CHAPITRE 16
WESLEY
En marchant de long en large en dehors de la salle, je jette fréquemment des coups d’œil à Bennet qui s’efforce de trouver des indices sur le cadavre qui repose sur la table. Mes cheveux sont en bataille parce que je ne peux pas arrêter d’y fourrer la main. Mon adjoint m’a appelé en plein milieu de la nuit, croyant assurément me sortir d’un profond sommeil, mais je n’étais même pas chez moi. Fixant les messages devant mes yeux à mon bureau pour tenter de mettre un ordre dans cette enquête qui me gruge toute mon énergie, j’ai répondu à la première sonnerie. Nous avions un autre meurtre sur les bras. Adieu la sieste que je prévoyais me taper ce matin. Quand Mills m’a remis les pièces à conviction trouvées sur la scène, j’ai juré en tentant de repousser la migraine qui prenait place derrière mes orbites.
Pourquoi ai-je réellement cru que c’était Beryl et non pas un coup monté ? Probablement à cause de sa stature, de sa coupe de cheveux, de son air familier ou juste de son portefeuille que j’ai posé tout près du corps. Comme si quelqu’un souhaitait qu’on sache que c’était lui, comme si on voulait m’envoyer un message. Ils ont raté mon frère, mais ils ne manquent pas les gens qui nous entourent. Est-ce que je me serais trompé sur les Defying Death ? Certainement pas, le chef a à demi avoué et le gamin l’a identifié. Quoiqu’il n’était peut-être pas seul…
Alors qu’un infime doute s’immisce dans mon esprit, je médite ces réflexions avant d’être coupé dans mes suppositions au moment où la porte s’ouvre avec fracas. Un Sebastian torturé arrive sur les lieux, suivi par Mika qui semble un peu perdue. Je note un changement dans l’attitude de mon frère : il est plus déterminé et sûr de lui. Je perçois aussi un soupçon de peur et d’inquiétude chez notre protégée. Mika vient de tomber les deux mains dans la dope des BB. Ce sont les paroles de Seb… Et si la belle latino se souvenait de quelque chose ? Le temps me manque présentement, mais ce n’est que partie remise ; il va falloir que je sache…
N’ayant pas le temps de m’arrêter sur cette idée, je perds le fil lorsque mes yeux rencontrent ceux de mon frère sur le point de perdre son sang-froid. Puisque c’était mes ordres, je sais que mon adjoint n’a révélé aucune information. Alors il ne sait que ce que je lui ai divulgué au téléphone, mais ç’a été suffisant pour l’énerver. J’aurais aimé le tenir loin de tout ça, mais Beryl n’a personne d’autre dans le coin. Il est le seul qui peut réellement m’aider dans cette affaire.
— Où est-il ? dit mon frère tout bas.
Incapable de le laisser identifier le corps sans le préparer aux ravages de ce qu’il verra une fois dans la pièce froide, je tente de lui donner plus de détails.
— Seb, avant de t’emmener là-bas, tu dois savoir qu’il est méconnaissable. Les os de son visage sont cassés à plusieurs endroits et les impacts de balles ont terminé le travail. Ses mains ont été brûlées, rendant impossible la prise d’empreintes. Nous pourrions faire la reconstruction des dents, mais…
— Fait chier, Wes ! me coupe-t-il en hurlant. Montre-moi le putain de corps !
Je me tais aussitôt. Mais où est mon frère calme et docile ? Plusieurs émotions diverses traversent son visage alors qu’il tente de maîtriser la colère qui prime sur toutes les autres. Sa mâchoire est serrée et il semble tendu au point de rupture. C’est à cet instant précis que je comprends que j’ai fait une erreur. Je n’aurais pas dû lui révéler cette merde ; il aurait fallu que je règle tout ça moi-même. Comment ai-je pu demander à mon frère d’assimiler en quelques jours ce que moi je peine à encaisser depuis vingt ans ? Tu aurais dû lui en parler depuis le début… Même à dix ans, il aurait pu t’aider dans ce calvaire. Maintenant, tu es rongé par la culpabilité.
La main que je passe encore une fois dans mes cheveux en bataille prouve à quel point je n’en peux plus ; ça doit se terminer bientôt. Un soupir franchit mes lèvres, signe que j’abdique avant d’ouvrir la marche pour rejoindre le doc dans l’autre pièce.
J’entends les pas de Seb derrière moi. À mon entrée, Bennet a déjà recouvert le cadavre d’un drap blanc, attendant mon approbation pour l’identification. Autorisation que je lui donne d’un signe de tête avant que mon cadet s’impatiente et ne lève le ton encore une fois. Tandis que l’ami de mon père attrape le bout de tissu, Seb s’agrippe à mon bras et souffle :
— T’es sûr que ça peut être lui ? Je veux dire, tu ne m’aurais pas fait venir si tu ne croyais pas que…
Sa phrase reste en suspens, et sa question me fait mal au cœur. Si j’avais un gros doute au départ, je n’ai pas pu ignorer l’objet retrouvé avec lui. Même si le fait qu’il matait continuellement mon frère m’écœurait, je ne peux pas oublier qu’il a été là pour lui lorsque je n’y étais pas. Son amitié infaillible a grandement contribué à rendre la vie de Seb meilleure et aujourd’hui, il paye pour mon incompétence à trouver l’assassin de notre père.
