La Corée est un pays aujourd’hui divisé dont la réunification reste l’objectif essentiel. À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la Corée a été occupée de part et d’autre du 38e parallèle par les Soviétiques et par les Américains. En 1950, la Corée du Nord, aidée par l’URSS et la Chine, déclencha une guerre – la guerre la plus importante de la guerre froide – contre la Corée du Sud soutenue par les États-Unis. Elle se solda par le statu quo. Le Sud capitaliste et le Nord communiste mirent tous deux en place un régime dictatorial, sur fond de climat de guerre. La Corée du Sud misant sur l’industrialisation, l’éducation, et le capitalisme connut un développement rapide, contrairement à la Corée du Nord. Dans les années 1980, la Corée du Sud se démocratise et donne naissance à une société civile au tissu associatif et politique très développé.
Exister de façon autonome
sur la scène internationale
et maintenir l’alliance
avec les États-Unis
Depuis les années 1990, la Corée du Sud a adopté un ton plus modéré à l’égard de la Corée du Nord. Les Coréens estiment appartenir à un peuple millénaire, uni par une culture et une langue communes, au-delà des divisions politiques. Séoul redoute un affrontement, mais également l’effondrement d’un régime qui obligerait à une réunification trop rapide dont le coût économique et social serait difficilement supportable (24 millions d’habitants en Corée du Nord, 50 millions d’habitants en Corée du Sud et surtout un écart abyssal de développement). Alors que la Chine a dominé la Corée pendant des siècles jusqu’à la conquête par le Japon en 1895, les relations entre Séoul et Pékin sont bonnes. La Chine est perçue comme un partenaire économique et comme jouant un rôle de modérateur du comportement Nord-Coréen. Il n’en va pas de même pour le Japon qui fit de la Corée, entre 1895 et 1945, une tête de pont vers l’Asie, exploitant ses richesses et asservissant sa population. Le caractère insuffisant et tardif des excuses japonaises gène la réconciliation entre les deux pays. L’organisation des Jeux Olympiques en 1988 et la co-organisation de la Coupe du monde de football en 2002 ont permis aux Coréens d’affirmer de façon pacifique leur nationalisme. Les Coréens dépendent de la protection américaine, comme les Japonais. Mais la peur de la Chine étant moins forte en Corée, il y a un plus grand désir d’indépendance à l’égard de Washington. Les jeunes générations, contrairement aux plus anciennes, ont une vision moins positive des États-Unis : Bush, en plaçant la Corée du Nord dans « l’axe du mal » en 2003 et adoptant une tonalité jugée agressive à l’égard de Pyongyang a été considéré négativement par les Coréens. Les contentieux commerciaux entre Washington et Séoul et le sentiment d’être instrumentalisé par les États-Unis dans leurs objectifs stratégiques compliquent la relation. La Corée du Sud sous la présidence de Mme Park Geun-hye cherche à exister de façon autonome sur la scène internationale et à gagner des marges de manœuvre à l’égard des États-Unis tout en maintenant une alliance avec eux. Plus que la réunification jugée trop coûteuse, la Corée du Sud souhaite une stabilisation de la Corée du Nord, mais ne se fait pas d’illusions sur l’évolution possible du régime. Membre du G20, la Corée du Sud veut faire entendre sa voix spécifique sur les affaires mondiales.