CHAPITRE 27
WESLEY
BANG !
Le bruit de la détonation résonne dans notre vieille maison abandonnée et en ruine. Je n’avais aucunement l’intention d’abattre monsieur Thomsen, ce n’était pas dans mes plans. Mais entendre Sebastian révéler devant ce salaud qu’il est le meurtrier de Lewis ne m’a pas donné le choix. Je ne peux pas risquer que cette information fuite. Il a eu ce qu’il a demandé : une mort rapide, sans douleur. Et puis, il a raison. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour la famille ? Il a voulu épargner son fils, soit. Moi, j’épargne mon frère. Ce que Fabio Rodriguez lui aurait fait aurait sûrement été pire que mon doigt qui presse la détente.
— Pourquoi tu m’as pas laissé m’en occuper ? me crie Sebastian.
— Pour que tu trouves la paix, Seb. Lewis, nous avons tenté de le sauver, c’était une erreur de parcours ; mais lui… Tu l’aurais tué de sang-froid. Tu vaux mieux que ça. Moi, j’ai déjà creusé ma tombe en enfer.
— J’en ai rien à foutre de ce que tu dis ; on le fait ensemble ou pas. Tu veux que nous soyons une équipe ? Je suis d’accord, mais pas à sens unique. Soit tu me laisses faire à ma guise, soit tu t’organises tout seul.
Il m’envisage de ses yeux qui sont arrogants, pleins de volonté, mais effrayés. Presque le même regard qu’il m’a donné ici même, il y a vingt ans.
— Seb ? soufflé-je.
Lentement, comme dans un film au ralenti, il relève la tête. Ses cheveux ébouriffés tombent devant ses yeux, mais ça ne m’empêche pas de plonger mes iris dans le gris argenté des siens. Et l’émotion que j’y vois manque de me faire tomber à la renverse. Il est effrayé et il souffre.
— Tu sais ce qui s’est passé ? osé-je demander.
Il déglutit difficilement. Son regard alterne entre le corps à ses pieds et moi.
— J’ai tenté de le sauver, je te le jure…
Et cette fois, je suis celui qui tente de le sauver. De le préserver de lui-même. De toute façon, ce voisin que nous croyions inoffensif devait être mis hors d’état de nuire. Dans quelques heures, nous allons rencontrer les Bloody Bears ainsi que le clan de Romanov. Maintenant, il n’est plus en mesure de divulguer cette information au patron de sa progéniture. Cependant, une chose me taraude à propos de ce qu’il nous a balancé. Son fils lui a révélé que son chef se préparait à terminer un boulot. Pas hier ou il y a quelques jours, mais la semaine dernière. Se pourrait-il qu’il soit déjà dans les parages ? Et plus que tout, je veux que Seb soit à mes côtés. Sans lui, je serai incapable d’assurer sa sécurité.
— Ça va, Seb. Je suis désolé, la prochaine fois, je te laisserai ce plaisir. Mais réfléchis bien, parce qu’il n’y aura plus de retour en arrière.
— C’est déjà réfléchi. Qu’est-ce qu’on fait de lui ?
— Rien pour l’instant ; personne ne viendra ici. Et si c’est le cas, ils croiront à un simple règlement de compte. Allez, on rentre se nettoyer un peu.
Mon frangin hoche la tête avant de passer la main dans ses cheveux emmêlés. Il attrape ensuite son épaule blessée qu’il serre doucement. Il aura laissé plus de sang que moi durant cette vengeance, mais malgré tout, il est solide comme un roc.
— Ça va, la plaie ? m’informé-je en pointant son bras.
— Ouais, ça tire un peu, c’est tout. T’inquiète pas.
