Le Canada

Le Canada est partagé entre les influences européennes, notamment britannique et française, et américaine. Si, à sa naissance – c’est le statut de Westminster en 1931 qui lui a donné sa pleine souveraineté – le Canada était une puissance majeure.

Ne pas se fâcher avec les États-Unis tout en maintenant la spécificité canadienne

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le Canada dispose d’atouts considérables. Il a la 4e armée mondiale et il est la 3e puissance économique. Il est doté d’un gigantesque territoire, même si sa population est relativement réduite. Mais la formidable montée en puissance des États-Unis bouleverse la situation.

Dans le cadre de l’ALENA, 87 % des exportations canadiennes sont absorbées par les États-Unis. Les deux voisins partagent la plus longue frontière terrestre du monde : près de 9 000 kilomètres. Le Canada est membre de l’OTAN depuis sa création en 1949 et le Grand Nord canadien est utilisé comme site de surveillance par les radars américains.

Mais sur le plan de la conception des relations internationales, de la place du droit international, du multilatéralisme ou de l’encadrement juridique du recours à la force, le Canada était plus proche des conceptions européennes que de celle des États-Unis. Le Canada ne peut se permettre de se fâcher avec son imposant voisin, mais il souhaite maintenir une spécificité, aussi bien sur le plan national (et ne pas avoir le sentiment d’être absorbé) qu’international (et insister sur sa préférence pour une approche multilatérale). Le renforcement de l’unilatéralisme américain et leur mutation en hyper-puissance ont rendu pendant un temps la position du Canada plus délicate. Le Canada est très attaché au multilatéralisme, à tel point qu’un ancien ministre canadien a pu déclarer que « l’ONU fait probablement parti de l’ADN de la plupart des Canadiens ». Les forces de maintien de la paix de l’ONU furent créées à l’initiative du Secrétaire d’État aux Affaires extérieures, Lester Pearson, en 1956, après la guerre de Suez. Il reçut l’année suivante le Prix Nobel de la paix, ce qui confirmait les Canadiens dans l’idée que le multilatéralisme était le meilleur multiplicateur de leur poids dans les affaires internationales. Les Canadiens sont actifs dans la coopération Nord-Sud, au sein de la francophonie comme du Commonwealth. Le Canada a été dès l’origine membre du G7. Mais depuis 2006 et l’arrivée du conservateur Stephen Harper au pouvoir, la politique étrangère canadienne a été profondément réorientée pour se rapprocher des thèses néoconservatrices (méfiance vis-à-vis de l’ONU et du multilatéralisme, quasi-alignement sur le gouvernement israélien) alors même que les États-Unis avec l’administration Obama s’en éloignaient.