiles comme Brian Campbell, Henrik Tallinder et Tony Lydman, dont les styles de jeu convenaient peut-être moins à l’«ère de la rondelle morte».

Lindy Ruff a décidé de foncer tête première avec cette nouvelle philosophie. Et il renforçait son message en nous montrant des films expliquant comment le hockey allait désormais être joué et quels types d’infractions allaient désormais être systématiquement pénalisées. En plus, sachant que l’adaptation allait s’avérer assez difficile pour la plupart des autres équipes et qu’une hausse considérable du nombre de pénalités allait en découler, nous passions beaucoup de temps à peaufiner notre avantage numérique.

La «nouvelle LNH» était taillée sur mesure pour moi. J’étais très enthousiaste à l’idée d’avoir la chance de patiner davantage et, surtout, de pouvoir profiter d’un plus grand nombre d’occasions en avantage numérique, parce que c’était ma plus grande force.

Cette excellente préparation et cette ouverture d’esprit de notre entraîneur envers le changement nous ont permis de connaître un départ canon. Nous avons remporté six de nos huit premiers matchs pour ensuite nous maintenir parmi les quatre ou cinq meilleures formations de l’Est jusqu’au dernier droit du calendrier.

Durant ce même camp d’entraînement, à la mi-septembre, Lindy Ruff m’a convoqué à son bureau en compagnie de Chris Drury.

À notre dernière saison avant le lock-out, l’entraîneur avait élaboré un système dans lequel plusieurs joueurs occupaient les fonctions de capitaine et d’assistant-capitaine en alternance. Il voulait ainsi répartir le fardeau du leadership au sein de l’équipe.

Mais en septembre 2005, j’avais l’impression que Lindy allait officiellement nommer un seul capitaine et je m’attendais à ce que ce soit Chris Drury. En plus d’être un leader naturel, Chris avait fait partie d’une équipe championne dans le passé et il avait accumulé un bon bagage d’expérience dans la LNH. Il était un excellent candidat pour occuper cette fonction. J’étais donc curieux de savoir pourquoi j’avais aussi été convoqué au bureau de l’entraîneur.

«J’ai lancé à Brière et Drury l’idée de leur faire partager le titre de capitaine parce que je considérais qu’ils étaient tous deux très importants pour notre équipe, mais de manière différente», explique Lindy Ruff.

«Daniel était davantage un marqueur dynamique. Il était le centre de notre premier trio en plus d’être un joueur-clé de notre attaque massive. Quand nous avions besoin d’attaque, il était le premier gars vers qui on se tournait. Quant à Chris, il excellait aussi en attaque mais je l’utilisais systématiquement pour des missions défensives importantes en fin de match et pour écouler des pénalités. Il était aussi très bon pour bloquer des tirs.

«Brière avait aussi une autre grande qualité: dans les matchs les plus durs et les plus importants, il était la plupart du temps notre meilleur joueur. Certains de ces matchs importants finissent par définir quel genre d’athlète vous êtes et ce que vous êtes capable d’endurer», conclut l’entraîneur.

Quand Lindy nous a annoncé cette nouvelle, ma première réaction a été de m’assurer que Chris était d’accord avec l’idée de nommer des cocapitaines. J’étais sous le choc et c’était un immense honneur pour moi de partager ce titre avec un joueur de cette trempe. Chris Drury était pour moi un exemple à suivre. Heureusement, Chris s’est tout de suite montré très enthousiaste et très content de la tournure des événements parce que nous avions déjà développé une belle relation et que nous étions toujours sur la même longueur d’ondes.

Nommer deux capitaines n’est cependant pas une idée que je suggérerais à toutes les équipes, parce que cette situation comporte un certain risque. On ne sait jamais si l’un des deux leaders finira par essayer de dominer l’autre, ce qui est susceptible d’engendrer une situation malsaine.

Rien de tel ne s’est jamais produit avec Chris. Dès notre nomination, nous nous sommes brièvement assis ensemble dans le vestiaire pour déterminer comment nous allions partager les responsabilités de capitaine. Par la suite, tout s’est déroulé de façon très naturelle parce que nous nous entendions parfaitement.

Dès cette première discussion, nous avons établi que notre priorité allait être de nous assurer que tous les membres de l’équipe se sentent impliqués et que personne ne reste à l’écart du groupe.

