Les États-Unis

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Le peuplement des colonies anglaises d’Amérique par des émigrants venus de Grande-Bretagne ou d’autres pays européens a été motivé par la quête de liberté religieuse par certains groupes protestants ou pour échapper à la misère. C’est également au nom de la liberté et pour des raisons fiscales que l’indépendance a été proclamée en 1776 par treize colonies, devenues les treize États fédérés fondateurs. L’extension du territoire américain s’est faite par la conquête des territoires de l’Ouest – sans tenir aucun compte des droits des Indiens natifs américains –, l’achat de territoires aux puissances européennes, comme la Louisiane, ou la guerre et l’annexion (Mexique). Fondé par des émigrés qui avaient fui l’Europe et voulaient construire un nouveau monde, les États-Unis ont commencé par ne pas vouloir être mêlés aux querelles intereuropéennes. Avec la doctrine de Monroe (1823), ils ont également voulu que l’ensemble du continent américain soit protégé de toute intervention extérieure, notamment européenne (espagnole) ce qui leur a, par la suite, laissé le champ libre pour y exercer leur influence. Dès l’origine, les États-Unis se pensent comme étant l’empire de la liberté, l’extension de leur territoire étant vécue comme le gage de la promotion de cette dernière, plus que comme un dessein de grandeur nationale. À la suite de la guerre contre le Mexique en 1848, ils développent le concept de « destinée manifeste » qui attribue aux États-Unis un devoir de civilisation universelle, un avenir d’expansion commerciale et culturelle et un destin de grande puissance. L’inégalité des citoyens ne prend pas en compte l’héritage de l’esclavage et de l’extermination de facto des Indiens natifs américains. C’est au nom de la liberté des peuples qu’ils s’en prennent ensuite (1898) à l’Empire espagnol finissant, à Cuba et aux Philippines, et substituant leur domination économique et politique au lien colonial dissout. Les Caraïbes et l’Amérique centrale deviennent leur arrière-cour ; ils participent même à la création de l’État du Panama, en le détachant de la Colombie afin de pouvoir en contrôler le canal, passage stratégique.

Les États-Unis se voient
comme la nation indispensable

Les États-Unis veulent se maintenir à l’écart de la Première Guerre mondiale. Ils y parviennent jusqu’aux attaques des sous-marins allemands contre leurs navires, entravant leur liberté maritime et de commerce. Cela les oblige à s’engager en 1917 aux côtés des Alliés et à permettre leur victoire finale.

Le président Wilson veut jeter ensuite les bases d’une diplomatie nouvelle fondée sur l’autodétermination et le moralisme, en rupture avec l’immoral jeu traditionnel des puissances attribué à l’Europe.

C’est le wilsonisme. Mais le Sénat des États-Unis, resté isolationniste, refuse l’adhésion à la Société des Nations que Wilson a inspirée. Il faudra l’attaque japonaise contre Pearl Harbor en décembre 1941 pour démontrer à l’opinion américaine l’impossibilité de l’isolationnisme et permettre au président Roosevelt d’entrer dans la guerre contre Hitler et contre le Japon et, avec les Soviétiques, de la gagner. Les États-Unis sont le seul État à sortir plus puissant de la Seconde Guerre mondiale qu’ils n’y étaient rentrés, leurs pertes humaines étant limitées, leur territoire épargné par les bombardements, et leur économie stimulée.

Les États-Unis se pensent
comme étant l’empire de la liberté

Face au défi soviétique, à la fois idéologique – le communisme –, et géostratégique – contrôle du continent eurasiatique –, les Américains n’ont d’autre choix que de prendre la tête du « monde libre » et de créer un système d’alliances global en Europe (OTAN), au Moyen-Orient et en Asie afin « d’endiguer » l’URSS. Les principes moraux (lutte pour la liberté) et l’intérêt national (leadership mondial) se rejoignent pendant toute la durée de la guerre froide. L’implosion de l’Union soviétique va démontrer la supériorité politique, économique et morale du système américain qui n’a plus de rival à sa mesure. Les États-Unis sont plus que jamais persuadés d’incarner des valeurs universelles et estiment que ceux qui s’opposent à eux le font par hostilité à ces valeurs de liberté. C’est l’époque de « l’hyperpuissance ».

Dix ans après, le 11 septembre 2001 provoque un choc majeur aux États-Unis. Le sentiment d’avoir été injustement attaqué, d’être supérieur moralement – et d’avoir été attaqué pour ces raisons – tout en disposant d’une puissance inégalée, amène en réaction la guerre en Irak, aisément gagnée. Mais le fiasco stratégique qui en découle atteint profondément l’image des États-Unis dans le monde, perçus comme une puissance agressive et ne mettant pas sa force immense au service de l’intérêt général. On leur reproche notamment de prôner des principes et de les respecter de façon sélective, de pratiquer les doubles standards (Guantanamo, Abu Ghraib).

Malgré cela, aucune puissance ne les concurrence sérieusement et la société américaine, son énergie et ses capacités d’intégration conservent une attractivité incomparable sur le monde extérieur bien que le président Obama, dont l’élection avait soulevé l’enthousiasme surtout en Europe et qui pratique une politique de retenue, ait déçu.