Israël

Dispersés par Rome aux Ier et IIe siècles après J.-C., les Juifs subirent au cours des siècles de nombreuses persécutions. En 1492, ils furent chassés du royaume d’Espagne par Isabelle la catholique. La révolution française marque la reconnaissance de leurs droits au sein de la République. Discriminations et pogromes se développent au sein de l’Empire russe en particulier au XIXe siècle. Ailleurs en Europe, ils continuent d’être victimes de l’antisémitisme, y compris souvent de façon violente. C’est en réaction à ces manifestations de racisme que Théodore Hertzl publie en 1896 L’État juif qui sera à la base du projet sioniste. Le sionisme est la reconnaissance du fait national juif, dans la lignée du mouvement des nationalités en Europe au XIXe siècle, avec pour objectif la création d’un État où ils seront à l’abri des persécutions. En 1917, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, se prononce en faveur de la création d’un foyer national juif en Palestine sur le principe d’« une terre sans peuple pour un peuple sans terre », en contradiction avec les promesses faites aux Arabes d’obtenir une pleine indépendance vis-à-vis de l’Empire Ottoman. D’autre part, s’il y a bien un peuple sans terre, il n’y a pas de terre sans peuple. Le développement de l’antisémitisme entre les deux guerres en Europe va provoquer une immigration massive des Juifs en Palestine, elle-même génératrice de tensions.

Malgré sa supériorité nucléaire, Israël vit toujours dans l’angoisse
de la destruction

Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale, et en réaction au génocide nazi, que l’idée de la création d’un État pour les Juifs s’impose. L’ONU qui comprend à l’époque une cinquantaine d’États, dont très peu d’États du Sud, prévoit un plan de partage de la Palestine, qui était sous mandat britannique, entre Arabes palestiniens et Juifs. Mais cette solution est refusée par les pays arabes voisins qui se lancent dans une première guerre contre le nouvel État, Israël, et la perdent. Israël contrôle dès lors 78 % du territoire de la Palestine sous mandat. Le refus arabe de reconnaître l’existence d’Israël, s’ajoutant à la mémoire du génocide et aux traditions antisémites dans de nombreux pays, va faire d’Israël pour beaucoup de Juifs un État refuge qui, vivant dans un environnement hostile qui veut sa disparition, se sent toujours menacé dans son existence. À l’occasion de la guerre de 1967, Israël conquiert les 22 % restants de la Palestine et l’autre moitié (Est) de Jérusalem, lesquels forment la base territoriale d’un éventuel futur État palestinien. Le général de Gaulle condamne l’occupation de ces territoires en 1967, ce qui marque la rupture de l’alliance stratégique avec la France et le début de celle avec les États-Unis. Israël est alors vu par les Israéliens eux-mêmes comme une nation occidentale et démocratique, au sein du Proche-Orient, et par beaucoup comme une base avancée des États-Unis dans la compétition Est-Ouest. À l’issue de celle-ci, l’alliance entre ces deux pays apparaît comme indestructible, la guerre « contre le terrorisme » devenant en 2001 un nouveau ciment. Malgré la possession d’un arsenal nucléaire qui sanctuarise son territoire, une supériorité militaire désormais incontestée, une garantie stratégique, une aide multiforme américaine et les offres de paix répétées des pays arabes, Israël vit toujours dans l’angoisse de sa destruction. Une partie (croissante) des leaders politiques israéliens estime que seule la suprématie militaire et la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens lui permettront de vivre en sécurité. Une autre partie (en diminution) estime que le moment est venu de faire des concessions territoriales pour obtenir la paix et la normalisation avec les voisins arabes, et donc d’accepter la création d’un État palestinien. Le non-règlement de la question palestinienne suscite une impopularité croissante d’Israël dans le monde mais les électeurs israéliens y sont indifférents, ils donnent le 17 mars 2015 une très nette majorité de droite au Likoud de Benjamin Netanyahou qui s’allie avec des partis d’extrême droite pour former un gouvernement très nationaliste en avril 2015.