Je viens avec beaucoup de résistances. J’ai très peur de me perdre. Je veux vraiment être sur le chemin, mais je ne le poursuis pas.
Vous devez décider qui vous êtes. Ce qui vous maintient là, c’est l’identification erronée. Si vous êtes le Soi, il n’y aura plus de peurs. Si vous êtes le mental égotique, alors il y aura la peur dévorante que tout ce que vous « êtes » soit englouti dans le vide.
Il y a la peur que la vie ne soit plus aussi distrayante si je deviens silencieuse.
Si la vie était pleinement fascinante et distrayante, vous ne seriez pas attirée par les satsang, donc je ne vous crois pas complètement. Quelque chose regarde aussi à l’intérieur.
Oui.
Et lorsque vous regardez à l’intérieur, qu’est-ce qu’il se passe ?
Eh bien, il y a la paix et la joie.
Ce ne sont que des broutilles… [Rires] Quoi d’autre encore ?
Et puis c’est comme si je me cognais à un mur.
Un mur ? Il ne peut pas y avoir de murs. Quand on perçoit avec le mental, il peut sembler que ce soit un mur et qu’il faille le démolir pour aller au-delà. Mais ce ne sont que des idées parce qu’il est impossible que le Soi soit séparé de vous, sauf en tant que projection.
Vous êtes le Soi dans lequel l’idée d’aller vers le Soi apparaît. Mais qui va accepter cette affirmation ? Parce que dans les apparences, tout indique que vous arrivez à une dissolution. Arunachala est un des seuls endroits où ce questionnement est encouragé ! Oui, la dissolution s’est amorcée, mais pas celle de votre Soi. Vous vous identifiez à l’expérience de l’ego et c’est ce qui vous apparaît réel. Le mur, c’est l’ego lui-même. En réponse à la peur de perdre l’autonomie et le plaisir, il essaye de défendre son existence avec l’idée que tous les bouddhas sont ennuyeux !
Très juste, ils se contentent de rester assis dans des grottes. [Rires]
Alors à quoi ça sert de venir au satsang ? [Rires]
Je ne sais pas. Je continue à venir.
Oui, vous continuez parce que quelque chose en vous sait qu’il n’y a pas grand-chose à trouver dans le monde extérieur. Et quand vous êtes ici il y a la joie, il y a la paix. Personne n’est troublé par ça. Ce qui vous trouble, c’est le sentiment que pendant que vous êtes dans la joie et dans la paix, vous êtes en train de rater la fête ailleurs, n’est-ce pas ?
Oui.
Et voilà, c’est ça l’agitation. Ne pensez plus à aller vers le Soi ou à vous éloigner du Soi. Vous êtes le Soi ! Arrêtez d’avoir des idées telles que « Si je vais vers la paix, je perds beaucoup » et « Si je vais vers le monde, il y a tellement de plaisir et de joie… » Vous pouvez être le Soi, peu importe ce que fait votre corps et ce vers quoi se tourne votre mental. Vous êtes le Témoin de l’attirance pour les plaisirs du monde et aussi de la recherche de la sérénité. Ce Témoin, vous l’êtes en ce moment même et vous l’avez toujours été. Car aussi longtemps que ce n’est pas clair, vous aurez l’impression que votre choix aura une conséquence, qui sera bonne ou mauvaise. Alors vous êtes dans l’anxiété : « Est-ce que je prends la pilule bleue ou bien la pilule rouge ? »
Vous n’avez besoin de prendre ni l’une ni l’autre. Reconnaissez simplement : « Je suis ici en tant qu’Existence. » N’attachez aucune idée à l’Existence. Ne Lui donnez aucune représentation. Restez dans cette Présence sans représentation, sans associations. Est-ce que ça semble si douloureux ?
Ça semble bien.
Restez comme vous êtes. D’où vient cette idée d’aller ici ou là ? Du mental. Vous n’avez pas besoin d’aller où que ce soit. Restez ainsi.
Une immense tranquillité est présente suite à cette reconnaissance. Vous ne trouverez aucune séparation entre Ce que vous êtes et le Silence et la Paix ; aucune frontière, nulle part. Il n’y aura même pas la sensation « je dois rester ici » ou « je dois maintenir quelque chose ». On reconnaîtra que C’Est. Lui Seul est stable en Lui-même – c’est-à-dire qu’Il n’a besoin d’aucun support.
Le Soi que vous êtes est déjà là. Mais la reconnaissance de cet Espace immuable, de cette Perception consciente immuable, doit se produire. C’est pour cette raison que je vous demande de reconnaître ce qui ne peut pas partir. Il ne peut venir, Il ne peut partir, mais à l’intérieur de Lui, et observé en Sa présence, se déroule le jeu des arrivées et des départs.
Ce que je partage avec vous, ce n’est pas un enseignement. C’est seulement un rappel, une occasion de reconnaître ce qui est déjà ainsi. Je ne suis pas là pour vous pousser à développer, à créer, à imaginer, mais pour vous ramener à ce qui est éternellement vrai ; vers ce qui peut-être est la seule chose à mériter le titre de Constante.
Elle n’est pas soumise au changement, mais si vous vous efforcez de ne pas changer, vous ne pouvez y arriver. Personne ne peut y arriver. Bouddha n’y est pas arrivé, Jésus-Christ n’y est pas arrivé, Krishna n’y est pas arrivé. Vous ne pouvez pas arriver à « rester tranquille ». On ne peut pas atteindre la quiétude. Elle est naturelle, et ne peut être acquise par un moyen quelconque. À présent, ce n’est pas clair pour vous parce que vous êtes fasciné par le mouvement – le mouvement de l’identité, le mouvement de celui qui agit – qui semble éclipser cette reconnaissance naturelle de ce qui est déjà là.
[Silence]
Ce n’est pas le mouvement en lui-même, mais la croyance en ce mouvement et la fascination qu’il exerce qui causent l’aveuglement. Ils introduisent l’amnésie dans l’Être. Vous êtes l’Être. Ce n’est pas un compliment que je vous adresse. C’est un fait : vous êtes parfait ! Mais tant que votre attention est enracinée dans le mental, cette conviction ne sera pas totale. Il restera toujours un doute. Vous en aurez peut-être un aperçu, une lueur, mais ça ne se stabilisera pas, parce que vous vous accrochez aux concepts de qui vous pensez être, et que vous croyez en votre mental.
Mon impression, c’est que vous devez revenir libre dans votre pays. Tout ce que vous avez apporté avec vous ici, laissez-le. Le feu sacré d’Arunachala est un bon endroit pour le brûler. Rentrez chez vous vide. Ce sera le plus grand cadeau que vous puissiez faire à votre pays, à votre famille, à vos amis. Gardez votre passeport avec vous, mais vous, soyez vide.