La mondialisation profite également au crime organisé. INTERPOL le définit comme « toute entreprise engagée dans une activité illégale permanente, ne tenant pas compte des frontières nationales et dont l’objectif premier est le profit ». Les mafias, qui avaient auparavant une base nationale et locale, jouent maintenant à une échelle planétaire afin de renforcer, face aux États, leurs parts du « marché criminel ». Ces groupes mettent à profit l’ouverture des frontières, la déréglementation et la financiarisation de l’économie mondiale. Aux côtés de la mafia sicilienne, des yakusas japonais, des triades chinoises, des cartels de la drogue boliviens ou colombiens, des mafias russes, qui ont une base nationale mais étendent globalement leur activité, d’autres acteurs illégaux sont apparus. Il y a les mouvements armés, guérillas dégénérées qui, soit financent leur guerre par des trafics, soit font des trafics leur activité principale. La conquête du pouvoir s’efface comme objectif face à la constitution d’une rente faite du pillage des ressources naturelles et des trafics (pétrole, diamant). À côté des activités traditionnelles (trafic de stupéfiants, d’armes, de diamants) se sont développées de nouvelles activités : les trafics d’êtres humains (esclavage sexuel, immigration clandestine, etc.), la criminalité financière, et, à une échelle de plus en plus massive, la contrefaçon. On voit également des formes de piraterie se développer à nouveau dans les mers asiatiques et africaines. Ces actions souvent violentes s’accompagnent de blanchiment d’argent sale, voire de corruption des administrations et des responsables politiques de certains États.
Les mafias jouent maintenant
à l’échelle planétaire
Le commerce illégal est estimé par le Fond monétaire international de 2 à 5 % du PIB mondial, contre seulement 1 % il y a dix ans. Non contents de créer une insécurité au niveau international, certains de ces acteurs peuvent devenir une concurrence directe à l’échelon national pour l’État et ses organes de sécurité, du fait de l’importance de leurs moyens. Face à des États fragiles où les systèmes administratifs ou sécuritaires sont faibles et/ou corrompus, leurs marges de manœuvre sont très grandes. En décembre 2000, a été signée à Palerme une convention des Nations unies contre la criminalité internationale organisée ; le Groupe d’actions financières sur le blanchiment des capitaux (GAFI) a également été créé en 1987. Après le 11 Septembre, l’attention s’est focalisée sur les circuits de financement du terrorisme. Mais, pour le moment, les acteurs illégaux ont développé leurs activités plus rapidement et plus efficacement que les États n’ont su le faire, même en coopérant intensément entre eux à une riposte adaptée.