Pourquoi certains jeunes joueurs parviennent-ils à se tailler une place dans la LNH alors que d’autres, tout aussi talentueux, n’y arrivent jamais?
Une vieille croyance veut que la réussite d’un grand nombre de hockeyeurs professionnels repose en partie sur la chance et que ceux-ci doivent se trouver «au bon endroit, au bon moment» pour obtenir une véritable occasion de démontrer leur savoir-faire. D’autres pensent qu’il leur faut simplement être en mesure de saisir les opportunités, aussi minces soient-elles, lorsqu’elles leur sont offertes.
On pourrait débattre longtemps là-dessus.
Ce que je sais, c’est que ma carrière dans la LNH s’est jouée en l’espace de 54 secondes, le 28 décembre 2001, alors que je disputais ma cinquième saison dans l’organisation des Coyotes de Phoenix.
Et tout ce qui s’est produit durant ces fameuses 54 secondes fut le résultat d’une cascade d’événements déclenchée un an et demi auparavant par le propriétaire des Coyotes, Richard Burke.
L’organisation des Coyotes de Phoenix m’avait réclamé en première ronde au repêchage de 1996 (24e joueur au total) après m’avoir vu inscrire 126 buts et 183 passes (309 points) en 149 matchs dans l’uniforme des Voltigeurs de Drummondville.
Avant d’entreprendre ma carrière professionnelle à l’automne 1997, la seule «adversité» que j’avais rencontrée dans le monde du hockey était le scepticisme de ceux (et ils étaient nombreux) qui me jugeaient trop petit pour franchir les étapes des niveaux bantam AA, midget AAA et junior majeur. Sauf qu’à chaque fois, j’avais bénéficié du temps de jeu nécessaire pour régler cet insignifiant débat sur la patinoire.
Dans les rangs professionnels, les enjeux étaient toutefois différents et les facteurs échappant à mon contrôle étaient nombreux.
Après une première excellente saison au sein du club-école de Springfield (36-56-92 en 68 parties) dans la Ligue américaine, j’avais bien fait à mon second camp d’entraînement à l’automne 1998. Le directeur général des Coyotes, Bobby Smith, avait alors pris la décision de me faire une place dans la LNH. Or, malgré le fait qu’on m’ait fait disputer 64 matchs, mon temps d’utilisation était très limité et je n’avais pas véritablement de rôle précis au sein de la formation. Dans le dernier segment de cette saison 1998-1999, on m’avait donc renvoyé dans la Ligue américaine.
Avant l’instauration du plafond salarial, la LNH était bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Les équipes étaient très majoritairement composées de vétérans, et les dirigeants accordaient la plupart du temps le bénéfice du doute aux joueurs qui avaient cumulé plusieurs années d’ancienneté. Même si un jeune joueur performait mieux qu’un coéquipier plus âgé, le vétéran obtenait souvent trois ou quatre chances de sauver son poste avant d’être définitivement remplacé.
En plus, Phoenix était l’une des équipes les plus âgées de la ligue à cette époque. Nous avions Mike Gartner, Craig Adams, Cliff Ronning, Keith Tkachuk, Jeremy Roenick et Rick Tocchet, tous d’excellents vétérans. Ce n’était pas évident de faire sa place et de déloger des joueurs de cette trempe.
À ma troisième saison (en 1999-2000), ma production offensive avait baissé dans la Ligue américaine. Et quand les Coyotes m’avaient rappelé pour 13 matchs ici et là, je n’avais pas été en mesure de me démarquer.
Et c’est à ce moment que le propriétaire de l’équipe est venu à ma rencontre.
— Daniel, j’ai un ami qui est psychologue sportif. Il travaille avec les Cardinals de l’Arizona dans la NFL et aussi pour les Mariners de Seattle dans le baseball majeur. C’est un ami personnel, et j’aimerais que tu le rencontres, avait proposé Richard Burke.
Le psychologue en question s’appelait Gary Mack. Monsieur Burke avait préalablement discuté de mon cas avec Mack et il avait résumé ma situation ainsi:
— Il y a un jeune joueur dans mon équipe qui devrait gagner des millions mais qui ne gagne que quelques dizaines de milliers de dollars par saison. Et je pense que tu pourrais l’aider.
Richard Burke aimait beaucoup son équipe. Mais comme je ne faisais pas partie des joueurs réguliers de la formation, je n’avais pas la chance de le rencontrer souvent. Par contre, son fils Taylor était le directeur général adjoint des Coyotes. Et j’avais beaucoup plus souvent affaire avec Taylor puisqu’il était responsable des opérations du club-école de la Ligue américaine.
Le fils Burke et moi entretenions une bonne relation. C’est peut-être pour cette raison que son père et lui ont mis autant d’effort pour m’aider. À ma connaissance, le psychologue sportif auquel Richard Burke m’avait référé n’avait travaillé avec aucun autre joueur de l’organisation auparavant.