Personnellement, j’avais précédemment joué au sein d’une équipe de vétérans à Phoenix. Plusieurs joueurs faisaient leurs petites affaires dans leur coin, ce qui faisait en sorte qu’on retrouvait plusieurs cliques dans le vestiaire. C’était beaucoup plus difficile de créer un esprit d’équipe dans ces conditions. J’avais appris de cette expérience et je ne voulais pas qu’elle se répète.

«La nomination de Daniel et Chris avait été très bien accueillie dans le vestiaire», souligne Jean-Pierre Dumont.

«Daniel était vu comme un joueur qui était prêt à tout pour gagner et qui avait énormément de caractère. En fait, Drury et lui étaient un peu faits du même bois. Ils étaient deux joueurs qui n’étaient ni grands ni gros, et qui avaient dû faire preuve d’une solide force de caractère pour s’établir dans la LNH à une époque où le gabarit des joueurs était encore très valorisé. Les joueurs de l’équipe s’entendaient donc pour dire que c’était une bonne décision de les nommer cocapitaines.»

Afin d’éviter que des groupuscules se forment dans le vestiaire, Lindy Ruff tenait absolument à ce que l’anglais soit en tout temps la langue commune durant les activités de l’équipe. Ça le froissait considérablement d’entendre deux Russes ou deux Québécois discuter entre eux dans leur langue maternelle, et il mettait systématiquement à l’amende ceux qui contrevenaient à ce règlement.

«Quand deux gars se parlent en français dans le vestiaire, ni l’entraîneur ni leurs coéquipiers ne savent de quoi il est question, explique aujourd’hui l’entraîneur. Alors je tirais la pipe aux francophones de l’équipe et je leur disais que si je parvenais à distinguer mon nom durant l’une de leurs conversations en français, j’allais présumer qu’ils parlaient de moi négativement et qu’ils allaient devoir payer une amende.»

Sauf qu’une fois, c’est nous qui avons pris Lindy la main dans le sac.

Mes trois fils traînaient dans le vestiaire après une séance d’entraînement et Lindy les a croisés en passant. Il s’est alors arrêté pour les saluer et, pour les faire rire un peu, il a tenté de leur faire la conversation en français. Jean-Pierre Dumont faisait son entrée dans le vestiaire au même moment et il avait trouvé la scène fort cocasse.

Le lendemain, le nom de l’entraîneur était inscrit au tableau, assorti de l’amende prévue au règlement.

Pour Chris et moi, le partage des tâches de capitaine comportait son lot d’avantages. D’abord en nous enlevant un peu de pression sur les épaules, parce que nous savions que nous pouvions compter l’un sur l’autre. Mais surtout, parce que notre complicité nous permettait d’exploiter les forces de chacun. Par exemple, Chris n’aimait pas trop les rencontres avec les journalistes, alors je m’acquittais le plus souvent de cette tâche. En contrepartie, il pouvait s’occuper de l’organisation d’une activité d’équipe ou prendre la parole dans le vestiaire.

«Je pense que Chris Drury était celui des deux qui s’exprimait le plus dans le vestiaire, relate Martin Biron. S’il y avait quelque chose à mettre au clair, c’était Chris qui parlait. Daniel démontrait davantage son leadership en prêchant par l’exemple. Il prouvait aussi son leadership dans les réunions que nous avions avec les entraîneurs. Lorsque nous discutions de stratégie, il arrivait souvent avec un commentaire ou une remarque intelligente qui nous emmenait plus loin. Daniel était toujours capable d’explorer et de parler de stratégie, autant avec ses coéquipiers qu’avec les entraîneurs. Il n’était pas le pilier de notre avantage numérique pour rien.»

Chris Drury et moi nous entraidions. Il n’y avait aucune compétition entre nous et c’était un privilège de pouvoir compter sur l’aide d’un coéquipier comme lui pour assumer le leadership de notre équipe. Nous voulions tous les deux gagner à tout prix et nous étions toujours là l’un pour l’autre.

