Le Brésil

Géant latino-américain et puissance mondiale potentielle, le Brésil n’a jusqu’ici pas tenu le rôle international que ses multiples atouts pourraient lui permettre de jouer. Alors qu’une mission américaine, envoyée par le président Monroe en 1817, voyait dans le Brésil un empire destiné à rivaliser avec les États-Unis, le pays avait jusqu’à la fin du XXe siècle plutôt justifié le fameux mot de Clemenceau pour qui le Brésil est « un pays d’avenir qui le restera longtemps ».

L’ambition du Brésil à être leader régional et une puissance mondiale émergente est contrariée

Sa taille et son poids démographique ont mis le Brésil à l’abri des visées de ses voisins immédiats. L’éloignement l’a protégé des puissances européennes et nord-américaines. Cela a permis au Brésil, depuis son indépendance en 1822, de n’être impliqué que de façon secondaire dans les affaires internationales, à l’instar du continent latino-américain. Longtemps en rivalité régionale avec l’Argentine, le Brésil l’est désormais avec le Mexique, premier pays hispanophone de l’Amérique latine.

Durant la guerre froide, le Brésil s’est rangé aux côtés de sa famille naturelle, le monde occidental. Les États-Unis y ont soutenu un régime militaire répressif à partir de 1964, ce qui a laissé des traces négatives dans la perception des États-Unis par l’opinion brésilienne. Si la guerre froide n’a en effet affecté que marginalement l’Amérique latine, cette période a vu la mise en place de dictatures militaires et de guérillas. Plus tard, le retour à la démocratie et le décollage économique de la région mettent le Brésil dans une position avantageuse. Il résiste aux appétits américains, refuse d’entrer dans l’Association de libre-échange de l’Amérique du Nord et fonde un marché commun sud-américain avec ses voisins immédiats (MERCOSUR) et veut l’étendre aux pays andins.

Avec l’élection du président Lula en 2002, le Brésil s’est doté d’un chef d’État charismatique qui développe une rhétorique progressiste, tout en se comportant comme un gestionnaire prudent, y compris dans la relation avec les États-Unis. Le Brésil entend désormais être non seulement le leader régional mais aussi l’une des puissances mondiales émergentes. Il tire parti, pour son développement, de la libéralisation du commerce international et d’une agriculture intensive. Il est le « B » de l’acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Acteur de poids à l’OMC, il fait campagne pour obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et il s’implique désormais dans les grands débats stratégiques internationaux. Il est sur la sellette en raison de l’exploitation peu écologique et de la destruction de l’immense forêt amazonienne. Son rôle est croissant sur la scène diplomatique. Dilma Roussef, élue en 2010, puis en 2014 entend poursuivre la politique de Lula, mais la croissance économique se ralentit nettement, des scandales liés à la corruption éclatent au sein du parti au pouvoir, le Parti des Travailleurs, et de la Compagnie nationale pétrolière Petrobras. La présidente est très affaiblie en 2015.