Même si les expressions « Tiers-monde » ou Nord/Sud n’ont plus le sens global qu’elles avaient il y a trente ans, les inégalités dans le monde demeurent une réalité. Elles se sont accrues par l’enrichissement extrême de certains pays et certains groupes sociaux, et de la globalisation. Dans les années 1970, on pensait que le Sud allait combler son retard, considéré comme purement chronologique, en termes de développement. Si certains pays ont réussi leur décollage industriel, et si d’autres bénéficient d’une rente pétrolière, les inégalités entre riches et pauvres se sont creusées. Avant la révolution industrielle, l’écart de revenus par habitant entre l’Europe, l’Afrique et l’Extrême-Orient ne dépassait pas 30 %. La première révolution industrielle a creusé cette différence du revenu par habitant entre les plus riches et les plus pauvres : ce rapport de 1 à 10, à la fin du XIXe siècle, est passé désormais de 1 à 50. Un pays ne disposant pas des infrastructures élémentaires en termes d’éducation, de transport, de santé ou d’administration étatique n’a pas les moyens de se développer et ne peut donc se doter de ces infrastructures indispensables : c’est la « trappe à pauvreté ». Selon le programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 1,2 milliard d’individus vivent avec moins de 1 dollar par jour, et 2,8 milliards avec moins de 2 dollars par jour. Le patrimoine des quinze personnes les plus riches dans le monde dépasse le PIB annuel total de l’Afrique subsaharienne. 900 millions d’adultes sont analphabètes et 98 % d’entre eux vivent dans les pays du Sud. Le taux de mortalité infantile est de 7 pour 1 000 aux États-Unis, de 126 pour 1 000 au Mali. La pauvreté se traduit également par des inégalités devant la maladie : 95 % des malades du SIDA se situent au sud de la planète, même chose pour le paludisme. Les 20 % du Nord consomment 60 % de l’énergie mondiale. Les inégalités existent également de façon criante à l’intérieur des frontières d’un pays ; elles sont, elles aussi, en augmentation.
La mondialisation a augmenté
à la fois la richesse
et les inégalités
Pour lutter contre les inégalités Nord-Sud, il avait été décidé une nouvelle fois au Sommet de la terre de Rio, en 1992, que les pays riches verseraient 0,7 % de leur PIB en aide au développement. En septembre 2000, l’ONU proclama la « déclaration du millénaire », visant à diviser par deux l’extrême pauvreté (objectif atteint en 2010), par trois la mortalité infantile à l’horizon 2015 (objectif non atteint) et lutter contre le SIDA. En fait l’économie mondiale n’évolue pas en fonction des décisions onusiennes. Entre 1990 et 2010, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté est passé de 1,9 à 1,3 milliard, alors que la population mondiale passait de 5,3 à 6,9 milliards. La mondialisation a eu pour effet d’augmenter à la fois la richesse globale et l’inégalité de sa répartition, tout en portant à la connaissance du plus grand nombre cet écart croissant.