Durant la saison, nous portions le «C» sur notre chandail un match sur deux. Mais chaque fois que nous allions jouer à New York, je le laissais jouer avec le «C» même si c’était mon tour, parce que je savais que ses parents et ses amis allaient être présents dans les gradins. Il faisait la même chose avec moi lorsque nous étions de passage à Montréal ou à Ottawa. Nous faisions de même quand nous affrontions nos anciennes équipes. Il portait le C contre l’Avalanche du Colorado et moi contre les Coyotes.

Quand j’ai mis fin à ma carrière, j’étais reconnu comme un joueur ayant constamment trouvé le moyen d’exceller et de marquer des buts importants au cours des séries éliminatoires. C’est à Buffalo que j’ai commencé à me forger cette réputation, durant les deux saisons que j’ai passées à titre de cocapitaine avec Chris Drury.

En le côtoyant de près, j’en ai appris beaucoup sur la manière de me préparer pour un match et sur la façon de me comporter dans les moments importants afin de pouvoir réaliser le gros jeu ou de marquer le gros but.

Même si nous avions été séparés durant toute l’année du lock-out, rien ne semblait avoir affecté l’incroyable esprit de camaraderie qui animait notre jeune équipe en 2003-2004.

«On entend souvent les anciens joueurs raconter ce qu’ils ont vécu dans les années 1970 ou au début des années 1980, alors que les transactions étaient plus rares, raconte Martin Biron. Les joueurs passaient plusieurs années ensemble et les équipes étaient tissées beaucoup plus serré. Les coéquipiers habitaient souvent dans le même quartier et il n’était pas rare qu’un joueur devienne le parrain du nouveau-né de son compagnon de trio. Les équipes étaient comme des familles et je crois que ce que nous avons vécu à Buffalo au milieu des années 2000 était, compte tenu de l’évolution de la business du hockey, ce qui pouvait le plus ressembler à l’ambiance des années 1970.»

«Nous passions énormément de temps les uns avec les autres», corrobore Jean-Pierre Dumont.

«Quand nous revenions d’un long voyage, la dernière chose dont nous avions envie était de nous retrouver au restaurant. On organisait donc des soupers d’équipe chez Daniel ou chez moi. Les joueurs arrivaient avec leur femme et leurs enfants, et on passait la soirée tous ensemble. Nous avions un vrai bon groupe de gars.»

Tout le plaisir que nous éprouvions à passer du temps ensemble ne changeait toutefois rien au fait que notre travail consistait à remporter des matchs de hockey. Et là-dessus, il n’y avait pas de compromis.

Lindy Ruff nous poussait constamment et il n’hésitait pas à interpeller ses leaders lorsqu’il percevait un relâchement ou si la qualité de notre jeu s’étiolait le moindrement. Entre joueurs, nos standards étaient tout aussi élevés.

«Il ne fallait pas se leurrer avec Daniel Brière, observe Martin Biron. C’était un beau garçon poli, toujours souriant, bien coiffé et bien habillé. Mais derrière ce sourire, il y avait une sorte de bête qui voulait gagner à tout prix et qui n’avait aucun ami sur la patinoire. Dès qu’il chaussait les patins, il était en mission et ça devenait très intense.»

«Il existe dans le hockey une règle non écrite voulant que les joueurs gardent leurs tirs un peu plus bas à l’entraînement afin d’éviter de blesser leurs gardiens. Mais quand Daniel était de mauvaise humeur ou s’il ressentait le besoin de marquer des buts dans une pratique, je me tenais sur mes gardes parce qu’il y allait pour la barre horizontale et que les rondelles me passaient sur le bord des oreilles. Sa mentalité était: “Fais ta job comme gardien et je vais faire la mienne comme marqueur!” Ça fonctionnait de cette manière avec lui. Et il était comme ça avec tout le monde. Si on travaillait les batailles à un contre un dans un coin de patinoire, le coéquipier qui s’y retrouvait avec lui pouvait recevoir toutes sortes de petits double-échecs salauds, ou même un petit coup de coude au visage. Il était chien, le p’tit maudit! Mais c’était la marque d’un athlète qui s’était fait répéter toute sa vie qu’il était trop petit pour gravir les échelons du hockey et qui avait pris les moyens pour faire son chemin.»

À la mi-décembre, alors que nous étions de passage à Pittsburgh, nous avons vaincu les Penguins 4-3 en prolongation. Lindy m’a utilisé pendant près de 22 minutes, durant lesquelles j’ai récolté un but et une aide. Chris Drury a inscrit le but gagnant en surtemps.