Je suis donc allé rencontrer Gary Mack chez lui, dans les montagnes de Scottsdale. Son bureau était aménagé au sous-sol de sa résidence. C’était une vaste pièce bien meublée dont les murs étaient ornés de photos encadrées de clients avec lesquels il avait travaillé, surtout dans le monde du football et du baseball. En entrant dans cette pièce, on savait immédiatement qu’on venait de pénétrer dans un repaire de gars…
Lors de notre première rencontre, Gary m’a tout simplement demandé ce qui n’allait pas.
Et tout naturellement, j’ai tenté de lui expliquer pourquoi les choses ne fonctionnaient pas à mon goût et les raisons pour lesquelles j’avais de la difficulté à devenir un bon joueur de la LNH. Je me souviens de lui avoir raconté que l’entraîneur Bobby Francis ne me faisait pas confiance, qu’il ne me plaçait pas dans des situations qui m’étaient favorables et qu’il ne me faisait pas jouer suffisamment.
Gary Mack m’a laissé parler pendant de longues minutes sans dire un mot. D’un petit geste de la main, il m’a ensuite invité à faire une pause.
— Réalises-tu que tu as recours à des excuses pour tout expliquer et que, depuis que nous avons commencé cette conversation, tu ne t’es pas regardé dans le miroir pour me dire quelles sont tes fautes à toi?
C’est sur cette observation que notre première rencontre a pris fin.
Ébranlé par ce que je venais de me faire lancer au visage, je suis rentré à la maison. Sur le chemin du retour, je me disais que Mack semblait tenir pour acquis que c’était moi le problème. Et je me demandais: «Est-ce que ça vaut la peine de continuer à voir ce gars-là?»
J’ai ressassé tout ça pendant quelques jours. Même si je n’avais pas apprécié sa réplique, Mack avait touché une corde sensible et ça me chicotait. J’ai fini par me dire qu’il avait peut-être raison, que je devais mettre mon orgueil de côté et que ça pouvait sans doute m’être bénéfique de travailler avec lui.
Après réflexion, quand j’ai eu la certitude que je désirais sincèrement me consacrer entièrement à cette démarche, je suis retourné le voir. Et à compter de ce moment, Gary Mack et moi avons développé une intéressante complicité.
Les choses sont sans doute différentes aujourd’hui. Toutefois, il y a une vingtaine d’années, c’était encore mal vu dans le monde du hockey de consulter un psychologue sportif. Les gens interprétaient cette démarche comme une déficience ou un aveu de faiblesse, et non comme une façon de s’améliorer. À mes yeux, consulter Gary Mack n’était donc pas quelque chose d’anodin.
Toutes ces années plus tard, je constate toutefois que c’est une des meilleures choses que j’ai jamais faites.
Gary Mack était un homme sympathique, extrêmement intelligent et toujours très posé. Il ne haussait jamais le ton. Clairement, il maîtrisait parfaitement ses sujets et savait exactement de quoi il parlait. Il était capable de me citer en exemple des cas survenus au football, au baseball ou au golf. Et malgré les différences fondamentales entre ces trois sports et le hockey, il parvenait à puiser dans ses expériences passées pour identifier des dénominateurs communs avec le monde du hockey.
Même si le hockey n’était pas son sport de prédilection, il était clair qu’il faisait minutieusement ses devoirs et qu’il suivait ses clients de très près. En l’écoutant me raconter le cheminement des autres athlètes qu’il avait accompagnés, j’avais confiance qu’il pourrait m’aider à devenir un meilleur joueur de hockey.
Nos rencontres se sont échelonnées sur environ un an et demi. Mais en gros, Gary Mack m’a rapidement fait comprendre l’importance de prendre mes responsabilités et de toujours tenter de maîtriser pleinement les aspects de ma carrière dont j’étais le seul responsable.
Je ne pouvais contrôler les entraîneurs, je ne pouvais contrôler les arbitres et je ne pouvais contrôler les coéquipiers avec lesquels je jouais. Par contre, je contrôlais totalement ma préparation pour les matchs ainsi que la façon de me comporter sur la patinoire lorsqu’on me donnait la chance de jouer.
Quand j’ai commencé à le rencontrer, j’étais âgé de 21 ans. J’étais déjà père de deux garçons et ma femme était enceinte d’un troisième. Mack s’est attardé sur cette facette de ma vie – pas très courante pour un gars de mon âge, et encore moins pour un athlète professionnel – parce qu’il savait que j’étais pas mal sollicité à la maison.
Il insistait donc beaucoup pour m’aider à dissocier ma vie d’athlète professionnel de ma vie familiale. Il fallait selon lui que cette coupure s’enclenche automatiquement aussitôt que je mettais le pied dans le vestiaire. Ainsi, dès que je rangeais mes vêtements dans mon casier, j’y engouffrais en même temps tout ce qui avait rapport avec «Daniel Brière, l’homme de famille».