Sans un mot de plus, il sort de la maison en me laissant derrière. D’un coup d’œil autour de moi, je me remémore tout ce que nous avons vécu ici. Des rigolades aux fusillades, des échanges d’argent aux anniversaires. Je revois Seb, assis à la table, faisant ses devoirs pendant que je récolte les dus d’un gang et que je lui remets le nécessaire. Nos repas simplistes pris devant la télé alors que je n’avais pas le temps de faire plus entre le boulot, l’école et les règlements de compte. Le sourire de maman est flou, mais je me souviens à quel point elle était belle. Je comprends que mon père ait voulu refaire sa vie, même si c’était avec une femme mariée, parce que la solitude est affreuse. J’ai peut-être la réputation d’avoir eu plusieurs nanas chez moi, mais malgré tout, je me sens plus seul que je ne l’ai jamais été. Ce vide qui se crée à l’intérieur de moi est douloureux ; je me demande même comment j’ai réussi à ne pas sombrer dans l’alcool comme mon frère. La vengeance de ton père. C’est ce qui te tient en vie. Le regard triste, je salue une dernière fois cette maison qui nous a vus grandir avant de rejoindre Seb dans ma voiture.
Installé derrière le volant, je tourne la tête vers mon cadet. Il fixe l’extérieur sans rien dire. Je sais que je l’ai mis en colère, mais mes choix sont faits en fonction de lui. Ç’a toujours été le cas. Ma formation de flic, c’était dans le but qu’on ne craigne pas de vivre dans cette ville pourrie. Maintenant que je nous vois, je me dis qu’on aurait dû prendre de meilleures décisions.
— Tu veux continuer de me regarder ou on dégage d’ici ? balance Seb en rivant ses iris aux miens.
— T’avais raison ! Depuis le début, j’aurais dû t’écouter.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— J’essaie de te dire que quand ce sera terminé, si tu espères toujours partir, je te suivrai. Nous nous casserons de cette ville de merde pour recommencer ailleurs. Pour le mieux, cette fois ; plus de drogues, plus de clans. Juste toi, moi et Mika. Pourquoi pas Anne aussi, si elle le souhaite.
— Nous en reparlerons, réplique-t-il un sourire en coin. Maintenant, démarre.
Le coin de ma bouche se soulève aussi avant que je quitte ce terrain qui a connu des jours meilleurs. Quelques minutes plus tard, je m’arrête devant l’immeuble où la jolie serveuse habite. Seb descend avant de se pencher vers l’intérieur de ma bagnole.
— Tu viens pas ?
— Non, vas-y, toi. Je vais aller à la maison prendre une douche pour me remettre les idées en place. On se rejoint au resto à l’heure du rendez-vous.
— OK ! À tout à l’heure.
Sous la douche depuis plusieurs minutes, je laisse l’eau couler sur les muscles de mon dos endolori de fatigue. Je vais vraiment finir par avoir une attaque à ne pas dormir suffisamment. À quinze ans, j’y arrivais les doigts dans le nez. Mais maintenant, j’ai de plus en plus de mal. Quelques jours… c’est tout ce que je dois tenir, puis ce sera terminé. Peut-être qu’enfin je pourrai penser à la possibilité de m’offrir des vacances sur le bord d’une plage à me faire dorer au soleil. Un soupir s’échappe de mes lèvres alors que je finis de me laver avant de sortir.
Une fois séché, j’enfile un boxer ainsi qu’un jeans laissé détaché. Je me rends en cuisine pour m’hydrater un peu ; je suis assoiffé. Seul dans mon appartement, je bois à même le robinet. Et parce que j’ai aussi la dalle, j’ouvre le réfrigérateur pour attraper une pomme. Dommage, je n’ai pas le temps de me faire un repas gastronomique, mais si la rencontre se passe relativement bien, Seb nous concoctera un bon petit plat comme il sait les faire. À ma première bouchée, les dents encore dans le fruit rouge, je m’arrête alors que j’avise l’origami en forme d’oiseau sur le comptoir. Une sueur glacée descend le long de ma colonne tandis que je m’en empare. En l’ouvrant, je comprends que c’est la note que j’avais laissée à Mika la nuit où… où j’ai fait une erreur. Le moment où j’ai été faible au point de déroger à mes propres règles. Puis, sans prévenir, je lâche un rire sec en prenant conscience que la vie a parfois une vilaine façon de se jouer de nous. Mon frère est amoureux de la fille du meurtrier de notre père. Dit comme ça, c’est presque effrayant. Froissant le papier, je le lance directement à la corbeille avant d’attraper mon ordinateur portable et de m’installer à la table.