Pour notre équipe, il s’agissait d’une 10e victoire en 11 matchs, une fabuleuse séquence qui nous valait le quatrième rang dans l’Est. Nous n’avions alors que 32 matchs de disputés et j’en avais déjà raté huit, sporadiquement, en raison d’une blessure persistante. J’avais quand même réussi à inscrire 14 buts et 9 mentions d’aide à mon dossier, mais, après ce match, je n’étais plus capable d’avancer.

Je ressentais depuis plusieurs semaines une douleur à l’aine qui s’accentuait de jour en jour. Et j’en étais arrivé au point où les traitements et les échauffements ne faisaient plus effet. Les médecins de l’équipe avaient diagnostiqué une hernie sportive (une déchirure des abdominaux obliques), mais l’organisation préférait que j’attende avant de passer sous le bistouri.

J’avais une approche plus agressive. Je voulais régler le problème au plus tôt afin de pouvoir disputer le plus de matchs possible dans le dernier droit du calendrier, au moment où ça compterait le plus. L’équipe a accepté ma décision et on m’a donc envoyé à Montréal, où les docteurs Rae Brown et David Mulder ont procédé à la chirurgie. Avec tout ça, je ne suis revenu au jeu qu’au début de mars, mois durant lequel nous avons connu une autre impressionnante séquence de huit victoires de suite.

Même si le lock-out nous avait privés d’une importante année de développement et de maturité sur le plan collectif, nous étions tout de même parvenus à éclore comme l’un des groupes de joueurs les plus dominants de la LNH. Mais avec le recul, il est clair que nous ne le réalisions pas encore.

Après un passage à vide à la fin de mars, nous avons terminé la saison de façon extrêmement convaincante en remportant sept de nos huit dernières parties. Cette séquence nous a permis de boucler le calendrier avec une récolte de 110 points, ce qui nous a valu le troisième plus haut total de points dans l’Est et le cinquième rang dans l’ensemble de la LNH.

D’un point de vue personnel, l’intervention chirurgicale que j’avais subie quelques mois plutôt s’est avérée une totale réussite et elle m’a permis de terminer la saison en force. Même si j’avais été limité à seulement 48 matchs, je me sentais en pleine possession de mes moyens au moment de débuter les séries.

Malgré ma longue absence, j’ai bouclé la saison 2005-2006 avec une production de 25 buts et 33 passes (58 points). Cette campagne a constitué une sorte de point tournant dans ma carrière. En récoltant 35 points lors des 24 derniers matchs du calendrier, j’ai pour la première fois réalisé que j’étais devenu un joueur de premier plan et que je pouvais être considéré comme l’un des meilleurs joueurs offensifs de la LNH. Cette constatation a eu pour effet de me rendre encore plus confiant.

Le 18 avril 2006, nous disputions notre dernier match du calendrier régulier à Raleigh contre les Hurricanes de la Caroline. Cette date restera longtemps gravée dans ma mémoire, car ce qui s’est produit ce soir-là démontre toute la fragilité dont peut faire preuve une jeune équipe de la LNH, peu importe sa position au classement.

Au dernier jour du calendrier régulier, nous étions assurés de terminer au quatrième rang dans l’Est. Même si nous avions accumulé un plus grand nombre de points que les éventuels meneurs de la division Atlantique, l’équipe qui allait remporter le titre de cette division allait d’emblée hériter du troisième rang.

Nous devions donc attendre qu’une équipe s’assure du cinquième rang pour connaître l’identité de nos adversaires en séries et trois possibilités subsistaient encore: les Devils du New Jersey, les Rangers de New York et les Flyers de Philadelphie. Mathématiquement, les chances que l’on affronte New York étaient très élevées. Les probabilités de devoir affronter les Devils étaient réduites et, quant aux Flyers, elles étaient infimes.

Nous blanchissons donc les Hurricanes lors de notre dernier match et tout le monde est de fort bonne humeur. À bord de l’avion, nous poursuivons une discussion amorcée dans le vestiaire, à savoir si nous préférerions affronter les Rangers ou les Devils.

La conversation est animée et tout le monde a son opinion là-dessus. Mais les joueurs sont unanimes sur un point: ils ne veulent pas affronter les Flyers! Les gros méchants Flyers sont intimidants et nous ne voulons pas croiser le fer avec eux en séries.