— Tout ce qui appartient à l’homme de famille s’en va dans le casier avec tes vêtements, expliquait-il. Quand tu enfiles ta combinaison, tu deviens “Daniel Brière, le joueur de hockey”. Et ces deux-là sont deux personnes complètement différentes. Tu laisses tout dans ton casier. Aucun problème n’existe, que ce soit à la maison avec ta femme ou avec les enfants, que ce soit avec une banque ou avec une carte de crédit. Tout ça disparaît. Tu laisses ça dans le casier et tu deviens le joueur de hockey qui n’a qu’une seule préoccupation: être le meilleur possible au cours des trois prochaines heures.
Un hockeyeur sous-utilisé a beau se préparer parfaitement et faire abstraction de tous les facteurs qu’il ne contrôle pas, en bout de ligne, s’il veut renverser la situation, il doit quand même trouver le moyen de bien performer quand l’entraîneur l’envoie sur la patinoire.
Pour m’aider à remplir ce mandat, Gary Mack me suggérait des routines et des exercices assez particuliers.
Par exemple, afin d’atténuer la frustration découlant de longues présences au banc et pour accroître mon niveau d’implication durant les matchs, l’une de ces routines consistait à faire des «présences mentales» sur la patinoire.
Ainsi, quand l’entraîneur m’utilisait peu, je devais constamment suivre du regard un coéquipier occupant la même position que moi et essayer de me mettre dans sa peau.
Très régulièrement, je choisissais de disputer ce match mental en me concentrant sur Jeremy Roenick. Je n’étais pas dans la même classe que Roenick à ce stade de ma carrière, mais il était un joueur de centre offensif occupant un rôle auquel j’aspirais. En disputant mentalement chaque présence avec lui, je n’avais pas l’impression d’avoir passé 25 ou 30 minutes assis sur le banc à ne rien faire.
Une autre stratégie intéressante consistait à identifier de façon précise le niveau d’intensité que je devais déployer sur la patinoire après avoir passé de longues minutes sur le banc. S’insérer instantanément dans le rythme d’un match auquel on participe peu est extrêmement difficile.
Mack me demandait donc d’identifier un chiffre, sur une échelle de 1 à 10, correspondant à mon niveau d’intensité optimal sur la patinoire. Par exemple, un gardien doit probablement maintenir un niveau d’intensité de 3 ou 4 afin de rester en contrôle. Lorsqu’on regarde jouer Carey Price, il est clairement en contrôle et très détendu devant son filet. De son côté, un défenseur devrait peut-être viser un 5 ou un 6.
En discutant, Mack et moi avons déterminé que le chiffre 8 correspondait probablement le mieux à mon style de jeu. J’estimais qu’en plaçant la barre à 8 sur 10, j’étais en mesure de maintenir un niveau d’implication élevé tout en prenant le temps de bien lire ce qui se déroulait autour de moi et de choisir les bonnes options une fois en possession de la rondelle.
Dans une autre phase de nos rencontres, Gary m’avait aussi demandé d’identifier des aspects du jeu qui allaient me permettre de me démarquer des autres joueurs à tous les matchs.
Je lui avais alors déballé le manuel 101 du parfait joueur de hockey:
— Je dois être fort physiquement, je dois remporter mes batailles dans les coins de patinoire, je dois utiliser mon explosivité pour me séparer des autres joueurs, je dois gagner mes mises au jeu, je dois aller au filet et ne pas avoir peur de me placer devant le gardien, je dois bien jouer défensivement, je dois me replier en défense au maximum…
Il m’avait alors interrompu.
— Écoute, tout ça est trop compliqué! Tu n’as pas la chance de penser à tous ces détails chaque fois que tu sautes sur la glace. Alors tu vas te concentrer sur deux ou trois points clés à chaque match. Seulement sur deux ou trois aspects qui sont importants pour toi et c’est là-dessus que nous allons travailler.
Par la suite, lors des jours de matchs, nous nous entendions sur un maximum de deux ou trois points sur lesquels j’allais devoir me concentrer à chaque présence. Ces points changeaient pratiquement à chaque match. Mais comme la liste s’arrêtait à deux ou trois, c’était assez facile à mettre en pratique tout en restant concentré sur le déroulement de la rencontre.
Enfin, chaque partie était précédée d’une séance de visualisation de 15 à 20 minutes. Durant ces moments de relaxation, je passais en revue nos prochains adversaires en plus de me remémorer les plus beaux buts et les meilleurs jeux que j’avais réussis au cours des matchs précédents.
Étudier de près les joueurs des autres équipes de la LNH était pour moi une sorte de seconde nature. Les soirs où mon équipe ne jouait pas, je regardais les matchs opposant d’autres équipes à la télévision afin de mieux connaître les points forts, les points faibles ainsi que les automatismes des défenseurs et des gardiens auxquels j’allais plus tard être confronté.