Je vérifie rapidement mes courriels. Un en particulier attire mon attention ; il provient de Ruby. Elle m’annonce que Mills est maintenant hors de danger, mais qu’il aura besoin de repos. Il l’a échappé belle. Il devra prendre tout le temps nécessaire à sa guérison. Pourvu qu’il revienne travailler à mes côtés ; j’ai besoin de lui. Puis, je me branche à mes infos personnelles pour effectuer quelques transactions qui me trottent dans la tête depuis un moment. À l’instant où je termine, j’entends qu’on frappe à l’entrée.
Pieds nus, je traverse la cuisine en attrapant mon flingue sur le comptoir. Terminant d’avaler ma dernière bouchée de pomme, je pointe le pistolet devant moi avant d’ouvrir la porte. Les yeux écarquillés, l’arme braquée sur son front, la jeune femme face à moi déglutit avant de murmurer :
— Est-ce que ça va devenir une habitude de vouloir me liquider ? C’est la deuxième fois, là.
Un sourire apparaît sur mes lèvres et je baisse le bras en l’autorisant à entrer. Une fois à l’intérieur, je ferme aussitôt derrière elle. Puis, glissant mon Glock dans le holster accroché sur la patère, je vais m’adosser à l’îlot de cuisine.
— J’ai pas l’intention de te tuer, Anne. Dis-moi plutôt pourquoi t’es là.
— Hum… Seb est revenu seul, alors je me suis inquiétée. Il m’a dit que t’avais envie de réfléchir, mais je voulais m’assurer que tu allais bien.
— Tu vois ? Je vais bien. Où sont les autres ?
— Chez moi ; je leur ai dit que je les retrouverais au resto.
— OK. Alors, je te laisse retourner au Double Barrel et on se voit plus tard.
Debout devant moi, elle ne fait aucun geste signifiant qu’elle a l’intention de partir. Elle a bien mentionné qu’elle irait au resto plus tard, non ? Elle a bien des trucs à faire ? À moins qu’elle n’ait besoin de mon aide pour…
— Wes, je…
Elle s’avance d’un pas, tout en triturant ses mains devant elle. L’anxiété semble prendre possession de son corps sans que j’en saisisse les raisons. La dernière fois que nous nous sommes affrontés, elle avait tous ses moyens, elle était confiante et sûre d’elle. Mais là, devant moi, j’ai l’impression que quelque chose la dérange au point de la rendre vulnérable et… bordel ! Foutrement sexy.
— Je voulais te dire que…
Elle déglutit avec difficulté avant de torturer sa lèvre inférieure avec ses dents. Mon attention se concentre sur cette bouche alors que l’envie de l’embrasser me prend soudainement aux tripes. Si elle continue de la malmener ainsi, je ne réponds plus de mes actes. Je ferme les yeux avant d’inspirer un grand coup. C’est seulement Anne, cette jolie serveuse qui fait tourner toutes les têtes. Celle qui s’est rangée derrière Seb et toi, qui vous as soutenus dans vos folies peu importe le résultat. Elle a été là jusqu’au bout, sans rétribution excepté son pauvre salaire que Sebastian lui refile. Mais pourquoi ? Ouvrant les paupières, je détaille son visage jusqu’à remonter à ses yeux. Ceux-là mêmes qui scrutent mon torse nu avec convoitise avant d’inspirer profondément.
— … que tu dois faire attention à toi. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose.
— Et si c’était le cas ? soufflé-je. Si on ne s’en sortait pas vivants ?
— Alors, j’en serais dévastée.
Il n’y a aucune hésitation dans sa réponse. Rien qui me laisse douter qu’elle ne soit pas sincère. Je me redresse pour faire un pas dans sa direction. Elle relève la tête avant de planter ses magnifiques yeux bleus dans les miens. Je vois sa langue glisser sensuellement sur ses lèvres, ce qui a pour but de faire réagir mon corps. Mon sexe durcit en tentant de comprendre ce qu’elle veut réellement dire, réaction que je ne peux réfréner.
