chapitre 6
Mes démêlés avec les femmes
À l’âge de 15 ans, en obsédé sexuel que j’étais, je m’étais enfui du domicile familial à Tanger pour aller en Scandinavie, en falsifiant des documents pour sortir du pays. Mon unique objectif : sauter de belles blondes aux yeux bleus, à la peau blanche et douce. J’y allais pour me faire trois ou quatre nanas en quelques semaines. Mais arrivé au Danemark, à ma grande surprise, cela ne se passa pas comme je l’avais prévu.
Des filles, il y en avait à foison. Par contre, les beaux mecs étrangers bronzés étaient rares. Du coup, dès le premier jour je fus littéralement pris d’assaut. Mais si des jeunes filles venaient s’installer à côté de moi dans le parc où j’étais assis, elles ne le faisaient ni pour ma beauté ni pour mon atypisme, c’était pour mon sperme ! Comme si j’étais un étalon.
Je m’explique. Dans les années 1960, pour pallier le déficit démographique dans leurs pays, les gouvernements de Suède, du Danemark et de la Norvège avaient instauré la politique de la « fille mère ». Le but était d’inciter les jeunes filles qui ne voulaient pas continuer leurs études après l’âge de 16 ans à procréer et à devenir mères au foyer, moyennant un salaire, un appartement, un vélo avec siège-enfant, et toutes sortes d’aides… Pour beaucoup d’entre elles le projet était alléchant. Elles n’avaient qu’une chose à faire, trouver le géniteur de leur choix – dans mon genre si possible, moi qui semblais en être un excellent pour ces demoiselles. Ce qui fait que mes vacances ne m’ont pratiquement rien coûté, car les demoiselles ne venaient jamais les mains vides… Puisque je n’étais pas très friqué, je ne voyais pas pourquoi refuser leurs dons, car dons il y avait, pas en argent mais en victuailles.
Arrivé au Danemark, je me suis installé dans un « youth hostel », l’équivalent de nos auberges de jeunesse. Les prix étaient attractifs et le paysage idyllique. Situé au contrebas d’un grand parc, au réveil je n’avais qu’une idée : aller m’allonger sur le gazon et profiter du soleil qui tapait fort. Ce que je fis. Curieusement pas plus de cinq minutes plus tard, de jolies jeunes demoiselles apparurent, toutes avec un sac à la main qu’elles déposèrent devant moi. Elles n’arrêtaient pas de me fixer et de me sourire. Lorsque je posai mon regard sur l’une d’elles, elle me fit signe de prendre le sac et me montra tout de go ce qu’il contenait. Surpris, je lui demandai ce que cela signifiait.
Pour un Latin comme moi, se faire draguer par une fille qui de surcroît vous offre un sac plein de victuailles, c’est assez surprenant. Sur le coup, je n’avais pas compris ce qu’elles voulaient toutes. Mais lorsque l’une d’elles, plus énergique et moins timide que les autres, me prit la main et m’emmena au pied d’un tronc d’arbre qui avait été terrassé par la tempête je compris ce qu’elle voulait. Du sexe !
Personnellement je n’étais pas habitué à être le gibier. J’avais une mentalité de chasseur depuis l’âge de 8 ans et la chasse, je ne m’en privais pas. Mais là les paradigmes n’étaient plus les mêmes. Ils semblaient être en faveur de la femme et cela m’effraya un peu, moi l’indécrottable macho.
