L’Espagne

Après avoir réalisé son unité territoriale et s’être lancée à la conquête des Amériques, sources d’immenses richesses, l’Espagne fut, un temps, la puissance européenne dominante et, au XVIe siècle, la première puissance mondiale. On a pu ainsi parler de « mondialisation ibérique ». Mais à partir du XVIIIe siècle, commence son déclin, marqué au XIXe par la perte de ses colonies latino-américaines et par son incapacité à prendre le virage de la révolution industrielle. En 1931, rompant avec des siècles de monarchie, la République est instaurée. Cinq ans plus tard, en 1936, l’extrême droite refuse de reconnaître la victoire du Front populaire et plonge le pays dans une guerre civile qui fera plus de 500 000 morts. Le général Franco prend le pouvoir en 1939 et il entend tenir l’Espagne à l’écart de la Seconde Guerre mondiale, malgré l’aide que lui ont apportée Hitler et Mussolini pour assurer sa victoire. Sa dictature dure jusqu’en 1975. Elle isole l’Espagne du continent européen, même si un accord bilatéral est établi dès l’après-guerre avec les États-Unis dans le cadre de la lutte anticommuniste.

L’Espagne veut être un pont
entre les civilisations

Le rétablissement de la démocratie en 1978, sous l’égide du roi Juan Carlos, permet à l’Espagne de quitter ses habits d’État semi-paria et de retrouver sa place dans l’Europe. Dès 1986, elle adhère à la Communauté économique européenne : c’est le début d’une longue période de développement qui explique l’attachement des Espagnols à la construction européenne. Le souvenir de l’appui des États-Unis à Franco, s’il n’a pas dissuadé l’Espagne d’adhérer à l’OTAN, fait que celle-ci essaie de conserver une certaine indépendance par rapport à Washington.

L’Espagne s’emploie à avoir une politique étrangère active par le prisme européen. Elle entretient, comme le Portugal, des relations étroites, ibéro-américaines, avec l’Amérique latine. Elle pense aussi pouvoir être un pont entre l’Europe et le monde arabe. Le soutien du gouvernement Aznar à la guerre en Irak en 2003 a été massivement rejeté par l’opinion espagnole et il a contribué, avec les attentats de Madrid de mars 2004, à sa chute. Son successeur socialiste, Zapatero, s’appuie notamment sur le succès de la politique économique et sociale mise en œuvre pour contrer le terrorisme de l’ETA qui continue de sévir en Espagne.

Très éprouvée par la crise de 2007-2008, en raison de l’éclatement de la bulle immobilière, l’Espagne remonte la pente à partir de 2013, sous le gouvernement de Mariano Rajoy, après des mesures d’austérité drastiques économiquement efficaces mais au coût social très lourd.