— Sois plus spécifique, Anne, dis-je tout bas. Pourquoi serais-tu si bouleversée ?
— Parce que… parce que je tiens à toi plus qu’à n’importe qui d’autre. Et ce qui s’est passé hier m’a fait réaliser que je pouvais te perdre.
Putain ! Pourquoi n’ai-je pas vu ça avant aujourd’hui ? Pourquoi a-t-il fallu que nos vies soient en danger pour que je comprenne qu’elle est amoureuse de moi ? Parce que la lueur dans ses yeux ne me trompe pas. J’y vois de l’inquiétude, mais aussi du désir et de la tendresse. Ce n’est qu’à cet instant que je me dis qu’elle était là depuis tout ce temps, celle qui donnerait sa vie pour la mienne. Celle qui n’a pas peur de se battre pour ma famille, celle qui pourrait me rendre heureux.
— Wes, je tiens beaucoup à…
Glissant ma paume sur sa nuque, je l’attire vers moi et la fais taire en collant ma bouche contre la sienne. Bordel que je suis con de ne pas avoir pris conscience de ce qu’elle ressent ! Qu’est-ce que tu croyais, Wes, qu’elle t’a fait une pipe par simple bonté d’âme ? De mon autre main, je fais une pression dans le bas de ses reins pour le plaquer contre moi. Elle se moule parfaitement à mon corps alors que ses bras s’accrochent à mon cou. Elle répond à mon baiser de la même façon que moi tandis que ma langue s’entortille autour de la sienne.
Au moment où un gémissement remonte le long de sa gorge, j’attrape son cul à pleines mains pour la soulever et la coller contre mon sexe, afin qu’elle sente à quel point j’ai envie d’elle. Je n’ai pas besoin d’amour avec un grand A, mais seulement de quelqu’un qui reste là peu importe la merde qui nous tombe dessus. Et cette magnifique serveuse a plus que fait ses preuves. En plus d’être carrément bandante, elle fait ressortir le meilleur de moi-même. À cet instant, elle est à moi.
Dévorant sa bouche comme si ça pouvait étancher ma faim, je me retourne pour la poser sur l’îlot. Je dépose des baisers sur sa mâchoire et son cou tout en savourant ses mains qui parcourent mon torse alors que ses jambes sont enroulées autour de ma taille. Un frisson de plaisir déferle le long de ma colonne pour se réfugier dans mon érection presque douloureuse. D’un geste urgent, je lui retire son t-shirt avant de plonger mon visage entre ses seins voluptueux, emprisonnés dans un soutien-gorge noir tout ce qu’il y a de plus simple. Sur elle, ça frôle presque la perfection. Ses mains dans mes cheveux me font grogner alors qu’elle les tire pour m’embrasser à nouveau.
— Bordel ! susurre-t-elle contre mes lèvres. Ça fait tellement longtemps que j’attends ce moment.
— Alors, régalons-nous… répliqué-je, un sourire en coin.
De mes doigts habiles, je dégrafe son soutif avant de happer son mamelon entre mes dents avec délicatesse. Le soupir qui s’échappe de ses lèvres manque de me rendre fou. Je délaisse son petit bout rosé pour descendre sur son ventre plat. Je m’active à faire disparaître son pantalon tandis que ma langue lèche sa peau jusqu’à aller mordiller sa hanche droite. Sa petite culotte n’étant maintenant plus un problème, je fonds sur son sexe pour l’honorer. Je ne sais pas d’où cette envie me vient, mais je dois absolument connaître le goût qu’elle possède. Et je ne suis pas déçu. Putain ! J’en veux plus ; cette saveur douce à peine sucrée risque de me rendre dépendant.
Anne se laisse tomber vers l’arrière, reposant sur ses coudes pour s’offrir davantage à moi. Je glisse un bras sous sa cuisse pour l’avancer au bord du comptoir et poser sa jambe sur mon épaule. De ma paume, je pétris l’un de ses seins jusqu’à pincer son mamelon qui pointe effrontément. Les gémissements de cette femme si surprenante sont le plus aphrodisiaque des bruits qui existent. Comment ai-je pu ne pas voir son désir pour moi ? Il me faudra certainement me rattraper.