Toujours est-il que l’avion décolle sans que l’on connaisse l’identité de nos adversaires. Les Devils sont en train de compléter un match à Montréal alors que Flyers n’ont toujours pas terminé leur rencontre face aux Islanders à Long Island.

Quelques heures plus tard, l’appareil se pose à Buffalo et le pilote s’empare du micro, la voix pleine d’enthousiasme.

— Je vous souhaite un bon retour à la maison et, surtout, bonne chance en première ronde contre les Flyers de Philadelphie!

L’avion est devenu parfaitement silencieux tout d’un coup. Nous n’avions pas vu venir ce dénouement et nous étions tous sous le choc. Un à un, nous avons quitté l’appareil la tête basse en sachant que nous allions nous faire brasser d’aplomb par les Flyers.

Durant cette première série éliminatoire disputée dans l’uniforme des Sabres, j’ai constaté à quel point Lindy Ruff était un maître, en termes de préparation mentale et de gestion des moments de doute qui s’emparent inévitablement d’une équipe au cours d’un affrontement 4 de 7.

Nous étions extrêmement bien préparés quand la série s’est mise en branle à Buffalo, mais notre équipe était inexpérimentée et nous ne croyions pas encore vraiment en nous. Mais dès le départ, les dieux du hockey nous ont fait un clin d’œil.

Dès le début du match, Peter Forsberg s’est emparé de la rondelle dans la zone des Flyers et il a déjoué presque tout le monde avant de s’élancer en direction de notre gardien Ryan Miller. Mais Forsberg a perdu le contrôle du disque avant d’entrer dans notre territoire, ce qui a convaincu Miller qu’il pouvait atteindre la rondelle avant l’attaquant des Flyers.

C’est toutefois Forsberg qui est arrivé le premier et, après avoir facilement contourné Miller, il s’est présenté seul devant une cage totalement déserte. Quand Forsberg a tiré, notre défenseur Henrik Tallinder a désespérément plongé vers le filet, et la rondelle a miraculeusement atteint le manche de son bâton dans les airs.

Sur le banc, nous nous sommes tous regardés en nous disant: «Heille, on a peut-être une chance!»

Nous nous sommes ensuite mis à mieux jouer et ce match s’est rendu en deuxième période de prolongation. Il a pris fin quand Jochen Hecht a contourné un défenseur des Flyers pour ensuite me servir une passe parfaite dans l’angle mort du gardien Robert Esche. J’ai marqué à notre 58e tir de la rencontre.

C’était l’euphorie! Quel moment magique! Il s’agissait seulement de mon septième match éliminatoire en carrière; c’était la première fois que j’avais un impact aussi important et que je réglais la question en surtemps. Je n’ai jamais oublié ce moment.

Lors du match suivant, Jason Pominville et Jean-Pierre Dumont ont tous deux signé un tour du chapeau et nous avons écrasé les Flyers par la marque de 8 à 2.

Dans ce deuxième match, nous avons marqué sur nos deux premiers tirs et nous détenions une avance de 5-0 après la première période. Et tel que nous l’avions anticipé quand le pilote de l’avion nous avait annoncé l’identité de nos adversaires, les Flyers s’en sont alors donné à cœur joie en multipliant les coups salauds. Les arbitres leur ont décerné 12 punitions rien qu’au cours des deux derniers engagements. Ils auraient très bien pu en distribuer 48.

À la fin de la soirée, Lindy Ruff a déclenché toute une controverse en déclarant aux journalistes que les Flyers s’étaient comportés comme des idiots! L’entraîneur des Flyers, Ken Hitchcock, furieux, a été obligé de répondre à cette accusation. Hitchcock a piqué une colère et, jusqu’au troisième match, les médias n’ont cessé de se nourrir de ces déclarations et de jeter de l’huile sur le feu.

Après coup, j’ai compris la stratégie et l’intelligence de Ruff. En faisant ces commentaires alors que nous nous apprêtions à aller disputer deux matchs à Philadelphie (où nous n’étions pas à l’aise), il avait attiré toute l’attention vers lui et nous avait enlevé beaucoup de pression. Il avait par ailleurs réussi à braquer les projecteurs sur le superviseur de la ligue affecté à la série et à faire en sorte que les Flyers s’en tiennent davantage au hockey.

