Le terme Maghreb vient de l’arabe Al-Maghrib qui signifie « couchant » ou « occident ». L’Afrique du Nord fut occupée par les Arabes au VIIe siècle avant d’être intégrée à l’Empire ottoman au XVIe (à l’exception du Maroc), puis d’être colonisée par la France (Algérie 1830, Tunisie 1880, Maroc 1912). Les trois États du Maghreb, qui ont acquis leur indépendance entre 1956 et 1962, sont membres de la Ligue des États arabes.
Des liens culturels et humains
mais aucun partenariat réel
En dépit d’une identité arabo-musulmane commune très forte (sur un fond berbérophone vivace), les trois États ont connu depuis l’indépendance des évolutions politiques, intérieures et extérieures, tout à fait différentes et ne parviennent pas à définir une politique commune, en dépit de l’existence d’une « Union du Maghreb arabe ». Après l’indépendance, l’Algérie adoptait une ligne progressiste et tiers-mondiste, pendant que le Maroc suivait une politique monarchique pro-occidentale. En outre, le soutien de l’Algérie au Front Polisario, qui refuse de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara, bloque toujours la relation bilatérale. La frontière entre les deux pays reste fermée. De son côté, la Tunisie s’est développée plus régulièrement, sous les présidences de Bourguiba puis de Ben Ali.
Le commerce intra-régional des pays du Maghreb ne représente que 3 % de leur PIB (contre 60 % pour l’Union européenne, 22 % pour l’ASEAN, 20 % pour le MERCOSUR). Un demi-siècle après les indépendances, les échanges économiques et humains de chaque pays du Maghreb sont tournés en priorité vers l’Europe.
La politique internationale de chacun des États diffère néanmoins. Longtemps liée à l’Union soviétique, l’Algérie s’est rapprochée des États-Unis sous la présidence de G.W. Bush dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le Maroc est un partenaire stratégique de longue date de la France, mais aussi de Washington. L’atlantisme des gouvernements est cependant en contradiction avec l’antiaméricanisme des populations, très sensibles à la cause palestinienne et qui reprochent aux États-Unis leur alignement sur Israël. Les « printemps arabes » ont montré que l’échelon national reste le cadre décisif des relations internationales. La Tunisie, après bien des soubresauts, se dirige non sans drames vers une démocratie consolidée grâce à la puissance de sa société civile. Au Maroc, le roi, protégé par son statut, a préempté certaines revendications démocratiques. En Algérie, la soif de changement de la population est tempérée par le souvenir traumatique de la guerre civile des années 90 et les contrôles par le régime.