La veille de chaque match, mes sessions de visualisation me permettaient en quelque sorte de passer en revue toutes ces notes que j’avais en mémoire. Je faisais jouer des pièces musicales apaisantes – souvent du Kenny G – et je passais une dizaine de minutes à dresser le portrait tactique et technique de chacun des joueurs contre lesquels j’allais jouer le lendemain.
Par la suite, je complétais ma session en faisant rejouer dans ma tête mes plus beaux jeux. En début de saison, cette portion de ma session de visualisation était beaucoup plus courte. Mais plus le calendrier avançait, plus ma liste de faits saillants s’allongeait. Si j’avais récolté 30 buts et 30 mentions d’aide quand se pointait le mois d’avril, j’étais capable de me remémorer, dans l’ordre, chaque but et chaque mention d’aide, simplement parce que je me livrais constamment à cette gymnastique mentale.
Cette routine m’aidait beaucoup. J’avais l’impression d’être parfaitement préparé chaque fois que je me rendais à l’aréna pour y disputer un match.
Quand le camp d’entraînement de la saison 2000-2001 (ma quatrième chez les pros) s’est mis en branle, je consultais Gary Mack depuis seulement quelques mois.
J’ai connu un camp correct – mieux que celui de la saison précédente, en tous cas – et le directeur général Bobby Smith a choisi de me garder à Phoenix dans le rôle de 13e attaquant. Je n’ai été utilisé que lors du match inaugural (durant six minutes) et, deux semaines plus tard, on m’a appelé pour m’annoncer que j’allais être soumis au ballotage.
— Si aucune équipe ne te réclame, tu seras renvoyé à Springfield, m’a-t-on expliqué.
Mon agent Pat Brisson s’est alors mis à l’œuvre en demandant aux Coyotes la permission de sonder lui-même le terrain auprès d’autres directeurs généraux. Il voulait ainsi vérifier s’il y avait de l’intérêt à mon endroit sur le marché. Comme les Coyotes avaient lancé la serviette, cette permission lui a été accordée.
Pat m’a appelé en début de soirée pour me dire que les deux seules organisations qui avaient témoigné de l’intérêt à mon endroit étaient les Thrashers d’Atlanta et le Canadien de Montréal.
Il a insisté sur le fait que des pourparlers extrêmement sérieux avaient eu lieu avec le Canadien. Il avait même été question d’une nouvelle entente contractuelle.
— Ton contrat les effraie un peu, mais on a travaillé sur un scénario pour restructurer l’entente et nous assurer que tout le monde soit à l’aise. Le Canadien va me faire parvenir un fax demain matin et je te l’envoie pour qu’on signe tout ça, m’avait-il expliqué.
Quand je suis allé me coucher ce soir-là, je ne rêvais qu’au Tricolore. Je me disais que j’allais faire partie de la grande famille du Canadien et j’étais surexcité par ce revirement de situation. Je n’en ai presque pas dormi de la nuit.
Le lendemain matin, j’ai fait les cent pas à la maison. Les Coyotes m’avaient dispensé de me présenter à l’aréna. Nous avions convenu qu’un représentant de l’équipe allait me téléphoner pour m’annoncer si je devais me rendre à Springfield ou si une autre organisation m’avait réclamé. Dans ma tête, je me disais que les jeux étaient déjà faits. J’étais convaincu que le Canadien allait me réclamer.
Les joueurs soumis au ballotage devaient être réclamés avant midi, heure de l’est. Comme le décalage horaire est de trois heures entre New York et Phoenix, je m’attendais à recevoir un appel autour de 9 heures. Mais le téléphone n’a pas sonné. À 10 heures non plus. Finalement, Taylor Burke m’a appris vers 11 heures que je n’avais pas été réclamé et que je devais prendre un avion en après-midi à destination de Springfield, au Massachusetts.
Incrédule, j’ai tout de suite téléphoné à Pat pour tenter de comprendre ce qui venait de se passer. Le Canadien, semble-t-il, avait décidé de passer son tour afin de ne pas avoir à sacrifier le Finlandais Juha Lind.
Cette nouvelle a eu l’effet d’une retentissante claque en pleine face. En tant qu’athlète, on croit toujours qu’il y a un autre directeur général, quelque part, qui sera disposé à nous accorder une chance. Mais le verdict qui venait de tomber était sans appel: dans toute la LNH, personne ne croyait en moi. Personne.
Encore sous le choc, j’ai fait mes valises, j’ai quitté ma femme et mes fils, je me suis rendu à l’aéroport et je suis monté à bord du vol Phoenix-Hartford.
Cette envolée de cinq heures a été l’un des moments de ma vie où j’ai le plus grandi et le plus gagné en maturité. Au lieu de pointer un doigt accusateur vers les dirigeants des Coyotes, je me suis regardé dans le miroir. Plongé dans mes pensées, je me répétais sans cesse:
«C’est moi le problème. Plus personne ne veut de moi! Il faut que je me prenne en main. Je dois changer mon style de jeu. Je dois retrouver la fougue et la détermination qui m’ont mené jusqu’à la LNH.»