Serrant les mâchoires et ancrant mes pupilles dans les siennes, je ne fais que hocher la tête. Une situation comme celle-là se passe aisément de mots, il me suffit d’être là. Lorsqu’il détourne enfin le regard, il lâche mon bras et s’avance vers la table. Bennet descend le drap jusqu’à la taille ; il est inutile de faire savoir à Seb que ses jambes ont été sectionnées et qu’elles ne sont posées là que pour compléter l’ensemble. La vision d’un supposé Beryl sans vie est suffisamment répugnante sans en rajouter.
Tandis que mon frère se tient là, les yeux fixés sur ce que je suppose être son ami, Mika pousse une sourde plainte face à ce spectacle désolant. Si la veille j’ai cru qu’elle pouvait être de mèche avec celui qui est derrière ça, la voir démolie devant un mort me laisse penser qu’elle est réglo. Merde ! Elle n’a pas besoin d’être témoin de ce spectacle atroce. Je me tourne vers elle, attrape sa main pour la ramener vers moi. La plaçant ainsi dos à tout ça, je glisse une paume sur sa joue avant de lui murmurer :
— Chut… ça va aller… t’aurais pas dû voir ça.
— Je voulais être là pour lui.
— Nous le voulons tous, mais ne te force pas à subir ça.
Je lève la tête pour croiser l’inquiétude du doc. D’un geste du menton, il me demande muettement si je veux qu’il s’en occupe. J’acquiesce avant d’ajouter à l’intention de Mika :
— Bennet va te raccompagner chez moi le temps que je discute avec mon frère. Nous te rejoindrons aussitôt terminé ici. Tu dois me promettre d’y rester et de m’appeler en cas de besoin.
— Oui, ça va. J’attendrai cette fois.
C’est la meilleure des solutions. Le fait de l’éloigner me permettra aussi de garder les idées claires et de m’assurer que seulement Seb et moi connaissons tous les détails. Je tâcherai de la questionner plus tard sur ce qui s’est passé ce matin. Ma priorité, pour l’instant, est celui qui fixe encore le cadavre sans rien dire.
Avant de rompre le contact avec Mika, je pose un léger baiser sur le coin de ses lèvres. Pour me donner du courage ou puiser un peu d’espoir, allez savoir ! Elle n’y répond pas, mais ne se défile pas non plus. Comme si elle tentait d’analyser ce qu’elle éprouve. Elle aura toute la journée pour y penser…
Alors qu’elle rejoint Bennet, je me dirige vers Sebastian. À ses côtés, je ne dis rien, attendant qu’il soit prêt à le faire. Je ne peux même pas imaginer à quel point les émotions qu’il ressent doivent être intenses. Alors je respecte son silence. Je n’ai pas à attendre longtemps. Aussitôt que nous sommes seuls dans la pièce, il s’avance pour poser la main sur l’homme.
— Tu savais que je lui avais acheté ce t-shirt de Nirvana lorsque nous sommes allés voir leur concert ?
— Non, je l’ignorais.
— Il les adorait, et moi, j’avais enfin quelqu’un sur qui compter.
Le lien qu’il y avait entre eux est indéniable. Même si j’ai envie de lui dire qu’il a toujours pu compter sur moi, je me retiens. Il me parle enfin, alors pourquoi détruire les souvenirs de son ami pour lui cracher à la figure que je suis le seul qui ait été là pour lui ? Il ne le voit pas de cette façon, tandis que je fais mon possible pour survivre pour nous deux.
— Tu me confirmes que c’est lui ?
C’est sorti tout seul. Alors qu’il souffre clairement de la perte de son ami, c’est tout ce que j’ai trouvé à dire. Flic jusqu’au bout des doigts ; c’est même sûrement la raison qui le pousse à croire qu’il n’a jamais pu se reposer sur moi. Mon travail avant tout, ou plutôt ma vengeance… si au moins il pouvait comprendre.
— Seb, murmuré-je maladroitement, je suis désolé. Il n’aurait pas dû être mêlé à tout ça, il n’aurait pas dû devenir un dommage collatéral. Je sais qu’il comptait beaucoup pour toi, et…
Bordel… qu’est-ce qu’on dit à quelqu’un en deuil ? J’en ai aucune putain d’idée ! Le mien, j’ai dû le faire en creusant le trou de la tombe de mon propre père. Et une fois six pieds sous terre, j’ai dû l’oublier et faire abstraction de mes sentiments. Personne n’est venu me réconforter, personne ne m’a pris par la main pour me dire que tout irait bien. Parce que personne ne devait savoir qu’il était mort. Alors, dites-moi ce que je dois lui dire !