Philadelphie a effectivement joué de façon plus civilisée lors des matchs 3 et 4, mais nous avons perdu les deux fois par des pointages serrés. On était de retour à la case départ.

Le lendemain du quatrième match, quand nous nous sommes présentés à l’aréna pour notre séance d’entraînement, Lindy Ruff était de mauvaise humeur comme je ne l’avais jamais vu. Il était furieux.

— Pas d’entraînement aujourd’hui! On va se faire une petite réunion et une séance de vidéo! a-t-il annoncé.

Quand nous nous sommes assis dans la salle, nous avons eu droit à un film d’horreur. L’entraîneur avait découpé les matchs 3 et 4 en collant bout à bout toutes les séquences où nous avions perdu possession de la rondelle. Il devait y en avoir 90 ou 100 en tout. Pendant 45 minutes, nous nous sommes sentis gênés. Nous avions tous causé plusieurs revirements ou mal géré la rondelle à un moment ou à un autre durant ces deux matchs. Il y en avait pour tout le monde.

Tout au long de la séance, Lindy n’a pas prononcé un mot.

Quand la vidéo a pris fin, il a éteint son ordinateur et s’est calmement tourné vers nous.

— C’est très simple, les gars. Si vous voulez protéger la rondelle et la garder, on va gagner. Si vous voulez continuer à causer des revirements, on va perdre cette série-là. C’est à vous autres de décider.

Puis il est parti.

C’était très fort de sa part! En trois phrases, il venait de nous convaincre que les Flyers n’avaient joué aucun rôle dans nos deux défaites et que nous nous étions battus nous-mêmes en causant tous ces revirements.

Soudainement, notre problème n’était plus que les Flyers étaient trop forts ou trop physiques. Il n’y avait aucune excuse valable. Nous n’avions qu’à protéger la rondelle et cette série était terminée.

Le lendemain, nous avons remporté le cinquième match au compte de 3 à 0. Mais le score n’indiquait pas l’allure de la rencontre, que nous avions complètement dominée.

Puis, lors du sixième match à Philadelphie, nous avons totalement pulvérisé les Flyers en leur infligeant une volée de 7 à 1. Après cette rencontre, le défenseur Derian Hatcher a déclaré qu’il s’agissait de la défaite la plus gênante de sa carrière.

Ce qui s’est produit durant cette confrontation avec les Flyers s’est avéré une précieuse leçon que j’ai mise en pratique jusqu’à la fin de ma carrière. Les circonstances et les émotions fluctuent comme des montagnes russes en séries éliminatoires et il faut savoir gérer les périodes d’euphorie autant que les périodes creuses. Cette série – cruciale pour le développement de notre jeune équipe – m’a notamment enseigné qu’il n’existe pas d’équipes qui ont «le vent dans les voiles», comme le veut une expression très souvent utilisée dans les médias. Lorsqu’on veut remporter la coupe Stanley, il faut savoir repartir à zéro et recommencer à se battre tous les soirs.

La série suivante face aux Sénateurs d’Ottawa fut expéditive mais incroyablement serrée.

Alors que nous nous dirigions vers une défaite dans le premier match à Ottawa, nous sommes parvenus à marquer deux fois dans les 97 dernières secondes de jeu pour créer l’égalité 6-6. C’est un but de Tim Connolly, inscrit à seulement 10,7 secondes de la fin du troisième engagement, qui nous a envoyés en prolongation.

En surtemps, Chris Drury a fermé les lumières après seulement 18 secondes en déjouant Ray Emery d’un tir du cercle gauche.

Les Sénateurs étaient redoutables. Auteurs de 312 buts en saison régulière, ils possédaient la meilleure attaque de la LNH. Sans compter le fait que leur défense avait accordé le deuxième plus faible total de buts (205) au sein de la ligue. Ils n’avaient pas terminé premiers dans l’Est par hasard.

Dans le second match, ils nous ont surclassés par 44 à 17 au chapitre des tirs au but, mais Ryan Miller a livré une performance exceptionnelle et nous a permis de nous en tirer avec une victoire de 2-1.