Quand j’ai rejoint le club-école à Springfield, je suis directement allé à la rencontre de l’entraîneur-chef Marc Potvin.
— Marc, je ne suis pas ici pour faire la baboune comme dans le passé. Je veux retourner dans la LNH et je suis ici pour jouer au hockey! Je veux faire une différence au sein de ton équipe et je veux être ton meilleur joueur. Je veux que tu me donnes la chance de jouer en avantage et en désavantage numérique. Je veux me faire confier toutes les mises au jeu importantes et je veux être confronté aux meilleurs joueurs des autres équipes tous les soirs, à chaque présence.
Assis derrière son bureau, Potvin a semblé à la fois amusé et surpris.
— Calme-toi un peu, le jeune! On va voir comment ça va aller. On va pratiquer aujourd’hui et après, on verra.
Le lendemain était un jour de match. Je me présente à l’aréna pour l’entraînement matinal et l’entraîneur m’appelle dans son bureau.
— J’ai pensé à ce que tu m’as dit hier. C’est parfait! Je vais te donner la chance que tu réclames, mais tu es mieux de répondre, m’a-t-il prévenu.
Marc Potvin a tenu sa parole et j’ai tenu la mienne.
En 30 rencontres avec Springfield, j’ai obtenu 21 buts et 25 passes, pour 46 points. Ces statistiques offensives étaient à peu près semblables à celles de la saison précédente. Sauf que la qualité de mon jeu était incomparable. Parce que l’entraîneur m’utilisait dans toutes les situations importantes, autant en défense qu’en attaque, ma contribution aux succès de l’équipe était nettement plus importante et plus valorisée.
Après ces 30 matchs dans la LAH, les Coyotes m’ont rappelé à Phoenix au début de janvier.
Quand j’ai rejoint l’équipe, ma relation avec le hockey avait considérablement changé. Tout le travail fait en compagnie de Gary Mack commençait à porter fruits. Je me suis dès lors concentré exclusivement sur les facteurs qui étaient sous mon contrôle, comme ma préparation, la qualité de mon jeu ainsi que la qualité de mes entraînements.
L’entraîneur avait beau me jumeler à des joueurs de quatrième trio qui n’étaient là que pour se battre, il pouvait m’écarter de l’avantage numérique ou réduire mon temps de jeu au minimum, il n’était plus question de me plaindre ou de m’apitoyer sur mon sort.
J’ai récolté 11 buts et 4 mentions d’aide en 27 matchs avec Phoenix durant cette deuxième moitié de saison, ce qui était remarquable compte tenu de mon temps d’utilisation.
Bobby Francis m’avait utilisé durant seulement sept minutes à mon premier match et j’avais récolté deux passes. De match en match, mon temps de jeu s’est graduellement mis à grimper jusqu’à 16 minutes et j’ai connu une séquence de six rencontres de suite avec au moins un but (sept buts au total).
Toutefois, plus la saison avançait, plus Francis misait sur les vétérans parce que l’équipe était engagée dans une course aux séries éliminatoires. Mon temps de jeu s’est rapidement mis à diminuer et j’ai même été laissé de côté plusieurs fois. J’ai passé pas mal de temps sur la passerelle de presse à regarder jouer le reste de l’équipe en compagnie de mon coéquipier Joël Bouchard.
Heureusement que Joël était là pour me soutenir durant cette période. Il en était à sa huitième saison et à sa quatrième organisation dans les rangs professionnels. Joël avait vu neiger. Il avait appris à rouler avec les coups et il était fort mentalement. En nous soutenant l’un l’autre, nous avons réussi à accepter plusieurs décisions de l’entraîneur que nous estimions injustes. Cette adversité a fait naître entre nous une solide amitié qui a traversé le temps.
À la fin de la saison, lors du traditionnel bilan que les entraîneurs font en tête à tête avec chacun de leurs joueurs, Bobby Francis a clairement mis cartes sur table avec moi.
— Tu as très bien fini la saison, Danny. Tu as ouvert les yeux à plusieurs personnes et tu as fort bien joué. Personnellement, je t’adore comme individu mais, en tant que joueur, j’ai de la difficulté à te trouver de la place au sein de notre alignement. Tu devrais demander à l’organisation de t’échanger et de te donner la chance d’aller jouer ailleurs.
Francis et moi n’avions aucun conflit de personnalité et nous étions tout à fait capables de nous parler franchement. Sauf qu’il n’appréciait pas le type de joueur que j’étais et il ne voyait pas comment je pouvais lui être utile. En d’autres mots, l’entraîneur-chef appréciait «Daniel Brière, l’homme de famille», mais il ne voulait rien savoir de «Daniel Brière, le joueur de hockey».