— Je suis désolé…
— Ouais…
D’un geste presque rageur, il essuie les larmes qui coulent sur son visage. Son air devient froid et distant. Aussitôt, je me revois faire le même geste en pleine nuit, celle où j’ai choisi de devenir ce que je suis et de tout faire pour tenter de protéger celui qui me reste. Je ressens encore cette volonté infaillible de punir le meurtrier lorsque j’ai fait le choix de mettre mes émotions de côté. Voir mon petit frère comprendre enfin qu’il faut être un homme dur pour vivre dans une ville comme la nôtre me remplit d’une fierté que je ne m’explique même pas. Une émotion qui n’a pas sa place à cet instant. Mais c’est là… et je ne m’attendais pas au regard de colère qu’il dirige ensuite vers moi au moment où il me crache :
— Le cadavre que t’as sur les bras, c’est bien Beryl. C’est ça que tu voulais savoir, eh bien, je te le confirme, Shérif. L’homme qui m’a aidé à survivre est bien couché sur ta table d’autopsie. Maintenant, j’espère que tu vas faire ton putain de boulot et retrouver celui qui l’a tué.
Il m’a souvent haï, certes, mais il n’a jamais utilisé ce ton condescendant avec moi. J’ai l’impression de perdre son respect, et ça… ça, je ne pourrai pas l’accepter. Alors que j’ai tout donné pour lui, jusqu’à ma vie, je ne mérite pas qu’il me parle sur ce ton. C’est la douleur qui s’exprime, Wes, ne l’oublie pas…
— C’est ce que je vais essayer de faire…
Son rire lourd de sens me coupe dans ma lancée. Il résonne dans la pièce jusqu’à s’infiltrer sous ma peau. Un simple ricanement, certes, mais qui me donne l’impression d’être stupide doublé d’un moins que rien.
— Essayer ? Comme t’as essayé de coincer le meurtrier de papa ? Je devrais faire quoi ? Attendre vingt ans de plus pour savoir qui a tué mon meilleur ami ? Pendant ce temps-là, tu te taperas toutes les femmes que tu rencontreras ? Tu crois que tu honores la mémoire de notre père, mais tu lui fais honte…
Ça y est ! Il vient d’atteindre ma limite. Incapable de me retenir, je lève mon poing pour lui envoyer une droite en plein sur la gueule. Il recule sous l’impact, un air surpris s’affichant sur ses traits. Je ne l’ai jamais frappé, même lorsqu’il me poussait à bout. Je n’ai jamais levé la main sur lui, mais là, c’est trop. Ses mots ont probablement dépassé sa pensée, mais ils ne sont pas moins blessants ; je suis incapable d’en entendre davantage.
— Tu crois que je n’ai pas essayé ? hurlé-je. Tous les putains de jours, je pense à lui. Tous les putains de jours, j’ai suivi ses traces pour qu’il soit fier de moi, pour honorer sa mémoire, comme tu dis. J’ai cherché et j’ai analysé chaque détail dont je me souvienne de ce soir-là. Je suis retourné dans cette maison des milliers de fois pour la repasser au peigne fin, au cas où j’aurais manqué quelque chose. Tu fais chier, Seb ! J’ai fait de mon mieux ! Est-ce que tu comprends ça ? J’ai. Fait. De. Mon. Mieux. Pour lui, pour toi. Parce que ce qui lui importait, c’est que tu sois en sécurité. Il me donnait le flambeau pour te préserver, toi ! Et tu oses me dire que je fais rien pour retrouver celui qui l’a tué ? Toi, tu fais quoi ? Tu me caches ce qui s’est vraiment passé ce jour-là, tu dis que tu ne te rappelles pas, mais je sais que c’est faux ! Toute ta vie de merde prouve le contraire ! Alors, qui est-ce qui n’honore pas sa mémoire, hein ?!
La fureur qui m’a fait crier ma rancœur à la face de mon frère s’éteint à la seconde où je vois les larmes couler sur ses joues. Constatant que les miennes sont aussi inondées de ce liquide salé, je passe la main sur mon visage. Je suis faible. Je m’étais promis de ne plus pleurer, je devais être fort en tout temps…
— Je suis désolé, murmure-t-il.
Ébranlé par la douleur que j’entends à travers ces mots, je m’approche afin de l’attirer dans mes bras. Comment lui en vouloir plus longtemps alors que tout part en vrille dans sa vie ? Le sanglot qui coince dans ma gorge refuse de sortir parce que je dois encore être le roc dans cette unité dysfonctionnelle.