J’étais un peu déstabilisé, mais très vite, devant le superbe corps nu que j’avais devant moi, je finis par me ressaisir. Faisant ni une ni deux, n’osant pas me déshabiller devant tout le monde qui regardait, je m’allongeai par terre derrière le tronc et là la demoiselle m’enleva mon pantalon, me fit une fellation jusqu’à ce qu’elle sente une énorme turgescence dans sa bouche, puis elle me grimpa dessus, s’empala sur mon pénis et commença un va-et-vient frénétique jusqu’à ce que j’éjacule…
Une vraie pro ! Franchement, au début j’ai cru qu’elle en avait après mon pénis, mais c’est en me rhabillant que j’ai compris ce qu’elle voulait : mon sperme ! Elle faisait partie de ces jeunes filles qui avaient choisi de devenir filles mères et en me voyant elle avait jeté son dévolu sur moi. Après notre partie de jambes en l’air, elle m’a remercié en me disant : « Thank you for your sperma… Our baby is gonna be very beautiful » …
Cinq autres filles m’attendaient impatiemment, chacune avec son sac plein de nourriture en guise de paiement. Je suis retourné m’asseoir là où je m’étais installé. J’ai pris le sac que la mère de mon futur fils m’avait laissé et j’ai entamé le sandwich qu’il y avait dedans, histoire de reprendre des forces. Je pensais pouvoir manger tranquille mais à peine avais-je commencé que l’une des cinq filles, une splendide rouquine aux yeux verts, vint s’asseoir à mes côtés. Après avoir déposé son obole, elle commença à me caresser un peu partout en s’extasiant sur la douceur de ma peau, mes cheveux noirs et mon pénis en turgescence dans mon pantalon à peine m’avait-elle touché. Je la regardais faire en souriant pour lui montrer que j’étais d’accord et, une fois mon repas terminé, avant qu’elle ne bouge, je me levai et la tirai par la main vers le tronc d’arbre du bonheur.
Sans dire un mot je me déshabillai, lui donnai mon pénis et une fois prêt, je l’empalai à la va-vite, sans préliminaires, sans l’embrasser, sans la caresser et sans dire un mot. J’étais pour elle une machine à faire des enfants, alors autant se comporter comme tel. Quand j’eus fini je lui dis merci avant qu’elle ne me le dise, pris sa main et la reconduisis à mon quartier général, où son cadeau m’attendait.
Maintenant que j’avais compris ce qu’elles voulaient et que j’avais repris de ma superbe, au lieu de me laisser traîner vers le tronc comme une vache qu’on mène à l’abattoir, c’est moi qui décidais qui allait être la suivante et quand j’étais prêt. Ainsi le temps que mon organisme me refasse un peu de sperme j’en profitais pour faire ripaille.
Vraiment, j’ai passé une journée de rêve. J’étais parti dans l’espoir de rencontrer des jeunes filles scandinaves et cerise sur le gâteau ce sont elles qui étaient venues à moi. Quoi de plus beau ? C’était le paradis sur terre, ce pays ! Mais bon, la question qui se posait c’était qu’à ce train-là, cinq à six filles par jour, combien de temps allais-je tenir ?
Autre problème : à mon retour au Maroc les blondes ne présentaient plus aucun intérêt à mes yeux. Ce qui n’était pas plus mal car si elles avaient un temps été dans tous mes fantasmes et tous mes rêves, elles en sont vite sorties, au bénéfice des brunes et des rouquines qui ne m’ont jamais déçu.
* * *
Bienheureux que j’étais à l’époque : je n’avais pas à me méfier des femmes. Plus tard, lorsque je suis devenu un voyou, tout est devenu plus compliqué.
Un jour en Hollande j’ai rencontré une très jolie fille dans une discothèque que je fréquentais régulièrement. Une blonde superbe aux yeux bleus genre Marilyn Monroe. Une fille flamboyante, attirante, aux formes affolantes et affriolantes… impossible à ignorer. Je la voyais souvent dans cette boîte et à chaque fois que je la croisais elle me dévisageait, me souriait et m’invitait du regard à l’aborder de manière trop significative, probablement dans l’espoir d’obtenir un peu de coke. Selon tous mes amis elle était la plus belle fille de Rotterdam et le meilleur coup aussi.
Mais j’avais senti une odeur de soufre chez cette fille et, prudence oblige, je voulais m’en tenir à ma décision de la garder à distance. Jusqu’au jour où, fatiguée de mon indifférence, elle vint m’inviter à danser, ce que bien sûr je n’eus pas le courage de refuser. Et plus tard je lui proposai, imprudemment, de venir chez moi, alors que j’avais des armes posées sur une table dans la salle à manger et de la drogue sur une autre.
La nuit fut merveilleuse et le lendemain, au réveil, elle m’annonça qu’elle était fonctionnaire de police, et qu’à mon insu, pendant que je dormais, elle avait pris en photo mon appartement, les sacs de drogue, les armes et moi-même, ajoutant qu’elle voulait 10 000 florins hollandais pour son silence et sa complicité, ce qui me fit rire aux éclats.
Ne sachant pas à qui elle faisait du chantage, elle fut surprise quand je lui pris le bras et la tirai vers la sortie en lui disant que je n’avais pas cette somme et que de toute façon jamais je ne céderai au chantage.