Et pour régler ce genre de problème, Gary Mack n’avait aucune solution…
Cet été-là, j’ai discuté avec Pat Brisson de la possibilité de m’exiler en Europe.
— L’entraîneur ne m’aime pas, l’organisation m’a soumis au ballotage et personne ne m’a réclamé. Il n’y a pas de place pour moi, avais-je déclaré.
Je recevais des offres de certains clubs suisses et j’étais prêt à partir. Mais Pat n’en démordait pas. À ses yeux, il était beaucoup trop tôt dans ma carrière pour songer à l’Europe et je devais continuer de me battre. Il arguait par ailleurs que les Coyotes étaient la meilleure organisation au sein de laquelle je pouvais poursuivre ma carrière.
— Faisons un exercice, juste pour voir. Analysons les alignements de toutes les équipes de la LNH et identifions quel serait l’endroit où tu aurais le plus de chances d’obtenir un poste régulier.
Ensemble, nous avions passé en revue les alignements des 30 formations de la ligue et les Coyotes étaient effectivement les seuls à ne pas miser sur deux centres capables de jouer régulièrement au sein des deux premiers trios. Offensivement, l’organisation était aussi l’une des moins stables de la ligue.
De fil en aiguille, Pat a donc fini par me convaincre de continuer à me battre pour obtenir un poste au sein de l’organisation des Coyotes et qu’un dénouement positif allait finir par survenir.
La saison 2001-2002 a donc commencé sur une note assez étrange.
J’ai connu un très bon camp et obtenu un poste avec l’équipe. Mais comme l’entraîneur me l’avait clairement indiqué quelques mois auparavant, je ne faisais pas partie de ses plans. La plupart du temps, j’évoluais donc sporadiquement au sein du quatrième trio ainsi que comme spécialiste de l’avantage numérique. Je n’étais à peu près pas utilisé à cinq contre cinq.
Malgré cela, et même si l’entraîneur me rayait de l’alignement à l’occasion, je comptais 10 buts à ma fiche à Noël, ce qui me plaçait au premier rang de l’équipe, à égalité avec Claude Lemieux et Daymond Langkow. Je continuais à me concentrer sur mes affaires et à ignorer les aspects sur lesquels je ne pouvais exercer aucun contrôle.
Et puis est arrivé le fameux match du 28 décembre.
Deux jours auparavant, nous avions livré un match nul de 1-1 aux Kings de Los Angeles alors que j’avais été laissé de côté par Bobby Francis. Comme l’équipe n’avait remporté que deux de ses dix derniers matchs, un verdict nul était presque considéré comme une victoire. J’étais donc convaincu d’être à nouveau relégué sur la passerelle pour la partie du 28 décembre face aux Flyers de Philadelphie.
Le matin du match, je me présente à l’entraînement matinal et, comme prévu, l’entraîneur me confirme sa décision: je ne jouerai pas. Après l’entraînement, je reste donc sur la patinoire pour faire une heure de temps supplémentaire. Et quand je rentre au vestiaire, l’entraîneur responsable du conditionnement physique vient à ma rencontre et me propose:
— Est-ce que ça te tente de faire ton entraînement hors glace tout de suite? Comme ça, tu n’auras pas à le faire ce soir, durant le match.
— Pourquoi pas?
En début d’après-midi, je passe donc une heure de plus au gymnase à suer à grosses gouttes. Les entraîneurs de l’équipe profitent aussi de ce moment pour s’entraîner un peu. Ils me voient tous travailler.
Quand je suis sur le point de quitter l’aréna, le soigneur de l’équipe me tire par la manche.
— Pourrais-tu te présenter à l’aréna à la même heure que les joueurs qui vont participer au match? Il y en a quelques-uns qui sont malades. Ce n’est rien de sérieux et ça ne devrait pas les empêcher de jouer, mais c’est juste une précaution, au cas où nous aurions besoin de toi.
C’est le temps des Fêtes et mes parents sont en visite à la maison. Ça ne fait pas vraiment mon affaire d’aller perdre du temps à l’aréna avant le match au cas où un coéquipier serait incommodé. Mais je me dis que c’est ma responsabilité d’être là.
Je rentre ensuite à la maison et on passe l’après-midi au bord de la piscine en famille. Nous préparons des hot-dogs sur le barbecue, puis je m’endors au soleil pendant environ une demi-heure. Quand je me réveille en sursaut, je me rends compte que je suis déjà 10 minutes en retard. Je bondis de ma chaise longue, je me change en vitesse et je me rends aussi vite que possible au America West Arena.
En entrant dans l’amphithéâtre, je passe devant le vestiaire des Flyers et je croise Jeremy Roenick, chez qui j’avais habité la saison précédente. Nous commençons alors un brin de jasette. Mais assez rapidement, l’un des préposés à l’équipement des Coyotes arrive en trombe.
— Dan! Dan! On te cherche partout! L’entraîneur veut te voir!
