Édifié au XVe siècle, l’Empire Ottoman connaît son apogée en 1529 avec le siège infructueux de Vienne. Soliman, allié de François Ier, dispute alors l’hégémonie continentale à Charles Quint. Sa puissance entraîne des réactions. Au XVIIe siècle, en 1683, un nouvel échec devant Vienne entraîne la formation d’une « sainte ligue » contre les Ottomans, (Autriche, Venise, Pologne, Russie). L’Empire Ottoman s’affaiblit. La fin du XIXe siècle voit se multiplier les ingérences des puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Russie, Allemagne) dans un empire considéré comme « l’homme malade de l’Europe ». Avant la Première Guerre mondiale, dans laquelle les Ottomans s’engagent aux côtés des Allemands, il ne contrôle plus en Europe que la Thrace occidentale. Vaincu, l’Empire est démembré par les vainqueurs au traité de Sèvres (1920). Celui de Lausanne en 1923 donne naissance à la nouvelle Turquie. Mustapha Kemal prend le pouvoir, s’inspire de l’Europe, et décide d’imposer aux Turcs la laïcité et l’occidentalisation pour enrayer le déclin national.
L’orientation du rôle stratégique
de la Turquie dépendra
de son entrée ou non
dans l’Union européenne
Restée neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, la Turquie bénéficie du plan Marshall en 1947 et adhère à l’OTAN en 1952. À l’Ouest, elle est le pays qui a la plus grande frontière terrestre avec l’Union soviétique et elle participe activement à la défense atlantique. La rivalité avec la Grèce conduit les deux pays à un conflit à propos de Chypre en 1974 mais s’atténue ensuite. La dissolution de l’Union soviétique fait perdre à la Turquie sa position privilégiée de rempart de l’OTAN contre le communisme, mais lui permet de renouer dans le Caucase et en Asie centrale avec les autres pays turcophones, et de confirmer son rôle au Moyen-Orient lors de la guerre de 1990-1991 pour la libération du Koweït. À partir de l’accord du Conseil européen d’Helsinki en décembre 1999 pour l’ouverture des négociations, le projet d’adhésion à l’Union européenne est considéré comme un moyen de modernisation, mais aussi de reconnaissance politique de la Turquie, comme appartenant de plein droit au monde occidental et européen. Ce sujet divise les opinions européennes. Les négociations devraient durer longtemps.
La Turquie trouve dans sa relation avec les États-Unis, pour qui elle reste un partenaire clef, un appui stratégique et politique. Elle a cependant refusé le libre passage de l’armée américaine sur son territoire pendant la guerre d’Irak de 2003. Elle craint que l’autonomie, ou pire, l’indépendance, du Kurdistan irakien n’ait un effet de contagion sur les Kurdes de Turquie.
La Turquie connaît depuis le XXIe siècle une forte croissance économique. Le parti AKP (islamo-conservateur, antikémaliste) a remporté les élections en 2002, 2007, 2011 et en 2014.
Premier ministre, puis président, Recep Tayyip Erdogan dispose d’un pouvoir de plus en plus étendu. La Turquie qui ambitionnait d’avoir « zéro » problème avec ses voisins en a maintenant avec tous et la guerre civile en Syrie comme l’extension de l’état islamique (DAESH) révèlent ses contradictions et entretiennent une tension avec les États-Unis. La Turquie officielle ne veut toujours pas reconnaître la responsabilité de l’Empire ottoman dans le génocide arménien de 1915. La question kurde reste ultra-sensible par crainte d’une sécession. La négociation d’adhésion à l’UE se poursuit sans grand espoir d’aboutir.