— Putain, Wes, murmure-t-elle d’une voix lourde de passion, si tu continues comme ça, je vais…
— Pas sans moi, lui ordonné-je en venant capturer ses lèvres à nouveau.
Je sais qu’à l’instant, elle savoure sa propre saveur sur ma langue. Le simple fait qu’elle ne s’en offusque pas provoque une érection encore plus dure dans mon pantalon. Comme si c’était possible… Je place ses jambes autour de ma taille avant de la soulever pour la porter jusqu’au canapé où je la remets sur ses pieds. Mon jeans toujours ouvert lui facilite la tâche alors qu’elle insère sa main à l’intérieur. Ses doigts entourent ma verge pour effectuer un lent va-et-vient, générant un grognement que je ne peux réfréner. Maintenant impatient, je laisse tomber mon pantalon et fais dégager mon boxeur. Le son d’un texto entrant m’oblige à lever les yeux au ciel. Fait chier !
— Tu veux aller voir ce que c’est ? demande doucement Anne.
— Non, pas le moins du monde. Ça devra attendre que j’en aie terminé avec toi.
Sans rien dire de plus, je pose brutalement ma bouche sur la sienne en l’allongeant sur les coussins moelleux. Tout ce que je veux, c’est de m’insérer en elle pour oublier pendant un moment toute cette merde qui plane au-dessus de nos têtes. Lorsqu’instinctivement, Anne relève sa cuisse contre mon flanc, je la pénètre d’un coup intense. Elle halète, je cesse de respirer. Putain de bordel de merde ! La sensation est différente de tout ce que j’ai connu auparavant, sans pour autant mettre le doigt sur ce changement qui s’opère. À l’instant où je croise ses iris qui me dévorent littéralement, la puissance du désir que j’y lis m’oblige à me mouvoir agressivement pour la satisfaire et faire taire cette voix qui me souffle que ce ne sera jamais assez.
Mon regard dévie sur ses lèvres torturées par ses dents pour ensuite observer l’évolution de sa main qui se dirige droit sur ce petit bout de chair que je léchais il y a quelques minutes à peine. Elle échappe un soupir qui fait aussitôt grossir mon sexe niché dans ses replis savoureux. Puis, tout dérape…
Happant son sein entre mes lèvres pour en suçoter le bout avec ardeur, je lui donne de puissants coups de bassin qui la font gémir. Mes assauts deviennent rapides et erratiques, puis lents et langoureux. J’alterne entre deux états d’esprit ; l’un ne voulant pas que ça s’arrête, l’autre qui souhaite jouir pour recommencer encore une fois. Je choisis immédiatement la seconde option lorsque la jolie blonde s’accroche à mon cou pour s’approprier mes lèvres avant de me dire :
— Montre-moi ta puissance, Shérif.
Seigneur ! Elle aura ma peau ! Installant l’une de ses jambes sur mon épaule, je la pilonne de toutes mes forces. Ses doigts s’activent sur son clitoris tandis que je suis sur le point d’atteindre aussi ce point de non-retour. Alors que la brûlure typique du plaisir s’immisce dans mes reins, signant assurément ma perte, je l’embrasse avec force en faisant claquer nos peaux l’une contre l’autre.
Quelques secondes plus tard, je camoufle son cri alors que je sens les parois de son vagin se contracter sous la puissante jouissance qui traverse son corps. Et, d’un dernier coup de bassin, je sombre aussi en grognant de satisfaction. Bordel ! L’intensité de notre échange me fait presque peur…
Essoufflé par nos ébats, je me laisse tomber à ses côtés, ma tête sur mon bras, l’autre en travers sur son ventre. Lentement, elle dessine des cercles sur mon biceps, nous permettant de reprendre notre souffle. Quelques minutes plus tard, elle brise le silence de la maison :
— Wes ?
— Mm… mmm…
— Je veux que tu saches que…
La sonnerie de mon portable lui coupe sa déclaration. Avec un sourire contrit, elle dit tout simplement :
— C’est bon, vas-y. Ça attendra.