– Tu as une semaine pour me payer sinon j’en référerai à mes supérieurs, lança-t-elle avec beaucoup d’aplomb.
– C’est noté. Maintenant si tu veux je peux te raccompagner chez toi.
– OK mais attention je suis armée, lâcha-t-elle en me sortant son flingue, un 7,65 Beretta, de son sac.
– Range ça, tu n’en auras pas besoin ! Je n’ai aucune intention de te faire du mal, rassure-toi. Je veux simplement me conduire en gentleman, comme on le ferait en France après avoir passé une nuit d’amour torride avec une demoiselle.
Fin de l’histoire ?
* * *
Il faut bien reconnaître que je n’ai jamais été très raisonnable dans mes liaisons avec les femmes et que j’ai plusieurs fois joué avec le feu.
J’ai connu la célèbre journaliste politique C. un soir aux Bains-Douches. Elle était assise près de moi avec une copine. On a passé des heures l’un à côté de l’autre sans se parler. Et puis soudainement elle m’a regardé avec beaucoup d’intérêt. Je l’ai regardée à mon tour, lui ai décoché un immense sourire et l’ai invitée à prendre une coupe de champagne. Depuis ce moment nous sommes devenus de « très bons amis ». On a passé la soirée à danser, à snifer, à nous foutre de la gueule de certains hommes politiques et ensuite on s’est quittés, après avoir échangé nos numéros de téléphone fixe.
Une semaine plus tard, je l’ai appelée pour lui proposer de nous revoir et elle m’a invité à dîner chez elle. Pas loin de l’Arc de Triomphe si mes souvenirs sont bons, dans un appartement de grand luxe meublé avec des antiquités valant une fortune.
Après un repas digne de ce nom et quelques lignes de cocaïne, C. me fit visiter sa chambre à coucher encore plus belle que son salon et tester son confortable lit sur lequel elle me fit passer, la coke aidant, un moment paradisiaque. Un peu plus tard je regardais de près ses meubles et, curieux, je lui fis remarquer :
– Vous avez de beaux meubles dans votre chambre… Ne serait-ce pas ceux d’une reine de France ?
– Vous n’en êtes pas loin. Ils ont appartenu à Joséphine de Beauharnais, l’épouse de Napoléon. Ces meubles sont de grande valeur.
– Dites donc, ça a l’air de bien payer journaliste ! fis-je, étonné par tant de luxe.
– Pensez donc, ce n’est pas moi qui les ai achetés. Un homme très généreux me les a offerts.
– Votre amant j’imagine ?
– Oui mon amant indéfectible, Jacques Chirac si vous voulez tout savoir !
Je tombais sur les fesses. Chirac ! Quel homme généreux ! C’était donc là que passait l’argent provenant de ses magouilles…
– Vous le voyez souvent ?
– Non, plus tellement. Avec lui l’amour est devenu plutôt de la complicité, de la camaraderie. Il vient encore me voir de temps en temps mais il préfère dormir dans la chambre d’amis pour ne pas me déranger avec ses ronflements, après un rapide câlin bien entendu.
– Que se passera-t-il s’il apprend que nous avons couché ensemble ?
– Franchement je ne sais pas. Je sais qu’il n’appré-
cierait pas la situation. Mais bon, c’est un homme intelligent, je pense qu’il ne dirait rien mais ferait…
– Ferait quoi ?
– Il me lâcherait, et s’occuperait de l’homme avec qui j’ai couché.
– Mais comment ferait-il pour le retrouver ? Et pourquoi punirait-il l’homme alors que ce dernier n’est pas censé savoir qu’il est votre amant ?
– Mais si vous êtes censé savoir que c’est mon amant, puisque sur la table de nuit il y a des dizaines de photos de lui en ma compagnie. De plus il peut vous retrouver sur les caméras s’il veut vraiment savoir qui a passé la nuit chez moi, et là…
– Vous cherchez à me faire peur ou quoi ?
– Oui. Je vous dis ça pour vous inciter à garder le silence sur notre relation. Vous pouvez revenir tant que cela vous plaira quand je suis seule, mais avant de venir appelez-moi pour vous en assurer, c’est plus sûr. Ah, si vous venez, n’oubliez pas d’apporter avec vous un peu de cette potion magique, car elle est très bonne…