Je me précipite au vestiaire et j’enfile rapidement ma combinaison pour faire croire que j’étais arrivé depuis un bout de temps et que j’étais en train de m’entraîner ou d’enrubanner mes bâtons. Je me rends ensuite au bureau de l’entraîneur. Quand j’entre dans la pièce, l’atmosphère est étrangement lourde. Il se passe quelque chose.
Bobby Francis est au téléphone et il griffonne des numéros de vols sur une feuille. Je balaie la pièce du regard et les entraîneurs ont tous la tête basse. Il y a clairement quelque chose d’anormal. Je me dis: «Ou bien j’ai encore été soumis au ballotage et je m’en retourne dans les mineures, ou bien je viens d’être échangé.» En toute franchise, j’espérais vraiment qu’il s’agisse d’une transaction. Je voulais avoir la chance de jouer quelque part.
Bobby Francis raccroche.
— Sortons d’ici. Je veux te parler.
Nous nous retrouvons alors tous les deux dans le corridor et l’entraîneur m’annonce:
— On vient d’effectuer une grosse transaction…
Je l’interromps sur-le-champ:
— Ah, OK. Je m’en vais où?
— Non, non! On a échangé d’autres gars, et ça me cause un problème majeur, répond Francis.
Il m’explique alors que les attaquants Trevor Letowski, Todd Warriner et Tyler Bouck, ainsi qu’un choix de 3e ronde, viennent d’être cédés aux Canucks de Vancouver en retour du défenseur Drake Berehowski et de l’attaquant Denis Pederson.
— La transaction vient de se faire et les nouveaux joueurs ne sont pas arrivés. Nous manquons de personnel pour ce soir. Serais-tu en mesure de jouer? demande-t-il.
Je le regarde, les yeux ronds.
— Certainement que je suis prêt à jouer! C’est ma job. Je suis prêt et je veux jouer!
— Oui, mais j’ai vu que tu as fait du temps supplémentaire sur la patinoire et que tu t’es entraîné en gymnase cet après-midi. J’ai vu tout ce que tu as fait. Alors je t’utiliserai seulement en avantage numérique.
— Non, non, Bobby! Je suis prêt à jouer sans restriction. Je veux absolument jouer!
— Je ne veux pas te placer dans une mauvaise situation. J’ai vu tout ce que tu as fait aujourd’hui.
— Non, non! Je me sens bien. Je suis prêt à jouer et je veux jouer!
Nous nous quittons sur ce dialogue de sourds. Et là, je me rends compte que je dois me dépêcher parce que je suis vraiment en retard! Je n’ai aucun bâton prêt pour le match et je dois arranger mon équipement. Je suis vraiment à la dernière minute. Je passe à travers ma routine habituelle à vitesse grand V.
Je réussis à me présenter sur la patinoire à temps pour la période d’échauffement. Ensuite, le match commence. Je suis assis au bout du banc. Malgré ma vive insistance et même si nous n’avons pas suffisamment de joueurs, il est clair que je ne jouerai pas beaucoup. Je détache donc mon casque et je m’installe pour regarder le match.
Toutefois, dès la troisième minute de jeu, Keith Primeau (des Flyers) est puni pour assaut. L’entraîneur m’ayant prévenu qu’il m’utiliserait seulement en supériorité numérique, j’attache tout de suite mon casque et je regarde par-dessus mon épaule pour voir si l’entente tient toujours. Il me fait signe d’y aller.
Après 35 secondes de jeu, mon coéquipier Teppo Numinen attaque la ligne bleue adverse au centre de la patinoire. Il me refile la rondelle sur l’aile, j’entre en zone adverse et j’effectue un tir frappé. But!
Sur le banc, les gars la trouvent bien bonne. Ils savent que je jouerai peu et ça les amuse que je sois parvenu à marquer dès ma première présence.
Ma seule présence, en fait, car les lames de mes patins ne retoucheront pas à la surface glacée durant les dernières 17 minutes de jeu du premier engagement. J’effectue donc des présences mentales afin de rester sur le qui-vive. Puis, durant le premier entracte, je me précipite sur la bicyclette stationnaire pour tenter de me dégourdir un peu les jambes. J’ai patiné 35 secondes et j’ai été assis durant environ trois quarts d’heure! Il faut que je bouge pour être capable de suivre le rythme du match si jamais une autre pénalité survient.
La deuxième période commence. Dans la cinquième minute, Luke Richardson écope d’une pénalité pour bâton élevé du côté des Flyers.
J’attache mon casque. Je regarde par-dessus mon épaule. «Vas-y», m’indique Francis.
Cette fois, la séquence de jeu dure exactement 19 secondes. Numminen tire de la ligne bleue. Je sors depuis l’arrière du filet pour m’emparer du retour et je contourne le gardien Brian Boucher à toute vitesse pour marquer dans une cage déserte. But!