— T’es ma seule famille, Seb, soufflé-je, la seule qu’il me reste. Je sais que tu viens de perdre un ami cher, je ne peux pas comprendre comment tu te sens parce que t’es tout ce que j’ai. Mais si je te perdais, je n’y survivrais pas, alors je peux juste imaginer…
— Tu promets qu’il ne nous arrivera rien si je t’aide ?
Cette phrase menace de faire exploser le peu de retenue que j’ai encore…
— C’est ce que je t’ai demandé avant qu’on enterre papa, me rappelle Seb. Tu m’as promis, et pourtant il m’est arrivé plein de trucs depuis. J’aurais aimé que tu sois là, mais t’en avais que pour ton job et les trafiquants.
— J’avais quinze ans, Seb. Comment pouvais-je savoir tout ce qui pouvait nous tomber sur la tête ? T’étais en vie, c’est tout ce qui comptait. Et aussi longtemps que je m’occupais de gérer le business, ils te laissaient tranquille. Jusqu’à aujourd’hui.
— Mais qu’est-ce qui a changé ?
— J’en sais rien.
Adossé contre le mur, je glisse par terre, une jambe allongée et la seconde pliée, mon bras posé sur mon genou. Sebastian se laisse tomber à mes côtés. La tête tournée vers moi, il me regarde comme s’il me voyait pour la première fois.
— Je me souviens de ces nuits où tu t’es éclipsé pour réceptionner de la marchandise ou recevoir un paiement. Le matin, tu te levais afin de nous préparer pour l’école. Je devais parfois y aller seul parce que des gens devaient venir à la maison. Je n’ai aucune idée d’où tu trouvais le temps de dormir. T’étais là, à t’occuper de tout. Si par malheur un gang soupçonnait que papa n’était pas simplement parti en voyage, tu t’assurais de leur envoyer un message clair sur le respect qu’ils te devaient. Et lorsque tous ont réellement compris, il était trop tard, tu avais ta place dans la ville.
Au souvenir des premiers mois après la perte de papa, j’esquisse un sourire sans joie. L’un de ceux qui dit « j’ai réussi à passer à travers cette merde, mais pour rien au monde je recommencerais ».
— Tu ne peux pas savoir à quel point c’était difficile. Ça devait être fait, c’est tout ce qu’il faut retenir. J’ai accompli ce qu’il aurait voulu.
— J’ai menti plus tôt ; papa serait plus que fier du fils que tu es devenu. Tu as fait exactement ce qu’il t’a appris. Et tout ça en t’assurant que les voyous qui me taxaient après les cours me laissent tranquille.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu penses que je n’ai pas vu lorsque tu t’es battu avec leur chef pour qu’ils me foutent la paix ?
Je souris encore – pour vrai, cette fois – en me remémorant ce petit connard qui l’emmerdait constamment. Il avait treize ans, j’en avais dix-huit. C’était l’année de ma remise de diplôme. Bordel, j’ai tellement travaillé fort pour tout orchestrer ce foutoir sans nom, pour nous faire une place de choix dans cette ville.
— Tu m’as vraiment protégé, Wes ; avec les années j’ai simplement oublié.
— Je sais.
— Et qui t’as protégé, toi ?
— Quelques personnes au fil du temps…
Je ne termine pas ma phrase. Qu’est-ce que ça donnerait de tout expliquer ? Étonnamment, il y a toujours eu quelqu’un sur mon chemin pour s’assurer que j’arrive à me sortir des pétrins dans lesquels je fourrais les pieds. Que ce soit Bennet ou cette charmante Ruby qui me ramenait du poste ; j’ai eu de l’aide inestimable.
— Il semblait énorme, murmure Seb. Une peau foncée, des cheveux tirés vers la droite… ils se sont engueulés.
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Le jour où papa est mort…
Merde… depuis tout ce temps que j’espérais qu’il me parle. Il a fallu qu’on s’engueule pour qu’il se décide à me dire ce qu’il garde dans sa petite tête. Je n’ose pas le pousser à continuer, de peur qu’il change d’idée et se referme comme une huître. Je ne supporterai pas d’attendre encore quelques années, déjà que les jours filent rapidement ; ils finiront par manquer.
— Il… poursuit-il, il m’avait promis que je choisirais le resto si je terminais ces fichus exercices de mathématiques pour qu’il puisse compter l’argent en t’attendant. Je voulais manger les mets italiens dont tu raffoles ; je souhaitais simplement te faire plaisir. Je n’avais pas prévu que tu croirais que je l’avais tué, encore moins que tu aurais peur. Mon grand frère n’avait peur de rien.
— Hey… Seb, regarde-moi.
Il tourne la tête dans ma direction tandis que je me décale pour lui faire face. Alors que la douleur traverse le gris tempête de ses yeux, je verrouille mes pupilles aux siennes. Ce que j’ai à dire est important.
