L’apogée de l’Europe

Après avoir été, du Ve au Xe siècle, la destination ou le lieu de passage de nombreuses populations venues de l’Est ou du Nord (les « grandes invasions » dans une Europe majoritairement celte), l’Europe connut une première expansion de 1095 à 1291 avec les croisades en Orient. Mais c’est véritablement avec les grandes découvertes et les grands voyageurs du XVe siècle (Vasco de Gama, Christophe Colomb, Magellan) qu’elle commença à étendre son influence sur le monde. Ces grands découvreurs en compétition entre eux ouvrirent la voie aux premiers empires coloniaux européens  : d’abord portugais et espagnol, puis anglais et français (en Asie et en Amérique) et néerlandais. L’Afrique se trouva ainsi partagée entre Britanniques, Français, Belges, Portugais, Espagnols et Allemands.

Si bien que, au XIXe siècle, Français et Britanniques sont chacun à la tête d’un vaste empire.

De leur côté, la Chine et le Japon ont dû ouvrir leurs marchés sous la menace et aux conditions européennes.

À la veille de la guerre de 1914,
les Européens se partagent
le monde

À la veille de la guerre de 1914, les Européens dominent le monde qu’ils se sont partagé. Ils se concurrencent mais sont tous convaincus de leur « mission civilisatrice ». Certes, les États-Unis sont devenus indépendants au XVIIIe siècle, les pays d’Amérique latine de même au XIXe ; et les Russes ont étendu leur contrôle jusqu’à l’océan Pacifique. Mais cette première mondialisation globale sous l’impulsion de la Grande-Bretagne (frontières ouvertes, étalon or) demeure une européanisation du monde.

L’exacerbation des rivalités économiques et coloniales entre puissances européennes est d’ailleurs l’une des causes de la guerre de 1914-1918. On a pu dire que ce conflit fut plus une « guerre civile européenne » qu’une véritable « guerre mondiale ». Il y a ensuite un enchaînement : du conflit de 1914-1918 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale de 1939-1945, en passant par l’entre-deux-guerres qui, aucun problème n’ayant été résolu, fut autant un avant-guerre qu’un après-guerre. En trente ans, l’Europe se ruina, fut supplantée, se retrouvera dominée et protégée par les États-Unis et, un temps, une moitié d’elle-même soumise à l’URSS. Elle passe du statut de centre du pouvoir mondial à celui d’enjeu de la lutte globale soviéto-américaine.