Les religions

Les religions ont façonné les sociétés et leur vision du monde depuis l’aube de l’histoire. Elles sont intimement liées aux phénomènes d’identité, de culture, de civilisation. Au-delà de leur dimension spirituelle, elles ont donc joué un rôle politique et géopolitique majeur, pacificateur ou conflictuel, selon les moments et les lieux. Les religions les plus répandues dans le monde actuel sont le christianisme (33 %), l’islam (20 %) et l’hindouisme (13 %). Certaines religions, celles du « livre » (judaïsme, christianisme, islam) sont dites « révélées ». Les autres se sont constituées petit à petit. Certaines sont prosélytes et cherchent la conversion des « infidèles » : en particulier le christianisme (surtout dans ses branches catholique et protestante) et l’islam aujourd’hui. Avec le temps, la dimension religieuse est devenue une dimension essentielle de l’identité des groupes ou des nations, mêlée à d’autres dimensions : culturelle, linguistique, ethnique, nationale. Dans les guerres dites de religion, il est très difficile de distinguer ce qui relève de la religion, de la politique, de la lutte des classes ou des clans, de la lutte pour le pouvoir. Les religions peuvent être un élément d’un conflit rarement le seul. Elles peuvent constituer un facteur aggravant, pas souvent le déclencheur. Soumis à une oppression politique, un groupe se raccroche souvent à son identité religieuse : les Polonais au catholicisme sous la domination soviétique ; les Grecs et les Serbes à l’orthodoxie sous l’Empire ottoman ; les juifs en Europe – surtout de l’Est – et dans le monde arabe pendant des siècles, etc. Inversement, dès la fin de l’URSS, l’orthodoxie redevient une composante majeure de l’identité russe.

La religion redevient une dimension essentielle dans l’identité
des nations

L’histoire moderne de l’Europe est aussi une longue lutte des monarques nationaux pour échapper au pouvoir du pape (le gallicanisme en France ; l’anglicanisme en Angleterre) et des sociétés pour se libérer, par la laïcité, de l’emprise religieuse, essentiellement catholique, sur la vie publique et privée.

Aujourd’hui, l’Europe, qui est issue de la chrétienté, est le continent le moins religieux, avec la Chine qui ne l’a jamais été beaucoup.

En revanche, la religion reste très présente dans la vie – et même la politique – aux États-Unis, en Amérique latine, en Afrique, en Inde, dans le monde arabo-musulman et en Russie.

Dans sa classification contestée des « civilisations » probablement vouées à s’affronter, Samuel Huntington s’appuie principalement sur le critère religieux. Cet élément est fort dans la détestation que vouent les islamistes aux Occidentaux, aux « croisés », aux Israéliens et aux juifs et… aux musulmans modérés ! Il se retrouve, de moindre force, dans le rejet de l’Islam – et pas seulement de l’islamisme – que l’on voit chez certains Occidentaux, en particulier dans certains groupes protestants du Sud des États-Unis. En revanche, le conflit israélo-palestinien est à l’origine un conflit national classique pour un territoire. Ce n’est qu’avec le temps et son pourrissement par absence de solution qu’il acquiert une dimension religieuse – montée des islamistes chez les Palestiniens, au départ plutôt laïques ; religieux extrémistes israéliens.

Aujourd’hui, on retrouve une composante religieuse dans les conflits, et dans les crises des Balkans, du Proche et du Moyen-Orient, du Caucase et de l’Asie centrale, du sous-continent indien et de plusieurs pays d’Afrique, à la ligne de contact islam/christianisme/animisme.