— Je n’ai jamais pensé une seule seconde que tu avais quelque chose à voir avec sa mort. Nous étions une famille, et nous le sommes encore. Nous sommes une équipe, et papa serait fier de nous deux. Tu entends ?
— Je sais, soupire-t-il, la voix chevrotante. Je l’ai réalisé plus tard ; à dix ans, on ne comprend pas tout. J’étais sur mon lit lorsqu’il est arrivé. Cet homme, je ne l’avais jamais vu avant, ni pour de la drogue ni pour de l’argent. Il avait un accent ; je ne me souviens plus duquel, mais j’avais de la difficulté à le comprendre. Il a dit à papa qu’il lui devait beaucoup d’argent et que son voyage au Costa Rica n’avait pas pu rembourser la dette. Au contraire, il lui devait maintenant des dommages moraux. Le seul moyen pour lui de s’assurer que ça ne se reproduise pas était de le payer de sa vie.
— Des dommages moraux ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?
— J’en sais rien. Tout ce dont je me souviens c’est que papa a éclaté de rire. Un rire qui voulait dire qu’il n’en avait rien à foutre de ce qu’il pensait. Il a ajouté qu’il ne regrettait rien, puis ses mots se sont perdus dans des bruits de bataille. Je me suis avancé pour voir, et c’est là qu’ils se sont enlacés.
— Qu’est-ce que t’entends par là ?
— À l’époque, c’est ce que je croyais, qu’ils s’étreignaient. Maintenant, je sais que le meurtrier l’avait attaqué et qu’il ne faisait que le maintenir pour qu’il ne s’effondre pas. Il a juré de faire souffrir ses fils ; c’est tout ce que j’ai retenu. Mais à dix ans, je n’ai pas compris ce que ça signifiait. Je me rappelle seulement avoir eu l’impression que mon sang se glaçait dans mes veines. Puis papa est tombé ; le salaud l’avait poignardé. Sûrement avec l’arme que tu as retrouvée. À peine quinze minutes plus tard, tu franchissais la porte de la maison, et papa était déjà mort. Putain, je n’avais aucune idée quoi faire. J’avais tellement peur qu’il revienne pour s’en prendre à nous.
— Comment aurais-tu pu savoir, Seb ? Papa est décédé d’une hémorragie ; on n’arrête pas le sang de couler si facilement. Seul Bennet aurait…
Je ne termine pas ma phrase. Bennet. C’était le meilleur ami de papa, il devait être au courant de ce voyage improvisé. Pourquoi ne m’en a-t-il jamais parlé ?
— Tu te souviens quand il est parti à ce voyage d’affaires ? demandé-je.
— Celui au Costa Rica ? Oui… vaguement. Il était revenu quelques semaines avant l’attaque, il me semble. Je me souviens des trucs qu’il avait ramenés.
— Combien de temps était-il parti ?
— Hum… trois semaines, je crois. T’étais pas allé à l’école pour gérer le travail à la maison. Tu t’en souviens pas ?
— Ouais… ouais…
Je m’en rappelle très bien. J’essaie seulement de me souvenir si papa avait mentionné quelque chose au retour, s’il m’avait semblé différent. Il était de bonne humeur, nous étions allés magasiner dans la ville d’à côté. Cette dépense était le salaire pour avoir gardé le business pendant son absence, avait-il dit, alors qu’il ne nous donnait jamais d’argent. Quelque chose cloche, mais j’arrive pas à mettre le doigt dessus.
— Merci, soufflé-je à mon frère. Merci de m’avoir parlé de tout ça.
— J’aurais dû le faire il y a longtemps, mais je n’en étais pas capable. Je fais encore des cauchemars, parfois.
— Je sais, j’en fais aussi. Nous en ferons tant que cette ordure ne sera pas anéantie.
— J’aimerais t’aider davantage.
— Tu crois pouvoir m’aider comment alors que t’arrives à peine à terminer le boulot aux chiottes ?
— T’es con !
Je souris alors qu’il me frappe l’épaule. L’atmosphère n’est plus chargée de rancœur ni de colère. La tension est tombée ; je crois même que cette discussion nous a rapprochés. Une fois sur mes pieds, je lui tends une main qu’il accepte aussitôt. Je ne résiste pas à l’envie de le prendre dans mes bras. En se reculant, Seb défait la courroie de l’attelle pour la retirer avant de me la donner. Il croit peut-être que je ne remarque pas la grimace qu’il tente de cacher ?!
— Mais qu’est-ce que tu fous ? T’en as besoin.
— Comment penses-tu que je vais pouvoir t’aider si les gangs croient que je suis invalide. Et Bennet m’a dit que je devais le bouger fréquemment si je ne voulais pas qu’il soit ankylosé.
Je hoche la tête en voyant que mon frangin n’est plus aussi fragile qu’il le paraît. Il me faut quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux dans mon équipe, quelqu’un qui ne se laisse plus marcher sur les pieds. Alors que Seb se dirige vers la porte, je l’arrête.
