La notion de pays « émergents » est apparue au début des années 80, pour mettre en évidence le développement de pays anciennement « sous-développés », à croissance forte, avec une classe moyenne en expansion, attractifs pour les investisseurs étrangers et ne présentant pas de risques élevés.
Leur émergence marque la fin
de la domination occidentale exclusive sur le monde
En 2001, Jim O’Neill (banque Goldman Sachs) invente le concept de « BRIC » pour Brésil, Russie, Inde, Chine, qui sont des pays-continents. Il s’agit alors de rassurer et d’intéresser les marchés en désignant quatre grands pays à fort potentiel de croissance et forte démographie. Ces pays sont en fait très différents, parfois rivaux entre eux. Deux seulement sont membres permanents du conseil de sécurité, trois possèdent l’arme nucléaire dont deux légalement mais tous revendiquent un monde « multipolaire ». À partir de 2011, ils institutionnalisent leur coopération, sont rejoints par l’Afrique du Sud. Les trois continents du sud sont ainsi représentés. D’autres sigles proliférent par la suite pour définir des pays de l’ancien « Tiers Monde » (les « Next 11 » : Égypte, Bangladesh, Iran, Indonésie, Corée du Sud, Mexique, Nigéria, Pakistan, Philippines, Turquie, Vietnam), CIVETS (Colombie Indonésie Vietnam Égypte, Turquie et Afrique du Sud) MIST (Mexique, Indonésie, Corée du Sud et Turquie), etc.
Certains d’entre eux (mais pas la Chine) tirent parti de l’augmentation du prix des matières premières, de l’essor de leurs classes moyennes, du développement d’industries, ou de services à plus bas coût que dans les pays industrialisés. Les pays émergents connaissent comme les autres un certain ralentissement économique après la crise de 2008, et la fin de l’âge d’or de la croissance à deux chiffres.
En fait, il y a une soixantaine de pays dans le monde qui connaît après le début du XXIe siècle, et à la faveur de la globalisation, une croissance très forte.
Leur émergence marque la fin de la domination occidentale exclusive sur le monde. Le passage, avec la crise du G8, à un G20 en est le symbole. Malgré leurs divisions, voire leurs rivalités, ils s’entendent pour bloquer le cycle de Doha au sein de l’Organisation mondiale du commerce et jouent ainsi un rôle accru dans les négociations internationales. En 2014, la Chine crée une Banque Asiatique d’Investissement pour les infrastructures (mettant fin au monopole de la Banque Mondiale) rejointe en 2015 par plusieurs pays occidentaux.
Même si les pays anciennement développés restent de loin les plus riches par tête, et si les émergents ne sont pas en mesure de les supplanter sur ce point, les pays anciennement développés ont perdu le monopole de la richesse et de la puissance. Plus rien d’important ne pourra globalement se décider sans les pays émergents.