La santé publique

Les indicateurs de santé publique dans le monde présentent un tableau extraordinairement contrasté, qu’il s’agisse du taux de mortalité infantile et de l’espérance de vie à la naissance, de la longévité en bonne santé, de l’exposition aux maladies infectieuses et aux grandes pandémies (paludisme, tuberculose, diarrhée infantile, SIDA) ; qu’il s’agisse aussi des politiques de santé publique de prévention ou de soin, de la densité hospitalière ou médicale, ou de la protection de la santé humaine contre les pollutions et les nuisances dangereuses, à la source d’une véritable « pandémie », selon la revue The Lancet.

Il y a encore presque tout à faire pour 3 milliards d’hommes

Dans les pays riches la mortalité néonatale et infantile est très faible. L’espérance de vie est très élevée et ne cesse de croître. Les soins et les équipements sont de qualité. Le risque d’être victime des maladies infectieuses est très faible. Du coup la mortalité, tardive, s’explique surtout, dans des populations en moyenne de plus en plus âgées, par les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies dégénératives. Le mode de vie sédentaire et la suralimentation de mauvaise qualité (sucres, sel, graisse, mal bouffe) sont à l’origine d’une épidémie de surcharge pondérale et d’obésité, spectaculaire aux États-Unis, et qui gagne le monde développé et émergent.

Les populations des pays « en développement » (ce qui est souvent un vœu pieu ou une antiphrase) cumulent à l’inverse tous les handicaps. Vu leur espérance de vie, elles ont rarement l’occasion de mourir de cancers ou d’infarctus mais plutôt de malnutrition, de maladies infectieuses diverses et de carences, de suites d’accidents, etc., et elles ne trouvent évidemment pas dans leur pays les équipements et les personnels nécessaires. L’aide internationale, certaines organisations du système des Nations unies (OMS, FAO, PNUE, UNICEF, PAM), les plus sérieuses des ONG humanitaires, comblent en partie ce déficit.

Les pays « émergents » sont, par définition, entre les deux. Néanmoins la moyenne mondiale entre ces mondes très contrastés – riches et pauvres – fait apparaître, même en Afrique, là où le SIDA fait le plus de ravages (conséquences de l’épidémie, revue un peu en baisse en 2007), une élévation de l’espérance de vie et un allongement de la durée de la vie. Selon les projections démographiques actuelles, la population africaine va augmenter ; celle de la Chine aussi, tout en vieillissant vite. Il y a encore presque tout à faire pour 2 à 3 milliards d’êtres humains. Mais les problèmes de santé publique de l’humanité seront peut-être en majorité un jour des problèmes de population âgée… même si le seuil de la vieillesse aura lui-même reculé d’ici là.