OUVRIR LE DUVET DU « JE »

Parfois, en réponse au pouvoir pénétrant de votre propre satsang, vous pouvez expérimenter un changement de régime. Un passage du mode manuel au mode automatique a lieu. Le « je » s’ouvre comme un duvet, un sac de couchage ; l’Être s’en extrait à quatre pattes, bâille, s’étire et redécouvre sa plénitude. Des énergies bloquées se dénouent, comme par exemple vos conditionnements, vos habitudes, vos peurs, vos attachements et vos désirs. De par le passé, elles étaient la trame qui soutenait votre impression d’avoir une existence indépendante, autonome. Pendant quelque temps, des souvenirs et des tendances en sommeil se réveillent. Votre expérience du monde sera comme neuve. Il n’est donc pas rare que pendant cette période de nombreuses turbulences se présentent. Laissez tout advenir. Retenez-vous de tirer des conclusions sur ce que vous percevez. Restez simplement tranquille. Laissez les choses venir. Résistez à la tendance d’interpréter les événements. Ne jugez pas.

Pendant un certain temps, il se peut que votre vie n’ait plus rien d’une routine. Vous risquez d’oublier vos clés, votre numéro de téléphone, quel bus prendre pour rentrer chez vous et ainsi de suite. La panique pénétrera peut-être votre esprit. Mais quelle chance d’être en satsang, un environnement qui vous rappelle que tout va bien ! Vous êtes entre les mains de Dieu, donc ne vous souciez pas de prendre soin de vous-même. Vous l’avez fait bien assez longtemps. Maintenant, vous allez découvrir comment l’univers prend soin de vous.

Peu à peu, vous sentirez en vous une paix plus profonde, qui n’est plus perturbée pour un rien. Votre humeur va trouver naturellement son équilibre. Vous reconnaîtrez que les actions et réactions dans lesquelles vous étiez autrefois profondément impliqué, sont perçues dans cet espace de Conscience avec lequel vous ne faites qu’un, mais que vous n’êtes pas touché. Il y a une stabilité, une profondeur dans cette reconnaissance, et une grande joie monte en vous sans causes extérieures.

L’instabilité initiale ressentie au niveau des expériences correspond aux douleurs de l’accouchement au cours de votre naissance au Vide. Laissez se révéler les choses jusqu’à ce qu’elles se posent. On peut comparer ça au bruit produit par une bouteille vide lorsque vous la jetez à l’océan, « gloup, gloup ». Une fois que tout l’air est sorti, elle ne fait plus de bruit et tombe au fond de l’océan. Votre mental est comme cette bouteille. Au début, il fait quelques « gloup, gloup », puis il devient très silencieux. Ne soyez donc pas perturbés par toutes ces choses. Elles arriveront. Même si vous croyez devenir fou, ça passera aussi. Ce ne sont que de petites bulles d’air qui s’échappent. Résistez à la tentation de formuler la moindre conclusion. C’est le mental qui lutte pour maintenir son emprise. Vous avez vécu votre vie comme si vous suiviez une partition de musique. Maintenant que toute la partition est brûlée, vous devez jouer d’oreille la chanson de votre vie. Le déroulement des choses n’est plus de votre ressort. Très peu de gens peuvent supporter ça. Il se peut que certains reviennent en arrière et le mental attend votre retour avec impatience. Mais en satsang, vous êtes encouragés à supporter ces tribulations. Ça ne dure qu’un temps, aussi longtemps que l’Être a besoin de régurgiter de vieilles énergies bloquées. C’est un nettoyage de printemps intérieur. C’est bon signe.