— Attends ! Je sais que Beryl n’a pas de famille dans le coin, il n’avait que toi. Son portefeuille et ses clés te reviennent donc.
Tandis qu’il ramasse les objets sur la petite table de fer, je recouvre le corps du drap blanc. Le doc viendra terminer son travail plus tard dans la journée.
— Wes ? lance mon frère à l’autre bout de la pièce.
Levant les yeux vers lui, j’attends qu’il poursuive. J’aimerais qu’il me dise qu’il me pardonne pour toutes les merdes qui nous arrivent, parce que la culpabilité camouflée à l’intérieur de moi refuse de partir. Elle est bien ancrée et menace de m’emporter. Mais il me lance plutôt :
— Ne m’attends pas… Je dois aller voir Trisha ; elle s’inquiète et a le droit de savoir. Et j’ai aussi besoin de… d’être seul. Veille sur elle, OK ?
— OK, réponds-je en sachant très bien à qui il fait référence.
— Oh et… Blue Moon¯, c’est la chanson que fredonnait le meurtrier de papa lorsqu’il est sorti de la maison.
Devant la porte de chez moi, je tourne les clés dans mes mains, hésitant à déverrouiller. Si elle n’était plus là ? Elle m’a fait le coup la dernière fois, je refuse de vivre encore cette déception qui me traverse les entrailles. Puis, où pourrait-elle être allée ? Seb n’est pas chez lui.
Respirant un grand coup, j’insère la clé dans la serrure avant d’entrer. Je me retiens de crier son nom, choisissant plutôt de poser mes achats sur le comptoir. Une odeur savoureuse s’échappe des sacs contenant les repas que je viens de récupérer au restaurant italien dont Sebastian m’a fait mention plus tôt. Après toutes ces années, il reste le meilleur en ville. Et bordel, je ne me souviens même plus de la dernière fois où j’ai pris la peine de manger adéquatement.
— Est-ce qu’il y en a pour moi ? souffle une petite voix dans mon dos.
Entendre cet accent sublime est tout ce que je souhaitais pour l’instant. Je ferme les yeux en savourant l’effet que ça me fait. Ça m’apaise instantanément. Nous devons parler, j’en conviens, mais le simple fait de passer du temps avec elle me rend de meilleure humeur. C’est quelque chose que je n’ai pas ressenti depuis… très longtemps.
— Bien sûr que oui. Il y en a suffisamment pour nous deux.
— Ton frère n’est pas là ?
— Non, il avait des choses à régler.
Elle semble comprendre les raisons de son absence autant que je sais qu’il a besoin de temps pour faire le deuil de Beryl. Assis l’un en face de l’autre, nous dégustons en silence ces spaghettis qui sont tout simplement délicieux. Mon estomac approuve en grondant de satiété, tandis que d’un autre côté, je ne peux réfréner les pensées qui me traversent l’esprit lorsque Mika pousse des soupirs de satisfaction. Elle est tellement exquise.
Je sais que je me débarrasse de la conversation que nous devons avoir elle et moi, mais je ne souhaite pas gâcher le moment agréable que nous passons. Encore quelques minutes de calme avant d’aborder un sujet plus délicat. Une fois le repas terminé, nous nous installons au salon. Je ne peux plus repousser l’inévitable ; je dois savoir.
— Mika, hum… tu peux m’expliquer ce qui s’est passé ce matin au quai ?
— Je…
Incapable de poursuivre, elle joue discrètement avec le bas de son t-shirt. Des bribes de son passé lui reviennent, il n’y a aucun doute ; elle ne sait tout simplement pas comment m’en parler.
— Tu peux tout me dire, Mika, j’ai juré d’être là pour te protéger.
— Je me souviens de certaines choses, des détails peut-être insignifiants, mais je crois que je progresse. Avant même de comprendre ce que j’avais sous les yeux, je savais que les paquets contenaient de la drogue. Comme si c’était quelque chose d’acquis, quelque chose qui faisait partie de mon quotidien. J’étais convaincue d’avoir raison, et c’est à ce moment-là que j’ai ressenti une peur que je n’arrive pas à décrire. L’une de celles qui te virent à l’envers au point d’en avoir la nausée. J’avais l’impression d’être en danger…
Je suis pendu à ces révélations. J’aimerais tellement savoir qui elle est vraiment ainsi que les raisons qui ont poussé quelqu’un à la foutre dans une caisse de bois. Quand je pense qu’elle aurait pu finir dans le fond du canal, je me sens mal. Mais pourquoi de la simple cocaïne l’effraie-t-elle autant ? Le fait d’avoir de la drogue autour de soi ne fait pas de nous une personne méchante ou redoutable. De quoi a-t-elle peur ? Était-elle prisonnière d’un réseau de trafiquants, et se cacher était sa seule façon de s’en sortir ?