Au bout du compte, tous les matchs de cette série se sont soldés par la marge d’un but et nous en avons remporté trois en prolongation. Les Sénateurs ont été éliminés en cinq matchs.

Lors de la série suivante, les dieux du hockey nous ont tout simplement volé la coupe Stanley. Purement et simplement.

En finale de la conférence de l’Est, nous affrontions les Hurricanes de la Caroline, qui avaient récolté deux points de plus que nous en saison régulière, mais par rapport à qui nous n’entretenions aucun complexe.

À nos yeux, les Hurricanes pouvaient d’ailleurs s’estimer chanceux de se retrouver en finale de l’Est. Lors du premier tour, ils tiraient de l’arrière 0-2 dans leur série face au Canadien de Montréal quand Justin Williams avait accidentellement et gravement blessé à un œil le capitaine montréalais Saku Koivu. Privé de son leader offensif, Montréal s’était ensuite fait battre lors des quatre matchs suivants par des scores serrés de 2-1, 3-2, 2-1 et 2-1. La Caroline avait ensuite eu droit à une deuxième ronde extrêmement facile contre les Devils du New Jersey. Un peu comme si les eaux s’étaient ouvertes toutes grandes devant eux.

Dans l’Ouest, le carré d’as était complété par les Ducks d’Anaheim et les Oilers d’Edmonton, qui avaient respectivement bouclé le calendrier aux sixième et huitième rangs de leur conférence.

Encore à ce jour, je reste convaincu que nous formions la meilleure équipe parmi les quatre qui étaient encore en lice. Mais à la ligne bleue, nos soldats se sont mis à tomber un à un.

Quand nous avons entrepris la série contre les Hurricanes, nous étions déjà privés des services de notre sixième défenseur, Dmitri Kalinin, qui s’était fracturé une cheville dans la série précédente face aux Sénateurs.

Nous avons remporté le premier match de la série, qui était disputé à Raleigh, mais durant lequel notre troisième défenseur, Teppo Numminen, a vu ses séries éliminatoires prendre fin en raison d’une blessure à une hanche.

La série s’est transportée à Buffalo sur une égalité de 1-1 et nous avons remporté la troisième rencontre. Mais à la toute fin de ce match, notre défenseur numéro deux, Henrik Tallinder, a subi une fracture à un bras.

À partir de ce moment, nous nous sommes mis à lutter pour notre survie avec des moyens très limités. Comme défenseurs réguliers, il ne nous restait que notre défenseur numéro un, Toni Lydman, le vétéran Jay McKee, qui était notre ancrage en défense, et un jeune Brian Campbell qui était encore à l’époque un défenseur de troisième paire.

«En fait, nous en étions rendus à jouer avec deux défenseurs qu’on utilisait pendant 35 minutes chacun», se souvient Lindy Ruff.

Les Hurricanes ont remporté le quatrième match au compte de 4 à 0. Deux défenseurs de notre club-école participaient à cette rencontre et, en troisième période, Lindy a utilisé l’attaquant Jason Pominville comme défenseur, en désespoir de cause.

Nous avons donné aux Hurricanes tout ce que nous avions lors du cinquième match, dont les 60 premières minutes de jeu se sont soldées par une égalité de 3-3. Dans la neuvième minute de la prolongation, Cory Stillman est toutefois parvenu à déjouer Ryan Miller, nous plaçant ainsi au bord de l’élimination.

Le sixième match avait lieu au HSBC Arena à Buffalo. Mes tympans résonnent encore quand j’en parle. Ce fut le match le plus bruyant auquel j’ai participé de toute ma vie.

Malgré notre défense rapiécée, nous sommes parvenus à livrer un autre duel extrêmement serré aux Hurricanes. Jean-Pierre Dumont a ouvert la marque en début de première, et nous avons su conserver notre avance jusqu’à très tard en fin de troisième. À moins de quatre minutes de la fin, un but de Bret Hedican nous a toutefois renvoyés en prolongation.

«De tous les matchs que j’ai disputés avec Daniel, celui-là fut l’un des plus mémorables, raconte Martin Biron. La prolongation venait de commencer. Après environ quatre minutes de jeu, nous étions installés dans la zone des Hurricanes. Daniel a contourné quelques joueurs avant de se retrouver tout près de son “bureau”, juste dans la partie supérieure du cercle de mise au jeu, sur le flanc gauche. Il a tiré, et Cam Ward a été battu. L’édifice a littéralement explosé! J’ai bondi du banc avec les autres gars de l’équipe et nous avons enveloppé Daniel dans nos bras. C’était incroyable!»