Posant un baiser sur ses lèvres, je me lève, nu comme un ver, et traverse le salon pour récupérer mon téléphone sur le comptoir. Évidemment, l’appel vient de Sebastian.
— T’as vu l’heure qu’il est ? aboie-t-il avant que j’aie le temps d’en placer une.
Mes yeux atterrissent sur l’horloge murale : 12 h 30. La rencontre était prévue pour midi. Je soupire en frottant ma paume sur mon visage.
— Je sais, Seb, je suis en retard.
— Putain, Wes ! Mais t’es tout le temps en retard ! Aujourd’hui, tu devais être à l’heure. Tout le monde est là et c’est nos vies qui sont en jeu… T’es à la tête du groupe, tu ne dois pas l’oublier ! Ramène-toi…
— Quinze minutes ; occupe-les pendant quinze minutes, je serai là.
Mettant fin à la conversation, je me tourne vers Anne qui s’approche de moi à pas lents.
— Alors, on doit y aller ?
Elle se penche pour ramasser sa petite culotte, mais nous avons encore du temps, et je ne compte pas le gaspiller. Je lui tends la main alors qu’elle lève un sourcil d’interrogation.
— Il nous reste dix minutes ; tu m’accompagnes sous la douche. Je serai rapide, promis.
Un sourire aguicheur sur les lèvres, elle pose sa paume dans la mienne et je l’entraîne illico dans la salle de bain. Dix secondes plus tard, son dos percute le carrelage alors que je m’introduis en elle pour la seconde fois.
— Fait chier, Wes ! s’exclame Carlos deux secondes après notre entrée dans le resto. Sebastian nous avait dit quinze minutes.
Je lève les épaules en avisant mon frère qui marche de long en large entre les tables. Tout le monde discute en buvant une consommation tandis que Mika est assise au bar, l’inquiétude lui barrant le front. Je suis peut-être sans cœur d’avoir pensé à moi pendant qu’eux m’attendaient, mais maintenant, j’ai les idées complètement claires. Je suis d’attaque pour établir un plan que je vois déjà dans ma tête. Il ne reste plus qu’à convaincre tous les gens ici présents.
— Désolé, j’ai eu une crevaison. Mais je suis là, c’est ce qui compte.
Sebastian lève les bras dans les airs avant de fourrager dans ses cheveux épars. Il n’est pas dupe. Son regard a alterné entre la blonde et moi pendant au moins une dizaine de secondes. Je sais pertinemment qu’il a compris ce que nous faisions.
Frottant mes mains ensemble, je m’avance pour me poster aux côtés de mon frangin afin qu’on explique aux deux clans alliés tout ce qu’on sait. L’heure suivante passe à tourner le sujet dans tous les sens tout en répondant aux questions. À la fin, mes pupilles se fixent sur Romanov. Suite à notre visite un peu plus tôt, il a eu la matinée pour cogiter ça. Et, comme je m’y attendais, il soulève un point important auquel je n’avais pas pensé.
— Réfléchis encore plus loin, Wes, oublie ta vengeance familiale. Ce chef est avant tout un père de famille. Même s’il maltraite clairement sa progéniture, en l’occurrence Mikaela, elle est ce qu’il a de plus précieux. Il passera au second plan son envie de vous tuer pour la récupérer, elle.
Il n’a pas tort, évidemment. Et s’il tentait par tous les moyens de faire une pierre, deux coups ? S’il nous embobinait pour causer notre perte tout en bernant Mika ? Cependant, cette dernière est très intelligente.
— Qu’est-ce que tu proposes ?
— Et si elle servait d’appât ? questionne Carlos.
— Tu oublies tout de suite cette idée ! s’enrage Sebastian.
Je n’ai pas plus envie que mon frère de sacrifier Mika pour notre avantage, mais Carlos tient effectivement quelque chose. Sa présence brouillera son désir de nous trucider, ce qui peut quand même jouer en notre faveur.
— Le fait que Mika soit là est une bonne chose, mais nous ne la servirons pas sur un plateau d’argent.
