« Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des États-Unis ! ». Dans ce pays, devenu indépendant en 1821, la proximité avec les États-Unis n’a pas toujours été vécue de façon positive. Si une seule guerre a opposé les deux pays entre 1846 et 1848, elle s’est traduite pour le Mexique par la perte de la Californie, du Nouveau Mexique, de l’Arizona et du Texas. En 1861, le Mexique a subi également une intervention militaire française, qui fut un fiasco pour Napoléon III. Peu après la révolution mexicaine de 1911, le Mexique doit encore subir le débarquement des troupes américaines à Vera Cruz. L’histoire explique donc l’attachement du Mexique aux principes de souveraineté nationale, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans ses affaires intérieures.
Le Mexique se veut pays charnière entre les deux Amériques mais est en proie à d’immenses problèmes
La relation avec les États-Unis détermine en grande partie la politique mexicaine. La nationalisation du pétrole en 1938 est ainsi plus vue comme un moyen d’indépendance nationale que de justice sociale. Les 3 000 kilomètres de frontière commune interdisent l’ignorance mutuelle, mais l’histoire et la dissymétrie des situations empêchent des relations apaisées. Au cours de la guerre froide, le Mexique marque sa différence en maintenant de bonnes relations avec le régime castriste et condamne les différentes ingérences américaines en Amérique latine. Il s’est posé comme un des leaders du mouvement des pays non-alignés, moyen de renforcer ses marges de manœuvre par rapport à Washington. L’essor pétrolier après 1973-1974 lui donne de nouveaux moyens, mais son souci d’indépendance l’empêche de rejoindre l’OPEP. Il n’entend pas développer un outil militaire qui serait inutile, car insignifiant par rapport à son voisin nord-américain, et surdimensionné par rapport aux petites puissances d’Amérique centrale. En 1992, il signe le traité d’Accord de libre-échange pour l’Amérique du Nord (ALENA – ou NAFTA pour North America free trade agreement) avec les États-Unis et le Canada. Les États-Unis absorbent ainsi 85 % des exportations mexicaines, le Mexique ne comptant que pour 10 % dans les exportations américaines.
Membre temporaire en 2003 du Conseil de sécurité, le Mexique s’oppose à la guerre d’Irak. Son soutien à la Cour pénale internationale irrite également les États-Unis. Le Mexique a ratifié le protocole de Kyoto. La construction d’un mur par les États-Unis pour empêcher les entrées illégales sur leur territoire est un autre sujet de vives discordes. Bien que culturellement très différent, le Mexique se retrouve, à certains égards, dans la même position que le Canada, devant avant tout se définir par rapport à l’hyperpuissance américaine, à la fois indispensable et irritante. Il se veut concurrent du Brésil pour la prééminence latino-américaine et réclame lui aussi un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, tout en se voulant un pays charnière entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. M. Enrique Peña Nieto a succédé en 2012 à la présidence à Felipe Calderón.
Le Mexique continue de connaître une violence intérieure extrêmement importante, du fait du trafic de drogue contre lequel la police, très corrompue, lutte très peu.