chapitre 1

De Marbella à Paris
en passant par Amsterdam…

En 1972, alors que je vivais à Marbella, la plus belle ville côtière d’Espagne, où j’étais installé depuis 1964, je décidai soudainement de partir pour suivre une jolie Néerlandaise, qui avait réussi à conquérir mon cœur, mon âme et mon corps, dans ce paradis nordique qu’était à l’époque la ville d’Amsterdam.

Jusque-là Marbella m’était apparue comme la ville qui correspondait le plus à ma ­personnalité. Pour moi, grand chasseur de femmes devant l’Éternel, elle était un territoire de chasse riche en proies féminines et pratiquement inépuisable. La ville la plus vivante, la mieux « fréquentée » en termes de « résidents permanents », et, avec son architecture, la nature et la propreté de ses plages, elle était à mes yeux la plus mirobolante, la plus mirifique, tout simplement la plus accueillante d’Espagne. Ce qui faisait que, dans mon esprit, y finir mes jours était, tout bien considéré, la meilleure des options.

Pourtant, le sort en ayant décidé autrement, j’eus un jour à me résoudre à le quitter, ce petit paradis, le cœur serré. Mais la Hollande, connue pour être ultra permissive, était le seul pays où je pouvais poser mes valises et m’installer sans trop de risques de terminer ma vie au fond d’une oubliette, comme cela m’était arrivé une fois en Espagne.

J’avais déjà une mentalité de hors-la-loi, de révolutionnaire, de marginal excessif en quittant le sol ibérique, où je croyais avoir tout vu, tout entendu, tout vécu. Mais la Hollande, en plus de me conforter dans mon amoralité, et plus tard la France dans mon immoralité, me démontra que j’étais encore bien loin de la réalité…

En effet si je croyais avoir tout essayé, tout compris et tout savoir sur la nature humaine après quelques années à Marbella, et après y avoir fréquenté des gangsters venant du monde entier – qui s’y cachaient ou y passaient des vacances bien méritées, et qui, protégés par le maire qui se laissait volontiers corrompre, faisaient toutes sortes d’affaires illicites au vu et au su d’une police encore plus corrompue –, je déchantai vite après quelques mois en Hollande.

En effet, ce pays que l’on m’avait décrit comme étant démocrate à outrance, permissif et pas très « méchant » en matière de peines judiciaires, m’est rapidement apparu comme étant l’université internationale du crime à ciel ouvert, et en tous genres… Un vrai repaire de pirates internationaux de grande envergure et de qualité, mais très « sympathiques » et bons vivants.

Quelques années plus tard, après un séjour enchanteur et inoubliable dans ce pays pendant lequel je m’étais appliqué à parfaire mon éducation criminelle – comme cela se fait dans toutes les prisons du monde – pour devenir un voyou fin et distingué (ce que je n’étais pas auparavant), je décidai d’aller à Paris. Cette ville que le monde entier s’accordait à dire qu’elle était la capitale du raffinement, du savoir-vivre et des bonnes manières, en bref tout ce qui manquait à l’enseignement hollandais qui lui n’était basé que sur le pragmatisme, le business à l’américaine pur et dur teinté de piraterie sans foi ni loi.

Ce fut une grande erreur que de venir m’installer à Paris, car ce que j’allais découvrir allait dépasser mon entendement, moi qui étais pourtant un peu dément… je le jure ! Plutôt qu’un Paris dansant, joyeux et vivant, plein de gens avenants, je découvrais une ville d’hypocrites, d’envieux, de délateurs, de vicieux et de pervers ; un pays débordant de politiciens et de parlementaires véreux, cocaïnomanes pour la plupart et grands donneurs de leçons, qui passaient leur temps à nous faire la morale et à nous inciter à respecter les lois hautement liberticides et les interdits que sans cesse ils s’ingéniaient à nous concocter, alors qu’eux-mêmes les enfreignaient allègrement. Sans oublier les critiqueurs, les empêcheurs de tourner en rond, qui ne sont sur terre que pour emmerder ceux qui ne partagent pas leurs idées, des pécheurs devant l’Éternel à qui ils montrent le chemin à grand renfort de sermons hypocrites, alors qu’eux sont pourris jusqu’à la moelle.