L’Inde

À l’époque de la guerre froide, l’Inde occupait une place de leader au sein des pays non-alignés, ce qui lui donnait sur la scène mondiale une importance supérieure à son poids économique relativement faible. Ce non-alignement s’accompagnait cependant d’accords militaires développés avec l’Union soviétique. Sous l’influence de Gandhi, l’Inde qui se présentait comme la plus grande démocratie du monde, mettait en avant ses traditions de pacifisme, d’humanisme et d’universalisme. Au niveau international, elle prônait la non-ingérence, le respect de la souveraineté, le désarmement, et se voulait le symbole et le porte-parole des pays du Sud. Elle jugeait cela compatible avec la constitution d’un arsenal nucléaire et l’affirmation d’une politique de puissance au niveau régional.

Washington est pour l’Inde
un allié contre la Chine et un partenaire influent sur le Pakistan

L’Inde avait deux rivaux principaux. Le premier était le Pakistan dont la scission lors de l’indépendance n’est toujours pas acceptée par une partie des nationalistes indiens et contre lequel le pays mène trois guerres – en 1948, en 1962 et en 1971 – qui conduisirent à l’indépendance du Bangladesh. Le second rival était la Chine contre laquelle l’Inde subit une défaite traumatisante en 1962. Au fil des années, l’équilibre des forces économiques, technologiques et militaires entre l’Inde et le Pakistan a tourné à l’avantage de New Delhi. Seule la possession de l’arme nucléaire par les deux pays apporta un correctif d’égalité et les contraignit à une certaine prudence de comportement. À l’inverse, la montée en puissance économique de la Chine inquiète l’Inde qui estime que le monde occidental lui porte trop d’attention, à son détriment. La disparition du clivage Est-Ouest a obligé l’Inde à réinventer une diplomatie, l’implosion de l’Union soviétique l’ayant privée de son principal partenaire stratégique. L’Inde a, dès lors, opéré un rapprochement avec Washington dans l’espoir d’avoir ainsi un levier sur le Pakistan et un allié potentiel contre la Chine. Elle espère tirer de ce partenariat – contesté en interne par les musulmans et par la gauche – le moyen d’accélérer son accession au statut de grande puissance.

Si les principes de Gandhi sont toujours mis en avant, le nationalisme indien s’affiche de plus en plus. Les capacités nucléaires, autrefois cachées, sont revendiquées depuis une série d’essais en 1998. L’Inde aspire à être la sixième grande puissance mondiale et à obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Elle estime avoir un statut international insuffisamment reconnu et en décalage avec la vision qu’elle a d’elle-même. Elle est surtout inquiète de la montée en puissance de la Chine en Asie et dans l’Océan Indien.

En 2014 le parti nationaliste (BJP) gagne les élections, les électeurs adhèrent au discours d’affirmation de la puissance indienne et rejettent aussi le parti du Congrès usé et accusé de corruption. Narendra Modi, nationaliste déclaré, devient Premier ministre.