Après avoir célébré sur la patinoire, nous sommes rentrés au vestiaire, totalement vidés. Au HSBC Arena, le vestiaire des Sabres est situé dans la partie avant de l’édifice, ce qui fait en sorte que l’on peut entendre les partisans qui repartent après les matchs. Ce soir-là, le volume du bruit provenant de l’extérieur était carrément anormal. Les murs tremblaient et nous nous demandions si l’édifice n’était pas en train de s’écrouler. C’était tellement intense qu’en compagnie de quatre ou cinq coéquipiers, nous avons senti le besoin d’ouvrir la porte d’une sortie d’urgence pour voir ce qui se passait. Chaque fois que j’y repense, j’ai des frissons. Ç’a été un moment extraordinaire. Le lien qui unissait l’équipe aux partisans était extrêmement fort.

«J’ai encore clairement les images dans ma tête, se rappelle Martin. Les gens s’embrassaient et se donnaient des accolades. Ils ne voulaient plus partir. Il y en avait même qui faisaient du bodysurfing sur une mer de partisans. Je n’avais jamais vu la foule de Buffalo être aussi folle! Et je ne sais pas si on reverra ça un jour.»

Nous étions gonflés à bloc à l’idée d’aller disputer le septième match à Raleigh. Malgré toutes les blessures que nous avions subies, nous nous disions que nous avions une chance réelle de nous rendre en finale de la coupe Stanley.

«En arrivant à l’aréna le lendemain, nous avons appris que Jay McKee n’allait pas être en mesure de disputer le septième match. Il avait subi une coupure à une cheville dans un match précédent et la blessure avait dégénéré à cause d’une infection rarissime», explique Lindy Ruff.

Quand McKee est tombé à son tour, ce fut le dernier clou dans notre cercueil. Quand nous sommes arrivés à Raleigh pour disputer le septième match, nous avions deux défenseurs de la LNH en uniforme: Toni Lydman et Brian Campbell. Notre brigade défensive était complétée par Rory Fizpatrick, Doug Janik, Nathan Paetsch et Jeff Jillson. Si un autre défenseur s’était blessé, il n’y aurait eu personne pour le remplacer!

Acculés au pied du mur, nous nous sommes toutefois accrochés et battus jusqu’au bout. Nous détenions une avance de 2-1 après deux périodes, mais Doug Weight a créé l’égalité après seulement 94 secondes en début de troisième.

Les Hurricanes ont inscrit le but gagnant en avantage numérique avec moins de neuf minutes à jouer, alors que Campbell avait été puni pour avoir tiré la rondelle par-dessus la baie vitrée. Le match a pris fin sur un score de 4-2.

Les Hurricanes se sont ensuite présentés en finale de la coupe Stanley contre les Oilers d’Edmonton et leur gardien Dwayne Roloson, qui avait été absolument phénoménal depuis le début du tournoi éliminatoire. Le gardien des Oilers avait constamment maintenu sa moyenne d’efficacité autour de ,930 pour éliminer tour à tour les Red Wings de Detroit (détenteurs du trophée du Président), les Sharks de San Jose et les Ducks d’Anaheim.

Or, à cinq minutes de la fin du premier match de la finale, le défenseur Marc-André Bergeron a sévèrement mis en échec Andrew Ladd, des Hurricanes, qui fonçait en direction du filet de Roloson. Ladd a heurté le gardien des Oilers de plein fouet. Roloson a été blessé et n’a plus été en mesure de rejouer dans cette série.

Alors que le réserviste Jussi Markkanen défendait la cage des Oilers, les Hurricanes ont finalement remporté la finale de la coupe Stanley en sept matchs.

Loin de moi l’idée d’enlever quoi que ce soit aux Hurricanes. Mais lorsqu’on analyse leur parcours éliminatoire de 2006, il est difficile de ne pas en arriver à la conclusion que les astres s’étaient parfaitement alignés pour les mener jusqu’à la coupe. Pas d’erreur: les dieux du hockey étaient de leur côté.