Sur le banc, mes coéquipiers sont pliés en deux. Je marque chaque fois que je touche à la rondelle! Puis le jeu reprend et, encore une fois, Bobby Francis m’oublie au bout du banc jusqu’au prochain entracte.
Quand nous rentrons au vestiaire après la deuxième, tous les joueurs rigolent encore. Ils n’en reviennent pas que je sois parvenu à marquer deux buts en passant seulement 54 secondes sur la glace!
Un entraîneur adjoint fait alors irruption dans le vestiaire.
— Danny, est-ce que tu peux venir dans le bureau? Bobby Francis voudrait te reparler.
Alors j’entre dans le bureau et Bobby me demande:
— Est-ce que tu as déjà joué à l’aile?
C’est la question qui tue. Je n’ai presque jamais occupé cette position. Mais dans la situation où je me trouve, je n’ai plus rien à perdre. Je veux simplement qu’on me donne la chance de sauter sur la patinoire.
— Oui, bien sûr! que je lui réponds.
— Est-ce que tu préfères l’aile gauche ou la droite?
J’essaie de réfléchir rapidement pour identifier la meilleure option. Sergei Berezin, l’un de nos ailiers gauches, est blessé. Un autre ailier gauche, Brad May, est aussi blessé. Todd Warriner, qui vient d’être échangé, était aussi un ailier gauche. Dans les circonstances, même si je suis droitier, je lui réponds que je préfère le côté gauche.
— Parfait! Tu vas jouer avec Shane Doan et Daymond Langkow en troisième, déclare Francis.
J’ai joué en compagnie de Doan et Langkow pendant environ trois semaines, jusqu’à ce que notre deuxième joueur de centre, Michal Handzus, se blesse sérieusement. Bobby Francis m’a alors confié le poste d’Handzus et j’ai détenu ces responsabilités jusqu’à la fin du calendrier.
Quand la saison 2001-2002 a pris fin, il y avait 32 buts et 28 mentions d’aide à ma fiche. Cette saison-là, je suis véritablement devenu un joueur de la LNH.
Plusieurs moments clés surviennent au cours d’une carrière d’athlète professionnel. Et lorsque je repense à l’ensemble de mon parcours, je sais que ce match et ces 54 secondes de jeu ont définitivement fait basculer ma carrière du bon côté.
En dressant la liste de tous les événements survenus lors de cette mémorable journée du 28 décembre 2001, on peut facilement convenir que tous les astres étaient parfaitement alignés, non seulement pour que j’échoue, mais aussi pour m’offrir une liste d’excuses longue comme le bras. C’était comme si quelqu’un avait mis la main sur le manuel Comment gâcher une partie de hockey.
J’avais fait du temps supplémentaire sur la patinoire et en gymnase après l’entraînement matinal. J’avais passé l’après-midi au soleil, où je m’étais endormi pendant quelques minutes au lieu de faire ma sieste habituelle. À la place d’un bon repas d’avant-match, j’avais mangé des hot-dogs! J’étais arrivé à l’aréna en retard, au pas de course, et l’entraîneur m’avait appris à la toute dernière minute que j’allais jouer, bien après l’heure de mon habituelle préparation d’avant-match. Mes bâtons et mon équipement n’étaient pas prêts. Sans compter que mon utilisation avait été limitée à deux courtes présences lors des deux premières périodes.
Aucun autre moment ne pourrait mieux exprimer toute l’ampleur et toute la valeur du travail mental que j’avais fait en compagnie de Gary Mack au cours des 18 mois précédents. Cette démarche m’a permis d’être prêt et de saisir ma chance lorsqu’elle s’est enfin présentée.
Gary Mack n’a malheureusement jamais vu tout ce qu’il m’a aidé à accomplir dans la LNH. Il est décédé d’une crise cardiaque moins d’une année après ce match déterminant, le 7 octobre 2002, à l’âge de 58 ans.
Ma carrière s’est finalement étalée sur 17 saisons, au cours desquelles j’ai disputé 1097 matchs (en incluant les séries éliminatoires).
Chaque fois que je posais mes patins sur la patinoire, j’étais confronté à des adversaires auxquels je concédais 40 ou 50 livres. Je savais parfaitement qu’ils étaient plus forts que moi, mais, mentalement, j’étais convaincu qu’aucun d’entre eux ne m’arrivait à la cheville.
Les joueurs les plus costauds savent qu’ils jouissent d’un net avantage parce qu’ils peuvent frapper leurs adversaires et leur faire mal.
Or la force mentale que j’ai développée avec Gary Mack me procurait en quelque sorte le même genre de complexe de supériorité. Je savais que je possédais quelque chose que les autres n’avaient pas. Avant chaque match, j’avais la profonde conviction que j’étais le joueur le mieux préparé et que j’allais faire la différence entre la victoire et la défaite. Sans cette conviction, je ne crois pas que j’aurais eu le même genre de carrière.