— Et, mon avis à moi… vous en faites quelque chose ? s’interpose la jeune femme.
Sebastian s’apprête à lui expliquer son point de vue. Elle l’arrête de la main avant même qu’il puisse sortir un mot.
— Attends, je n’ai pas terminé. Je n’ai pas l’intention de rester cachée ; je l’ai suffisamment été toute ma vie. Fabio Rodriguez n’est rien d’autre qu’un bourreau qui a détruit tous mes liens familiaux qui pouvaient exister. Si je dois…
— Non ! la coupe Seb.
— Si je dois, reprend-elle en posant sa paume sur l’avant-bras de mon frère, servir d’appât pour neutraliser ce chef qui vous a fait du tort, je suis partante. Je sais que je suis en sécurité avec vous et que s’il met la main sur moi, c’est que vous serez à terre. Et là, il n’y aura plus de raison de me battre. Wes, dis-moi ce que je dois faire.
Bordel ! Cette femme a du cran. Même si auparavant, j’ai vu en elle une possible liaison, maintenant je vois une alliée. Une femme qui pourra prendre soin de mon frère autant qu’il l’aimera de tout son être. Je hoche la tête avant de tourner mon regard vers Anne, les bras croisés sur sa poitrine, adossée au mur derrière le bar, qui m’encourage à poursuivre d’un sourire en coin. Je lui retourne la politesse avant d’expliquer mon plan.
— Premièrement, je veux que vous sachiez que votre aide sera récompensée à la fin. Peu importe comment ça se terminera, je continuerai de vous aider dans votre business de merde, et peut-être que j’assouplirai aussi les règles… selon mes humeurs.
Quelques rires fusent dans la salle.
— Nous avons entendu dire que ce mafieux costaricain serait probablement déjà dans les parages. Alors, à partir d’aujourd’hui, je veux que vous soyez mes yeux dans la ville. Mika sera libre de se promener où elle le souhaite, Seb avec elle. Je me ferai discret pour que ces connards croient pouvoir nous prendre par surprise. Après tout, il faut que nous donnions l’impression de penser que Mika est intouchable, qu’elle maîtrise la situation. Mika, tu crois que ton père enverra ses sbires ou qu’il viendra lui-même ?
— Il ne laissera pas ses sous-fifres me toucher ; je suis certaine qu’il viendra me chercher en personne.
— Alors, on se croise les doigts pour que tu aies raison. Aussitôt que l’un de vous repère le gros poisson, vous m’avertissez dans le but que j’appelle Seb.
Putain ! C’est un plan précaire, mais c’est tout ce que j’ai pour l’avoir seul à seul…
— Seb, dis-je en me tournant vers lui, tu quitteras Mika en ville pour qu’elle revienne au resto, seule. Elle doit donner l’impression de venir t’attendre pendant que tu règles un truc. Moi, je patienterai à l’intérieur. Pendant ce temps, Romanov mettra à disposition son bateau pour que tu viennes me rejoindre ici par l’arrière avec quelques hommes. Nous l’attendrons cachés en cuisine tandis qu’il croira pouvoir y retrouver sa fille vulnérable.
— Et qu’est-ce qu’on y gagne, nous ? demande l’un des membres des Bloody Bears.
— Outre ma redevance éternelle ? Hum… que diriez-vous si je vous laissais faire ce dont vous avez envie du clan des Blacks ? Mais si tout se passe comme je le souhaite, je me garde les services du petit nouveau. J’ai apprécié son travail de boucher.
Tous sans exception hochent la tête, en accord avec le plan. Quand je me tourne vers mon frangin, il a les yeux fermés tandis que Mika lui murmure quelque chose à l’oreille. Lorsqu’il ouvre les paupières, ses iris intenses se rivent aux miens. Ils sont d’une gravité sans pareille, créant une inquiétude au plus profond de mes tripes. Après quelques secondes, il m’offre un simple coup de tête avant de quitter la place pour monter à son loft.
Alors que nous détenons la reine dans cette partie d’échecs, il faut maintenant mettre tous les pions en place. Que la fin commence…