Les 6 et 9 août 1945, les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki obligent le Japon impérial à capituler et marquent le début d’une nouvelle ère stratégique : l’ère nucléaire. L’arme nucléaire allait bouleverser la problématique guerre/paix. Avec l’arme nucléaire, l’objectif n’est plus de gagner les guerres, mais de les éviter. La dissuasion mutuelle résulte du fait que le calcul coût/avantage qui prédomine dans les guerres conventionnelles n’a plus de sens, un pays risquant d’être totalement détruit s’il se lance dans une guerre contre un État nucléaire. Les risques potentiels sont nécessairement plus grands que les gains possibles et l’ampleur de destruction dissuade toute volonté agressive. C’est ainsi que la dissuasion garantit la paix. Mais on se rend compte aussi qu’avec l’arme nucléaire la destruction de toute forme de vie sur la planète devient en théorie une possibilité.
L’objectif de la dissuasion nucléaire n’est plus de gagner les guerres, mais de les éviter
Contrairement à ce qu’ils espéraient, les Américains ne gardèrent pas longtemps le monopole de l’arme nucléaire, brisé par les Soviétiques dès 1949. Les deux grands se lancent alors dans une course, quantitative et qualitative, aux armes nucléaires et accumulent des arsenaux gigantesques, bien supérieurs aux stricts besoins de la dissuasion. La Grande-Bretagne en 1952, la France en 1960, la Chine en 1964 entrent à leur tour dans le « club » des puissances nucléaires.
Il y a deux types de prolifération nucléaire. La prolifération verticale est l’augmentation du nombre d’armes et de têtes nucléaires dans les arsenaux des États déjà nucléaires. La prolifération horizontale est l’augmentation du nombre d’États nucléaires. Le traité de non-prolifération (TNP), entré en vigueur en 1970, signé par 190 États, tente de les limiter en échange d’un engagement des puissances nucléaires à négocier des traités pouvant conduire à un désarmement nucléaire, les pays n’ayant pas l’arme nucléaire acceptant quant à eux de ne pas s’en doter. L’usage civil de l’énergie atomique est encouragé.
Ce traité a été critiqué comme injuste par certains États. Mais les États, qui basent leur sécurité sur la dissuasion nucléaire, jugent que l’accession à l’arme atomique d’autres pays remettrait en cause la sécurité internationale. Ils estiment que l’augmentation du nombre d’États nucléaires multiplie les risques d’utilisation de l’arme. Trois États (Inde, Pakistan, Israël) n’ont pas signé le TNP et se sont dotés d’armes nucléaires. L’Afrique du Sud, qui avait commencé à développer un arsenal clandestin l’a démantelé après la chute du régime d’apartheid. La Corée du Nord signataire du TNP l’a dénoncé pour se doter de l’arme nucléaire. L’Iran, signataire du TNP, soupçonné de vouloir se doter d’une telle arme en violation de ses engagements de non-prolifération a conclu, en juillet 2015, un accord permettant de vérifier de façon crédible son programme. C’est l’objet depuis des années d’une négociation avec le conseil de sécurité et l’Allemagne.
La prolifération des armes de destruction massive est vue comme étant l’une des principales menaces mondiales, par les pays occidentaux en particulier. Elle pourrait remettre radicalement en cause leur supériorité stratégique.