— Tu te rappelles autre chose ?
— Simplement des flashs où il y a des paquets similaires aux alentours. J’ai eu l’impression de connaître ce monde de dealers, sans toutefois savoir dans quel contexte. Excepté ce sentiment d’effroi que j’ai ressenti…
Sa voix n’est plus qu’un murmure, mais je suis tellement près que j’entends chaque mot qu’elle prononce. Un souffle sur ma peau… Les yeux brillants de larmes qu’elle tente de retenir, elle glisse ses mains sur son visage. Je pose mes doigts par-dessus pour les repousser doucement. Elle est en sécurité ici.
— Pas de ça avec moi, t’as pas besoin de cacher ce que tu ressens.
Du pouce, j’essuie une larme qui sombre sur sa joue. Ses yeux verts croisent les miens alors que j’arrive à y lire de l’incertitude. J’ai tellement envie de l’embrasser, de sentir ses mains sur mon corps, de la rassurer, de respirer l’odeur de ses cheveux. Mes phalanges descendent le long de sa mâchoire, jusqu’à ce que mon pouce vienne caresser sa lèvre qui s’entrouvre à mon contact. Sa respiration se fait plus rapide, en écho à mon cœur qui bat à toute vitesse. Je ne devrais pas. Je ne devrais pas, mais c’est plus fort que moi…
— Je suis là pour te protéger, soufflé-je.
Elle ne me répond que d’un doux gémissement alors que ma bouche vient se poser lentement sur la sienne. La taquinant d’abord pour tenter de comprendre si elle en a autant envie que moi. Faites qu’elle ne me repousse pas. Mes dents mordent sensuellement sa lèvre inférieure pour tester sa résistance. Une plainte franchit sa gorge, créant une résonnance dans mon boxer devenu trop serré. J’ai tellement soif d’elle. Lorsqu’elle attrape le col de ma chemise pour m’attirer, je souris effrontément, sachant que je viens de briser ses défenses. Cette femme me rend complètement dingue.
Une envie bestiale. C’est ce qu’elle déclenche en moi. Une pulsion exquise de toucher chaque partie de son corps. De la vénérer jusqu’à plus soif. Glissant mes paumes sur ses hanches, je les descends pour attraper ses fesses rebondies qui rendraient n’importe quel homme sain d’esprit carrément fou de désir. D’un geste adroit, je la ramène vers moi pour la laisser me chevaucher. Placée ainsi, elle sent clairement mon érection entre ses jambes. La lueur de lubricité qui s’allume dans son regard me perturbe autant qu’elle m’excite. Je pose mes lèvres sur son cou, le couvrant de baisers. Elle penche la tête pour m’offrir un accès complet à sa gorge gracieuse.
D’un mouvement qui s’accorde avec mon envie, mes mains s’infiltrent sous son pull pour caresser sa peau mate tout simplement parfaite. Alors que mes doigts créent une chair de poule sur son épiderme, elle s’acharne à déboutonner ma chemise, créant le même effet sur moi. Cessant momentanément les effleurements sur sa peau douce, je la laisse retirer mon vêtement avant de lui faire subir pareil sort. Et là, je suis subjugué, aveuglé par la vision de ses seins qui me narguent effrontément dans ce petit soutien-gorge que je lui ai moi-même choisi. Mais où avais-je la tête, putain ? Incapable de ne pas honorer ses sublimes jumelles, j’approche mon visage pour lécher le bout rosé à travers la dentelle qui durcit sous mon assaut.
Mika agrippe mes cheveux en ondulant contre ma queue encore prisonnière dans mon pantalon. Je la sens pulser et le besoin de la libérer devient urgent, primal. C’est quand la dernière fois où une femme a manqué me faire perdre la raison ? Dans la bouche d’une jolie blonde… Fermant les yeux, je tais la voix dans ma tête qui cherche à me calmer. Tout ce dont j’ai besoin à l’instant, c’est de me perdre dans ces yeux qui font chavirer mon esprit torturé.
D’un geste fluide, je me lève du canapé en la maintenant étroitement contre mon corps. Ses seins se pressent contre mon torse alors que sa bouche trouve aisément sa place sur mes lèvres. Je continue de marcher jusqu’à ma chambre en caressant sa langue de la mienne. Un gémissement m’échappe tandis qu’elle continue de se frotter contre mon sexe. Si je ne la prends pas immédiatement, je vais jouir avant même de la savourer.
Lorsque je pose un genou sur le matelas, elle détache ses jambes de ma taille pour se laisser glisser sur le lit. Ses cheveux étalés sur la couette, elle est tellement belle. Je me penche pour libérer ses rondeurs et happer son mamelon entre mes lèvres. Je descends ensuite sur son ventre tandis que ses doigts s’affairent à détacher mon jeans. Maintenant sous son nombril, je me redresse pour attraper le rebord du pantalon. Lentement, je fais glisser le tissu sur ses cuisses alléchantes pour finir par l’envoyer valser quelque part dans la pièce.
— También tienes que quitar todo, me lance-t-elle en souriant.
— Ce qui signifie ?
— Tu dois aussi tout enlever.
Si elle continue de me parler en espagnol, je serai un homme complètement soumis. Putain, ce que c’est sexy ! Descendant du lit, je retire mes vêtements en ne la quittant pas des yeux. Sa respiration s’accélère et elle mord fortement sa lèvre inférieure lorsque ses iris se posent sur ma verge à sa pleine grandeur. Bon, je n’ai pas de point de comparaison, mais si je me fie aux commentaires de mes anciennes conquêtes, je sais que la vie m’a bien gâté de ce côté. À moins qu’elles se soient fichues de ma gueule ? Oh, puis je m’en fous !
— Caresse-toi… lui ordonné-je en saisissant moi-même ma queue.
Lentement, elle retire sa petite culotte qu’elle me lance. Je l’attrape au vol avant de l’envoyer rejoindre le reste de ses fringues par terre. Puis, hypnotisé par ses doigts qui s’infiltrent dans son antre, je cesse de respirer. Au son mouillé qui accompagne ses gestes précis, je sais qu’elle est trempée juste pour moi. Elle tourne autour de son clitoris exposé alors que j’entame de lents va-et-vient. Je laisse aussitôt sortir le souffle qui était prisonnier de mes poumons. Bordel, si j’ose aller trop rapidement, la simple vision que j’ai devant moi me fera atteindre l’apogée sans elle. Et il n’en est pas question… les femmes d’abord !
Sans dévier une seule fois le regard, je recule jusqu’à mon bureau derrière moi. De ma main libre, j’ouvre le premier tiroir pour prendre un emballage doré dans la boîte qui s’y trouve. Puis, tel un prédateur, je m’avance jusqu’à prendre la place qu’elle me réserve entre ses jambes. Délaissant mon membre qui demande à être de la partie, je pose ma paume sur son poignet pour l’arrêter. Alors qu’elle lève un sourcil, contestant mes intentions, je me penche pour lécher ce petit bout de chair qui m’intrigue. Je dois connaître son goût, ça va me rendre fou. Et le soupir qu’elle échappe fait davantage pulser ma verge érigée entre nous.
— Wes…
Elle n’a besoin de rien dire d’autre. Je délaisse son sexe délicieux pour rapidement enfiler le préservatif que je tiens encore à la main. D’un geste habile, je la pénètre doucement jusqu’à la garde. Oh putain, c’est trop bon ! Tandis que j’entame de langoureux va-et-vient, je l’embrasse jusqu’à en perdre haleine. La voir se délecter de sa propre saveur sur mes lèvres manque de me faire perdre la tête. Alors qu’elle torture ma langue de la sienne, elle se cramponne à moi comme si j’étais une bouée de sauvetage, celle qui à travers la tempête qui s’abat sur nos corps enflammés, réussira à lui faire retrouver la rive. Tiens bon, encore un moment…
À l’instant où Mika soulève son bassin pour venir à ma rencontre, je deviens inapte à maîtriser plus longtemps mes ardeurs. Je la cloue au lit d’un puissant coup en la faisant gémir encore plus fort. Puis, plus rien ne m’arrête. Je la baise aussi fort que je le peux jusqu’à ce que, de nous deux, ce soit elle qui atteigne l’apocalypse en premier. Je la suis à quelques millièmes de seconde.
À bout de souffle, je m’effondre sur le lit. Il n’est pas question qu’elle retourne dans l’autre chambre. Je glisse mon bras autour de sa taille pour venir la blottir contre moi. Fermant les yeux, j’ose enfin espérer que la déesse de la nuit me laissera passer dans le monde des rêves.
Je m’éveille vers 7 h avec la belle latino toujours dans mes bras. Cette fois, j’ai réellement dormi. J’en avais tellement besoin ; ça faisait des jours que Morphée me refusait le droit d’entrer. Il m’emmerde, parfois ! Reposé, je peux attaquer la journée et tenter de remettre les pièces du puzzle en ordre. Avec les informations que Seb m’a données hier, je vais peut-être trouver d’autres indices. Je dois cependant commencer par savoir comment il va.
Me tortillant dans tous les sens, je réussis à me sortir de là sans réveiller Mika. J’enfile ensuite des vêtements sans faire de bruit. Cette fois, je ne commettrai pas la même erreur. Un mot laissé sur le coin de la table lui permettra de savoir où je suis et qu’elle peut m’appeler ; je viendrai la chercher.
Décidé à y voir plus clair dans ces enquêtes de merde, j’attrape mon holster ainsi que mes armes avant de sortir de la maison. Il vaut mieux être prêt à toute éventualité. C’est à se demander qui essaiera de nous faire la peau aujourd’hui !